Créé en 2017, Satelia est un acteur de soin français qui permet d'assurer une prise en charge en télésuivi des patients atteints de maladies chroniques. À l’occasion de l’annonce d’une levée de 10 millions d’euros, Maddyness a rencontré son fondateur, le docteur Nicolas Pages.

Le jeune anesthésiste-réanimateur s'est lancé dans cette aventure entrepreneuriale tout en poursuivant ses études de médecine. Une double casquette de médecin et d’entrepreneur qui a certainement aidé Satelia à développer une solution adaptée à la réalité du terrain et qui fait d’elle, l’une des rares solutions remboursées à 100% par la sécurité sociale.

Diminuer le nombre d’hospitalisations grâce au télésuivi

Déserts médicaux, encombrement des urgences, coût des hospitalisations pour la sécurité sociale, détections malheureusement trop tardives… Pour une partie de ces problèmes, la santé numérique peut apporter des réponses. Satelia propose une réponse en aidant les hôpitaux, les cliniques et les médecins libéraux à améliorer le suivi de leurs patients atteints de maladies chroniques. Nicolas Pages explique : “J’ai pu voir pendant mon internat qu’un grand nombre de patients n’étaient pas bien suivis quand ils sortaient de l'hôpital. On sait que la moitié des patients qui reviennent à l’hôpital pour une insuffisance cardiaque, présentaient des signes avant-coureurs dans les cinq jours qui précèdent. S’ils avaient été mieux éduqués et mieux suivis une grande partie des hospitalisations aurait pu être évitée.” Depuis 2018, plus de 10.000 patients ont été suivis par leurs médecins avec l'aide de Satelia.

En quatre ans, l’entreprise s’est établie dans plus de 220 centres en France : CHU, hôpitaux, cliniques et centres de médecine libérale.

Une solution numérique et inclusive

Chez Satelia, la technologie est dans l’algorithme mais le suivi reste humain. L’objectif est d’éduquer le patient à mieux connaître sa maladie et de la détecter précocement. Comment fonctionne ce suivi ? Les patients inclus dans le programme de télésurveillance communiquent régulièrement des informations sur leurs symptômes et leur qualité de vie. Un algorithme créé avec les experts de la pathologie, détecte les éventuelles situations à risque et prévient le médecin qui contacte le patient en cas d’urgence. L’algorithme est intelligent, il est capable d’apprendre de ses erreurs, de sur-pondérer ou sous-pondérer des facteurs en fonction du profil du patient. 

Selon l’INSEE, 67% des plus de 75 ans sont en situation d’illectronisme, c'est-à-dire qu’ils rencontrent des difficultés à utiliser des appareils électroniques ou des outils informatiques. Satelia a donc voulu développer une solution inclusive et accessible à ces personnes. Concrètement, ces patients peuvent assurer leur suivi par téléphone, en étant en contact avec les infirmières  de Satelia, qui se chargent de reporter les données. “Certains acteurs pensent qu’en mettant de l’humain, on casse la rentabilité du système. C’est faux. Aujourd’hui nous avons prouvé que ce modèle pouvait être économiquement efficace. L’humain est justement l'enjeu de la tech en médecine. Il existe aujourd’hui toute une série d’objets connectés et d’applications de e-santé qui ne pourront jamais être utilisés”, analyse Nicolas Pages.

10 millions pour développer la solution en Europe

Jusqu’à présent, l'entreprise Satelia s'est financée grâce à 300.000 euros levés auprès de Business Angels, 300.000 euros investis par neuf des premiers salariés, des prêts bancaires et de l'autofinancement. “Aujourd’hui, nous avons presque 40% de parts de marché en France”, déclare Nicolas Pages. Par ailleurs, Satelia fait partie des rares entreprises à avoir reçu l’agrément permettant d’être pris en charge par la sécurité sociale et remboursé à 100%.

La solution est donc gratuite pour les patients et pour les centres de soin.

Cette levée de fonds servira à développer de nouveaux projets, à réaliser des études cliniques et à préparer une internationalisation." Cette levée de fonds nous permettra d’accélérer nos projets pour être dans cinq ans, dans cinq pays avec cinq grandes pathologies chroniques couvertes”, déclare Nicolas Pages. Satelia vise l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni, mais devra étudier chacun des écosystèmes avant de se lancer.“Grâce à son système de sécurité sociale unique, la France est un terreau hyper fertile pour les entreprises dans la e-santé. Le fonctionnement est différent dans les autres pays et nous devons donc prendre le temps de trouver des modèles économiques pertinents pour déployer la solution", précise Nicolas Pages.

Aujourd'hui Satelia compte 87 salariés et prévoit de passer à 220 d’ici trois ans.

Des études pour prouver l’impact de la télésurveillance

“La tech en santé doit être basée sur une forme de preuve. Aucun acteur en France ou à l'international n'acceptera de payer si on ne montre pas l’impact”, explique Nicolas Pages. 

Une étude scientifique évaluant l’impact de Satelia sur la réduction des hospitalisations, la réduction des coûts pour la sécurité sociale et l’augmentation de la qualité de vie des patients suivis doit être réalisée. " Cette étude médico-économique sur Satelia Cardio est en cours à la demande des institutions sanitaires et les résultats devraient être disponibles l’été prochain. Cela sera une des plus importantes études en Europe sur la télésurveillance des maladies chroniques, qui comptera environ 20.000 patients. ", conclut le Dr Nicolas Pages.