La pandémie que nous traversons illustre parfaitement les enjeux et les écueils que rencontrent le monde de la recherche et de l’innovation aujourd’hui en France, deux piliers essentiels aux progrès, estime l’Institut Sapiens, dans un nouveau rapport intitulé « Relever le défi de la compétition technologique mondiale« .
Malgré la qualité de ses chercheurs, l’Hexagone n’a pas réussi à mettre rapidement sur le marché un vaccin contrairement à BioNTech ou Moderna, pour ne citer qu’elles. Il n’y a pas que du côté de la recherche que le bât blesse : le Covid-19 a aussi mis en lumière une grande défiance vis-à-vis du monde scientifique considéré comme vecteur du progrès et du développement des sociétés.
Deux phénomènes qui sont apparus pour des raisons diverses : un désintérêt des étudiants pour les sciences dures, une baisse des investissements étatiques dans la R&D, un manque de culture du risque et un trop grand protectionnisme par rapport aux investisseurs étrangers, résume le think thank.
Un désengagement de la recherche
« La R&D est essentielle pour un nation voulant peser dans la compétition technologique mondiale » , estime l’Institut Sapiens dans son rapport. Or, dans ce domaine, la France accuse un retard. « Les efforts dans ce secteur stagnent à 2,2% de son PIB, bien loin de l’objectif de 3% fixé par la Commission européenne. Résultat, la France figure à la 15ème place des pays de l’OCDE les plus volontaristes en matière de R&D » , a expliqué Olivier Babeau, fondateur de l’Institut Sapiens, lors de la présentation de l’étude.
Le think thank pointe trois raisons à ce phénomène :
- le désengagement de l’Etat qui assumait 54% de la dépense intérieure de R&D il y a 30 ans contre 33% aujourd’hui, laissant aux entreprises la responsabilité d’assurer le reste des efforts.
- Deuxième raison mise en avant, la position protectionniste adoptée par la France et les restrictions prises pour réguler les investissements étrangers. Si l’Hexagone attire les investisseurs, ces financements « restent encore trop faibles par rapport au potentiel de l’Hexagone » , estime l’Institut Sapiens.
- Dernier point mis en avant, le recul scientifique qui se caractérise par la baisse des inscriptions en master dans les domaines des sciences dures ou de la santé (-1 point) alors que celles pour les sciences sociales grimpent en flèche (+10 points).
La culture du risque
Le corollaire de cette faiblesse en science est l’absence de culture du risque, une notion qui va de paire avec l’apprentissage des sciences qui passe par la théorisation, la réalisation de tests qui se traduit parfois par des échecs, nécessaires pour résoudre un problème.