Bull, Thomson, Motorola. Dans les années 1960-1970, Angers s’affirme comme la ville-reine de l’industrie électronique. La délocalisation et la miniaturisation auront progressivement raison de ces activités dans les années 1990. Mais ce savoir-faire se retrouve en partie dans un tissu de startups et PME du numérique, d’où la création de la Cité de l’objet connecté en 2013 ou l’obtention du label FrenchTech, en 2015. La ville, longtemps endormie par sa “douceur angevine”, se renouvelle donc doucement par l’innovation, l’IoT notamment.

Angers Technopole, créé il y a 36 ans par la CCI de Maine-et-Loire, incarne pleinement cette évolution. Seul incubateur du département, cette association employant 14 salariés est financée par les collectivités locales, Région Pays de la Loire et Angers Loire Métropole en tête, pour un budget annuel de 1,3 million d’euros. " Ce n’est pas que pour Angers, ce n’est pas que pour la tech et c’est presque entièrement gratuit ", résume à Maddyness l’élue Constance Nebbula, présidente d’Angers Technopole. " Nous travaillons sur tout le territoire avec quasiment tous les EPCI [seule l’intercommunalité de Cholet manque à l’appel, NDLR]. Nous incubons désormais tous types d’innovation, pas seulement des objets technos. Cela peut être de l’innovation managériale, de pratiques, de services, de la low-tech, etc ", poursuit la vice-présidente (LR) d'Angers Loire Métropole en charge du territoire intelligent.

En 2021, près de 240 porteurs de projets ont été rencontrés. Pour 53 startups et entrepreneurs innovants incubés et accélérés et 67 projets d’innovations accompagnés dans les PME et entreprises déjà existantes du territoire. La plus connue demeure peut-être METAV.RS (24 salariés) qui a levé 3 millions d’euros à l’automne et travaille pour de grandes marques de luxe et du retail. Mais on peut aussi citer Luo, fondée par Thibault Haguet en 2020 autour d’inventifs pots de plantes superposables qui permettent un arrosage en une fois.

De la recherche à la création d’entreprise

La taille moyenne de l’entreprise accompagnée se limite plutôt à de un à trois salariés. " Nous commençons en pré-incubation avec comme seule condition que le but poursuivi soit la création d’entreprise. Ensuite nous faisons de l’incubation et de la post-incubation, détaille Constance Nebbula, nous suivons certains projets pendant des années, des entreprises qui partent et qui reviennent ". Un autre axe d’accompagnement d’Angers Technopole s’avère celui de l’économie de la fonctionnalité. " Prenez une imprimerie par exemple. Vendre son savoir-faire organisationnel peut avoir plus de valeur que vendre du papier en tant que tel ", image Constance Nebbula.

L’incubateur travaille aussi avec les principaux établissements d’enseignement supérieur locaux. Le CHU d’Angers, l’Université d’Angers, l’Université catholique de l’Ouest (UCO), l'Institut Agro Rennes-Angers, l’ESSCA School of Management ou encore l’Institut de cancérologie de l’Ouest (ICO). Là, l’objectif est " de guider les chercheurs volontaires de leurs travaux de recherches à la création d’entreprise ". Exemple récent avec la scientifique Sophie Lelièvre, qui porte Testrock, un spin-off de l’ICO, qui développe un procédé de sélection qui pourrait réduire de deux tiers le coût de la mise sur marché des molécules anti-cancéreuses.