À tout juste 35 ans, William Eldin a déjà un parcours bien rempli… et plutôt atypique. Cet autodidacte, issu d’une cité de l’Ouest parisien, a d’abord été animateur chez Fun Radio. Mais celui qui voulait devenir entrepreneur a décidé d’ouvrir à Paris, à 19 ans, son magasin « Anti-Radar » , qu’il décline ensuite à Lyon et à Marseille, fort du succès de sa première boutique. Une première réussite qui lui a permis d’être repéré par Fabien Pierlot, cofondateur du fameux système d’aide à la navigation, Coyote System. En 2008, il devient donc associé de cette entreprise, reconnue pour sa technologie GPS qui permettait de repérer les radars.
Mais en 2015, à 28 ans, cet hyperactif a envie de relever un nouveau défi. Il vend donc ses parts et créé XXII, une deeptech spécialisée dans la « computer vision » (vision par ordinateur) avec l’ambition de devenir leader de ce secteur dans l’Hexagone. Derrière ce nom, pour le moins flou, se trouve une plateforme SaaS qui déploie et paramètre des algorithmes pour analyser les flux vidéo afin de permettre aux équipes opérationnelles de villes ou d’entreprises de contrôler et optimiser leurs actions sur le terrain. « Nous pouvons intégrer notre produit dans n’importe quel système informatique pour permettre aux entreprises d’agir sur leur métier grâce à la vision par ordinateur » , explique le fondateur de XXII.
Sécurité et politique écologique
Si le champ d’application le plus évident est celui de la sécurité, il est loin d’être le seul à pouvoir bénéficier de la technologie de vision par ordinateur, affirme William Eldin. « Évidemment, nous pouvons équiper les CSU (centres de supervision urbains) et permettre à notre intelligence artificielle de faire remonter les alertes d’agression, d’intrusion ou de rassemblement, mais ce n’est pas l’ADN de notre société, insiste l’entrepreneur. C’est un très bon cheval de Troie d’entrer par la sécurité, mais notre solution permet ensuite de détecter les dépôts sauvages, les poubelles qui débordent dans les villes, pour ensuite envoyer un signal à Suez par exemple afin de détourner sa tournée et de ramasser le colis » .
C’est d’ailleurs sur ce plan que la startup concentre le déploiement de son produit aujourd’hui : la Smart City. « Nos algorithmes permettent non seulement de promettre une ville propre en permanence, mais aussi de prendre à bras le corps le thème de la ville intelligente en attaquant des problématiques écologiques » , poursuit William Eldin. XXII travaille par exemple à rendre les feux de signalisation intelligents, en connectant leurs algorithmes aux feux afin qu’ils passent au vert quand il n’y a personne d’autre, ou lorsqu’un véhicule de secours passe notamment. Autre cas d’usage potentiel : éteindre et allumer les lampadaires en fonction des besoins -s’il y a du passage ou non- afin de mener des actions concrètes et personnalisées sur le terrain.