Shift4Good veut devenir le premier fonds d’investissement mondial à impact environnemental, dédié à la mobilité durable. Fondé en 2021 par Yann Marteil, Matthieu de Chanville, Sébastien Guillaud, et Thierry de Panafieu, Shift4Good vient d’annoncer le premier closing de son fonds Shift4Good Fund 1 à 100 millions d’euros. Maddyness s’est entretenu avec Yann Marteil et Matthieu de Chanville, deux des cofondateurs.

La mobilité, principal émetteur de gaz à effet de serre

En France, la mobilité représente 31 % des émissions de gaz à effet de serre, loin devant l’agriculture et l’immobilier. D’après World Energy Outlook 2022, ce serait 23 % des émissions au niveau mondial, dont les trois quarts proviendraient du terrestre.

Le reste des émissions du secteur de la mobilité sont dues à l’aérien, aux secteurs maritimes et au rail. Shift4Good s’est donc saisi de cet enjeu environnemental : "Nous avons une verticale mobilité et une horizontale sur l’économie circulaire de la mobilité. Cela concerne les matériaux ou processus innovants, le recyclage ou les innovations durables, qui peuvent aussi s’appliquer à d’autres secteurs", détaille Yann Marteil.

"Les sujets sont multiples et doivent être adressés au plus vite. Prenons l’exemple du poids des voitures : en France, sur les trente dernières années, une voiture a pris en moyenne 300 kg. C’est un double problème car cela demande plus de matière à la production mais aussi plus d’énergie pour se déplacer à l’utilisation", explique Matthieu de Chanville. Un problème parmi d’autres pour la mobilité terrestre, mais les pistes d’amélioration ne manquent pas : covoiturage, développement de mobilités douces, électrification des flottes, nouvelles énergies moins polluantes, constructions plus propres, logiciels de maintenance prédictive, réutilisation de l’énergie stockée dans les véhicules etc..

L’impact comme principal moteur

Les quatre associés ont créé Shift4Good avec une volonté de mettre l’impact au cœur de leur activité. Le fonds sera 100 % article 9 SFDR, c’est à dire qu’il respecte les critères les plus exigeants de la réglementation européenne en termes d’impact. "Ce n’est pas pour laver plus blanc que blanc mais on ne veut aucune ambiguïté, ni pour les investisseurs, ni pour les entrepreneurs que nous soutenons", précise Yann Marteil. "Pour chaque investissement, nous prenons en compte aussi bien l'intentionnalité, que le plan d’action et la mesurabilité de l’impact", ajoute-t-il. Pour cela, ils ont créé une méthode reposant sur trois grands piliers.

Tout d’abord, en parallèle du business plan classique, les sociétés du portefeuille devront produire un “Impact Plan” validé par un comité à impact. Ce comité, composé d’experts en la matière, aura un rôle d’éclaireur, de contrôleur et d’ambassadeur. Enfin, Shift4Good a développé une grille d’évaluation avec huit zones d’attention, dont une sur l’impact qui permettra de photographier la situation des entreprises et de construire leur feuille de route.

Fait important, 50 % du carried interest (la commission de performance perçue par les gestionnaires ndlr), reposera sur des critères d’impact. Ainsi, si les sociétés du portefeuille connaissent une importante croissance et une forte rentabilité, celles-ci devront se faire en faveur de l’environnement.

Un premier closing à 100 millions d’euros avec un objectif à 300 millions d’euros

Shift4Good veut investir dans les startups jugées les plus prometteuses pour décarboner le secteur de la mobilité. Il s’agira principalement de Séries A et Séries B avec des tickets allant de 500.000 euros à 20 millions d’euros. 10 % du fonds seront réservés à l’amorçage. L’objectif est de créer des leaders mondiaux avec un tiers des investissements en France, un tiers en Europe et un tiers dans le reste du monde avec une dominante Asie du Sud-Ouest (hors Chine).

Le fonds vient d’annoncer un premier closing à 100 millions d’euros et a pour objectif de monter à 300 millions d’euros d’ici 12 à 18 mois. Il compte parmi ses premiers partenaires des institutionnels et des entreprises du secteur de la mobilité, dont Renault Group, le Fonds Européen d'Investissement (EIF) et Bpifrance. L’idée est de pouvoir ouvrir plus facilement les portes de retailers ou de grands constructeurs automobile aux entreprises du portefeuille

Une trentaine d'investissements devraient être annoncés dans les années à venir.