Après deux années de crise sanitaire - entre confinements, restrictions, télétravail forcé et retour au bureau -, le constat est là : la crise sanitaire a transformé les habitudes de nombreux Français, dont certaines profondément. Parmi elles, la façon dont nous nous déplaçons au quotidien, pour aller travailler ou pour nos loisirs. D’après L’Observatoire des mobilités émergentes, un Français sur deux a réduit ses déplacements. Et cette réduction de la mobilité concerne l’ensemble des modes de transport, à l’exception du vélo et de la marche. Pourquoi ? Le recours massif au télétravail d’abord (fin 2021, 62% des actifs dont la profession le permet continuaient à télétravailler) ; l’urgence écologique, ensuite. 65% des Français disent, en effet, avoir modifié la manière dont ils se déplacent pour agir en faveur de l’environnement. “Les mobilités douces sortent gagnantes de la crise du Covid-19. Surtout le vélo ! confirme Stéphanie Bourgeais, directrice du développement de RATP Solutions Ville, invitée par MAIF Start Up Club à prendre la parole lors d’une table-ronde dédiée aux nouvelles mobilités. Il faut dire que les infrastructures ont beaucoup évolué ces deux dernières années, et les innovations sont nombreuses. On sent bien qu’il y a une forme d’alignement des planètes : financement, maturité des entreprises… J’ai l’impression de voir arriver de nouveaux services de vélos chaque semaine.” 

Ceci dit, la ruée vers le vélo se produit surtout dans les grandes villes. A contrario, dans les zones périurbaines et rurales, la voiture reste incontournable. Et pour cause, il existe encore de nombreux freins : manque d’aménagements cyclables, vulnérabilité sur la route, dépendance à la météo, transport limité à une seule personne et distances jugées trop longues. Conscient du problème, Benoît Tholence a créé dès 2020 Sanka, un projet qui vise à démocratiser le vélo en dehors des villes. Pour ce faire, le Lyonnais a développé Bob, un vélo cargo décapotable à 4 roues et 2 places “donc plus confortable et plus pratique qu’un vélo classique”, s’enthousiasme le fondateur de Sanka. Doté d’une boîte automatique, Bob se pratique sur la route et pour des trajets quotidiens allant de 1 à 15 kilomètres. “En moyenne, 59% des trajets font moins de 5 kilomètres. Et ce, même lorsqu’on sort de la ville. C’est un préjugé de croire qu’on ne peut se déplacer qu’en voiture à la campagne”, tient à souligner Benoît Tholence.

“Mobility as a service”

Outre la vélomania, la mobilité devient aussi de plus en plus digitalisée. Qui n’a jamais commandé un taxi ou réservé une trottinette électrique via son smartphone ? “Au fond, le vélo ou la trottinette ne sont pas des modes de transport nouveaux. Pourtant, ils reviennent en force et cela s’explique surtout par la digitalisation des services”, note Stéphanie Bourgeais de la RATP. Il est vrai que l’offre de mobilité s’est peu à peu alignée avec les nouveaux usages de la société. Habitués à naviguer sur leur smartphone partout et tout le temps, les utilisateurs veulent pouvoir en faire autant géographiquement et de manière aussi fluide. En cela, le défi a été relevé puisque le digital permet désormais d’articuler une “mobility as a service”. En clair, une offre multimodale qui répond aux besoins de mobilité de chaque voyageur. Train, VTC, vélo, trottinette… À chacun de faire son choix.

Rouler dans le bon sens

C’est dans cet élan qu’est née Marcel, plateforme de VTC “100% française” présente en Île-de-France, à Lyon et Nice. “Créée en 2014, Marcel fait partie de ces startups qui ont voulu révolutionner le secteur des mobilités. Comment ? En proposant un mode alternatif à la voiture individuelle et en s’engageant sur le plan de la mobilité durable”, avance Audrey Goudin, directrice générale du service de VTC. Conscient que la mobilité représente 27% de l’empreinte carbone moyenne d’un Français, Marcel cherche coûte que coûte à limiter son impact sur la planète. Chaque année, l’entreprise mesure par exemple les émissions de CO2 générées par ses trajets. “On les compense via des investissements dédiés à des projets à impact positif pour la planète, comme la Fondation GoodPlanet de Yann Arthus Bertrand”, affirme la dirigeante de Marcel. Hormis la préservation de l’environnement, la startup se dit tout autant attentive aux conditions de travail de ses chauffeurs. “On a revalorisé le prix des prestations pour permettre à nos chauffeurs, qui sont tous indépendants, de conserver leur pouvoir d’achat et de vivre décemment. Et puis, parce qu’on a pour objectif d’avoir une flotte 100% électrique, on négocie régulièrement des offres pour leur faciliter l’accès à la location ou l’achat d’un véhicule électrique ou hybride.”

À ce propos, la transition vers les véhicules électriques compte bien transformer en profondeur le marché automobile. Si on se replonge dix années en arrière, les écarts sont impressionnants. En 2012, on comptait au total 130 000 ventes de voitures électriques dans le monde. Un chiffre qui n’a depuis cessé d’augmenter et correspond, en 2022, aux ventes d’un seul week-end. Au vu de l’urgence climatique, la tendance devrait se poursuivre, même si l’électrification pose encore des problèmes écologiques (coût carbone global de la production, du transport et du recyclage des batteries, développement encore insuffisant des bornes de recharge…).

Passer par la case assurance

De leur côté, les assureurs doivent, eux, s’adapter à l’évolution de ces nouvelles mobilités. “Qui dit nouvelle mobilité, dit nouvelle situation de risque et de potentiel accident, observe Éric Faugère, responsable de projet stratégique à la MAIF. En tant que société mutualiste, notre mission consiste donc à accompagner nos clients dans la protection corporelle en cas d’incident. C’est pourquoi on doit rester à l’affût de ces nouvelles mobilités qui transforment les usages et donc les sinistralités.”

Pour ne pas manquer le coche, la MAIF s’est entourée de startups et d’entrepreneurs au travers du MAIF Start Up Club : un lieu d’innovation en plein de cœur de Paris destiné à accompagner des jeunes pousses engagées et prometteuses. D’autant qu’en matière de mobilité, les innovations sont nombreuses à s’appuyer sur les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle ou la conduite autonome. “On verra peut-être dans quelques années des voitures circuler sans passagers, rebondit Stéphanie Bourgeais de la RATP. On n’en est pas encore là, mais qui sait ?”