En cette fin d’année 2022, l’écosystème Deeptech français a montré sa résilience et s’inscrit désormais comme un acteur clef du projet de réindustrialisation de notre pays.

Engagé depuis bientôt 4 ans, le plan Deeptech a permis le développement d’un nombre croissant de startups qui adressent des enjeux clefs de notre société : la santé : biotech, medtech, e-santé, représentent un tiers des startups à forte intensité technologique. Les enjeux de transition écologique représentent un deuxième tiers qui va croissant :  cleantech, énergie, biodiversité,.. Et le dernier tiers rassemble des entreprises liées à nos enjeux de souveraineté : industrie 4.0, new space, calcul quantique.

Ces nouveaux acteurs sont majoritairement en région pour les deux tiers. La moitié d’entre eux indiquent avoir un projet d’industrialisation. Grâce à une industrie du capital-risque qui s’est beaucoup développée ces dernières années, les startup Deeptech françaises, à la différence de leurs homologues allemandes ou anglaises, ont continué en 2022 à mobiliser des moyens croissants. En cette fin d’année, malgré un contexte plus difficile pour les levées de fond, les startups qui ouvrent la porte à des technologies radicalement nouvelles, en capacité de réinventer notre industrie, trouvent à se financer. C’est par exemple le cas des startup françaises du quantique, à la pointe mondiale de l’innovation.

Ce mouvement autour des Deeptech est différent de celui qui a porté les startups du numérique dans la dernière décennie car il porte en germe l’avenir de notre industrie et le ressourcement de nos filières traditionnelles.

C’est une nouvelle façon de faire de l’innovation qui se met en place, plus collective, plus ambitieuse, plus ouverte. Elle s’appuie sur un désir d’impact qui traverse l’ensemble des couches de notre société.

Pour les chercheurs, il est désormais de plus en plus facile d’accompagner leurs résultats scientifiques vers la société. Nombreux sont ceux qui le souhaitent, en particulier dans les jeunes générations. Ils considèrent que c’est une raison d’être de leur activité de recherche comme le montre le baromètre sur l’entrepreneuriat et les jeunes chercheurs, baromètre que nous opérons chaque année avec PhdTalent. Sans pour autant quitter leur laboratoire, ils peuvent être partenaires du projet, associés à des cofondateurs issus de l’industrie. La startup est alors un véhicule qui va permettre toutes les audaces et en particulier celle de vouloir changer le monde ou d’inventer une technologie radicalement nouvelle. L’industrie du capital risque est là pour soutenir la dynamique et apporter, au-delà des moyens financiers, les expertises nécessaires à cette ambition.

Les grandes entreprises s’adaptent aussi à ces nouveaux acteurs. Elles les ont d’abord regardés avec perplexité, mais elles sont désormais nombreuses à faire de l’open-innovation, à développer des incubateurs internes et des fonds corporate. Au sein de ses petites équipes, elles retrouvent, pour certaines, leur propre culture technique mais débarrassée de toute lourdeur :  développement de propriété intellectuelle, ingénierie, process de fabrication,.. ; elles apportent à la startup la capacité à s’industrialiser, ou à déployer son produit à un niveau mondial. Les opportunités de coopération se diversifient, de la sous traitance au rachat en passant par tout type de partenariat, et cette hybridation crée de nouveaux écosystèmes, implantés sur nos territoires, à proximité de nos centres de recherche ou de nos bassins de compétence.

Pour boucler la boucle, il ne reste qu’à encourager le passage des cadres expérimentés vers la co fondation de startups, comme nous le faisons avec le service Tandem. Même s’ils sont encore insuffisamment nombreux à passer le pas, le désir semble bien là, comme le montrent quelques pilotes de transfert de compétences en cours de mise en place avec des DRH de grands groupes.

Cette dynamique est le vecteur de notre réindustrialisation. Car le monde a changé : nous ne sommes plus dans les démarches planifiées comme on en a connu dans les années 60/70. Il faut désormais compter avec les initiatives issues des territoires et des acteurs. Cependant, sans vision systémique, cette dynamique ne prendra pas toute sa puissance et ne portera les résultats espérés : C’est donc une nouvelle façon de faire qu’il nous faut inventer, en tension constante entre soutien à la dynamique des écosystèmes et développement de stratégies dirigées, centrées sur quelques priorités, donnant de la visibilité à moyen terme.

Les moyens sont là avec France 2030 : plus de 50 milliards d'euros dont la moitié pour les acteurs émergents ; Coté Deeptech, c’est plus de 1,6 milliard de soutien financier déployé par l’Etat via Bpifrance depuis 2019 auprès de ces jeunes entreprises, sans parler des investissements directs (900 millions d'euros) ou en fonds de fonds (900 millions d'euros).

La dernière touche à apporter est de soutenir résolument nos entrepreneurs Deeptech dans leur diversité, de mettre en œuvre tout ce qui est nécessaire pour faciliter la coopération au sein des écosystèmes locaux et surtout leur donner confiance en l’avenir en leur permettant de contribuer à la construction d’un futur désirable partagé. C’est notre engagement chez Bpifrance.