2 mars 2022
2 mars 2022
Temps de lecture : 5 minutes
5 min
12024

DeepTech : XXII met la vision par ordinateur au service de la Smart City

Créée en 2015, la startup spécialisée en intelligence artificielle permet d’optimiser l’action des villes et des entreprises sur le terrain grâce à la technologie.
ÉCOUTER L’ARTICLE
Temps de lecture : 5 minutes
Partager
Ne passez pas à côté de l'économie de demain, recevez tous les jours à 7H30 la newsletter de Maddyness.
Légende photo :
© XXII

À tout juste 35 ans, William Eldin a déjà un parcours bien rempli… et plutôt atypique. Cet autodidacte, issu d’une cité de l’Ouest parisien, a d’abord été animateur chez Fun Radio. Mais celui qui voulait devenir entrepreneur a décidé d’ouvrir à Paris, à 19 ans, son magasin "Anti-Radar" , qu’il décline ensuite à Lyon et à Marseille, fort du succès de sa première boutique. Une première réussite qui lui a permis d’être repéré par Fabien Pierlot, cofondateur du fameux système d'aide à la navigation, Coyote System. En 2008, il devient donc associé de cette entreprise, reconnue pour sa technologie GPS qui permettait de repérer les radars.

Mais en 2015, à 28 ans, cet hyperactif a envie de relever un nouveau défi. Il vend donc ses parts et créé XXII, une deeptech spécialisée dans la "computer vision" (vision par ordinateur) avec l'ambition de devenir leader de ce secteur dans l’Hexagone. Derrière ce nom, pour le moins flou, se trouve une plateforme SaaS qui déploie et paramètre des algorithmes pour analyser les flux vidéo afin de permettre aux équipes opérationnelles de villes ou d'entreprises de contrôler et optimiser leurs actions sur le terrain. "Nous pouvons intégrer notre produit dans n’importe quel système informatique pour permettre aux entreprises d’agir sur leur métier grâce à la vision par ordinateur" , explique le fondateur de XXII.

Sécurité et politique écologique

Si le champ d’application le plus évident est celui de la sécurité, il est loin d’être le seul à pouvoir bénéficier de la technologie de vision par ordinateur, affirme William Eldin. "Évidemment, nous pouvons équiper les CSU (centres de supervision urbains) et permettre à notre intelligence artificielle de faire remonter les alertes d’agression, d’intrusion ou de rassemblement, mais ce n’est pas l'ADN de notre société, insiste l’entrepreneur. C’est un très bon cheval de Troie d’entrer par la sécurité, mais notre solution permet ensuite de détecter les dépôts sauvages, les poubelles qui débordent dans les villes, pour ensuite envoyer un signal à Suez par exemple afin de détourner sa tournée et de ramasser le colis" . 

C’est d’ailleurs sur ce plan que la startup concentre le déploiement de son produit aujourd’hui : la Smart City. "Nos algorithmes permettent non seulement de promettre une ville propre en permanence, mais aussi de prendre à bras le corps le thème de la ville intelligente en attaquant des problématiques écologiques" , poursuit William Eldin. XXII travaille par exemple à rendre les feux de signalisation intelligents, en connectant leurs algorithmes aux feux afin qu’ils passent au vert quand il n’y a personne d’autre, ou lorsqu'un véhicule de secours passe notamment. Autre cas d’usage potentiel : éteindre et allumer les lampadaires en fonction des besoins -s’il y a du passage ou non- afin de mener des actions concrètes et personnalisées sur le terrain.

Après 5 ans de R&D, XXII a sorti son produit de vision par ordinateur pour la Smart City en 2021, et constate que son offre séduit les villes. "Notre technologie est déjà installée dans plus de 10 villes françaises, on est en pleine croissance depuis le mois de septembre et notre trajectoire est exponentielle, les clients parlent de l’utilité de notre service entre eux, ça nous fait de la publicité" , se réjouit l’entrepreneur.

Vers d’autres secteurs et marchés

Pour l’heure, l’entreprise se concentre sur le déploiement de son outil dans les aéroports et constructeurs automobiles d’ici 2023. "L’idée est de pouvoir être renseigné en temps réel sur l’état de préparation des avions, des transits de bagages ou des besoins de pleins d'essence par exemple, ou encore de pouvoir contrôler le montage des voitures dans les usines" , précise William Eldin. 

D’ici trois ans, XXII ambitionne d’avoir diversifié son champ d’application à divers secteurs d’activité. "La force de notre produit est son adaptabilité, on peut imaginer des utilisations dans le retail, la grande distribution…, imagine le fondateur de XXII. Notre IA dans un fast food pourrait par exemple réduire le taux d’erreur à 0% pour les préparations de commandes à emporter en signalant s’il manque quelque chose, et assurer ainsi une excellence opérationnelle. Cela résume bien notre projet : ne pas supprimer l’humain, mais lui fournir une boite à outil pour l’aider dans sa tâche" .

Pour atteindre les objectifs qu'elle s'est fixée, l’entreprise de 50 collaborateurs compte doubler ses effectifs, en embauchant notamment des profils seniors, sur cette année 2022. La startup vient d’ouvrir un bureau en Allemagne, en Espagne. Si elle compte déjà quelques clients aux Etats-Unis, la société mise aussi sur une ouverture du marché latino-américain en début 2023, afin de consolider l’Europe et explorer Dubai en amont.

Une solution sous surveillance

Afin d’encadrer cette activité, qui pourrait être détournée pour des usages problématiques, l’entreprise réunit tous les deux mois un comité éthique, avec des commerciaux, des docteurs en intelligence artificielle et en philosophie, internes et externes à XXII, afin de passer en revue les différentes fonctionnalités déployées et demandées par les clients. "Nous avons récemment refusé de détecter les caravanes, ou encore de suivre le comportement des acheteurs d’un magasin par exemple, affirme le fondateur de l’entreprise. On considère que toute demande liée à des fins publicitaires ou à une catégorisation ethnique de la population sort de notre cadre éthique" .