10 février 2022
10 février 2022
Temps de lecture : 4 minutes
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Le financement participatif s'envole en 2021

Boosté par l'immobilier et les énergies, le financement participatif -tous modèles confondus- a connu une année record en 2021, avec pas moins d'1,8 milliard d'euros récoltés, selon le rapport du cabinet Mazars pour Financement Participatif France.
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Crédit : Sharon Mccutcheon

Don, prise de participation, obligation, prêt rémunéré... Le caractère multiforme du financement participatif séduit de plus en plus d'investisseurs et de particuliers. Pour preuve, les montants récoltés via les plateformes proposant ces solutions ont bondi de 84% l'an dernier, pour atteindre 1,88 milliard d'euros. Une somme qui a permis le financement de 168 712 projets, selon l'étude menée par le cabinet Mazars auprès de 67 plateformes et complétée par des données publiques.

" Tous les modèles -dons, prêts, investissements- ont vu leur montant de financement croître ou se stabiliser par rapport à une année 2020 qui était déjà très belle en termes d’activité ", souligne Jérémie Benmoussa, Président de Financement Participatif France. Pour mieux poursuivre : " Près de 5 milliards [4,7 milliards précisément, ndlr] d’euros ont été collectés depuis 2015 ". Signe de la très forte accélération de ce modèle, 2,9 milliards d’euros ont été récoltés sur ces deux seules dernières années, soit près de 60% du total de ce quinquennat. Et cette croissance n’est pas prête de s’arrêter. " Nous pouvons espérer dépasser les 2 milliards d’euros récoltés pour se rapprocher des 3 milliards en 2022 ". 

Le crowdfunding immobilier, véritable moteur 

Sur ces 1,88 milliard d'euros récoltés, l'immense majorité provient des prêts qui cumulent 1,58 milliard d'euros collectés en 2021, contre seulement 741 millions l'année précédente, soit plus de 100% d'augmentation. Des opérations réalisées par 125 000 prêteurs uniques. C'est sans surprise le secteur immobilier qui a attiré le plus de flux financiers (1,146 milliard d'euros) suivi des énergies renouvelables (118 millions d'euros). Si on entre dans le détail des instruments financiers, on observe que l'emprunt obligataire demeure le plus plébiscité avec 1,3 milliard d'euros collectés en 2021. Une croissance qui s'explique par le financement de projets plus ambitieux. Le montant moyen d'une collecte est passé de 403 466 euros à 1,8 million d'euros en un an. 

Avec 103,5 millions d’euros collectés en capital ou en royalties, le financement participatif en investissement connaît, lui aussi, une belle croissance -près de 75%- par rapport à l’année 2020. Là encore, les énergies renouvelables et l’environnement se démarquent avec 50,9 millions d’euros collectés, soit une croissance de 187% par rapport à 2020. Suivent, pour la première fois en seconde position, les technologies et le numérique avec 28,5 millions d’euros réunis. 

Les financements en dons ont représenté un peu moins de 200 millions d'euros d'investissement, un montant un peu plus faible qu’en 2020 mais qui témoigne d'une nouvelle manière de soutenir des entreprises ou des causes. " La manière de donner des Français a évolué. Avec le financement participatif, ils ont la possibilité d’investir rapidement dans des projets spécifiques " dont ils connaissent l’objectif précis. En opposition aux " associations où l’argent est utilisé pour financer globalement la structure ", analyse Jérémie Benmoussa. Au total, pas moins de 4 millions de Français ont effectué des dons via ces plateformes en 2021.

L’impact s’impose comme un critère de sélection 

Autre enseignement majeur, l'importance conférée à l'impact par les plateformes de crowdfunding. Les dimensions sociale ou environnementale ont été prises en compte dans 45,6% des projets financés (77 000 environ). L'étude révèle ainsi que 65,1% des plateformes intègrent les critères ESG pour déterminer l’éligibilité des projets. Certaines vont même un peu plus loin en visant les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l'ONU, notamment " la santé, l'éducation et les énergies renouvelables " complète Jérémie Benmoussa. 

Les prises de conscience sur la place que peut jouer la finance dans la transition vers une société plus sociale et durable s'amplifient. On ne s'étonne pas de lire, alors, que plus de trois quart des plateformes estiment qu'elles peuvent s'inscrire dans une démarche de finance à impact.

Il faut dire que les attentes sont fortes aussi du côté des consommateurs. Nombre de startups proposant des produits durables -cosmétiques, produits d’hygiène, mode- ont recours au crowdfunding pour sonder l’envie des consommateurs et financer la confection de leurs produits, via la précommande. On observe ainsi des campagnes qui explosent les plafonds prévus au départ comme celle de Justine Hutteau, fondatrice de la marque Respire, pour son déodorant. S’inscrire dans cette dynamique semble répondre à l’impératif du réchauffement climatique, mais aussi à une envie de plus en plus palpable de la société de mieux consommer.