« Les seules contraintes que tu as sont celles que tu te fixes. » Après plusieurs années d’études de commerce, Maxime Cerboni a décidé de se lancer en tant qu’indépendant. Depuis deux ans, il travaille sur sa société Fitpreneur à travers laquelle il propose du coaching et de la remise en forme physique et mentale pour les chefs d’entreprises. Ce dernier a toujours eu l’ambition de créer son entreprise. Au lieu d’avoir une première expérience professionnelle, il a préféré se lancer immédiatement en freelance après ses études. « Je ne voulais pas prendre le risque de tomber dans le confort d’un CDI et ne plus avoir le courage de le quitter. » Ce choix, il l’a fait sans regret. « Je fais un métier passion et je ne me force jamais à faire ce que je ne veux pas faire », dit-il, satisfait.
Travailler en toute liberté. C’est ce qui a convaincu Claire*, rédactrice et amoureuse des voyages, fatiguée du quotidien millimétré des bureaux parisiens. « Avec le Covid-19 et le télétravail, j’ai découvert une autre manière de travailler. Je me suis rendue compte que je pouvais être efficace et créative tout en profitant d’un meilleur cadre de vie », souligne la jeune femme. Désormais celle-ci exerce son activité en auto-entrepreneuriat depuis la Bretagne, l’Espagne ou encore l’Allemagne. « C’est unique de pouvoir cumuler emploi et voyages. »
Claire n’est pas la seule à avoir remis en question tout son mode de vie. Nombreuses sont les personnes qui se trouvent dans des questionnements profonds après des années d’activité et repartent à zéro. « Le Covid-19 a en effet entraîné des mouvements sociétaux, une conscientisation des problématiques sociales et écologiques. Avec le confinement, les personnes se sont retrouvées seules chez elles, face à elles-mêmes pendant un mois. Pour beaucoup, il s’agissait de la première fois. Cela a déclenché une prise de conscience, une envie de ne pas revenir à sa vie d’avant », décrit Thomas Burbidge, créateur d’expériences pédagogiques pour les indépendants et freelances, actuellement en partenariat avec Adobe.
Apprendre sur le tas
L’aventure du « digital nomadisme » n’est cependant pas un long fleuve tranquille. Une fois passé le cap de l’hésitation ou même de la démission, tout reste à construire. Et tous s’accordent à dire qu’être freelance s’apprend sur le tas. « On se retrouve seule, face à soi-même et une montagne de travail », prévient Salomé Alfonsi, graphiste. Après cinq années d’études et une alternance, le besoin d’une pause s’est fait ressentir. « Je voulais tout de même être productive et j’ai donc décidé d’être freelance. » Finalement, le fait de travailler directement avec le client sans avoir à faire valider et rectifier le projet par une hiérarchie l’a séduite. « Le projet t’appartient totalement. » Mais personne, pas même durant ses études, ne l’avait préparée à toutes les tâches nécessaires au bon déroulement de son auto-entreprise : se faire connaître, trouver des clients, développer son réseau, présenter un pitch complet tout en s’assurant que l’idée ne soit pas volée, sans parler de l’administratif…
Pour Salomé Alfonsi et Maxime Cerboni, le plus difficile s’est avéré être la gestion de leurs émotions. « Au début, on pense que tout va être beau et rose mais on se confronte rapidement à la réalité du terrain. Et on ressent vite le syndrome de l’imposteur », admet Maxime Cerboni. Dans son approche, Thomas Burbidge intègre justement la dimension émotionnelle et la connaissance de soi. « Il est nécessaire de lier toutes les facettes de qui on est en tant qu’être humain et de créer son mode de travail autour de ça. » Selon le professionnel, la dimension communautaire est également très importante et c’est ce dont Salomé Alfonsi reconnaît avoir parfois le plus besoin. « Dans cette traversée du désert, il est très important de trouver une oasis pour se ressourcer. L’idée, c’est de se reconnecter avec d’autres personnes », estime Thomas Burbidge. C’est justement ce qu’a mis en place Maxime Cerboni : « J’ai contacté des personnes qui se sont lancées dans le même domaine. On mène sa barque seul mais il faut aussi échanger avec un groupe. Au sein de ce réseau, on s’entraide et on se donne des astuces. »