46% du PIB français repose sur les TPE et PME de moins de 250 salariés. Pour prendre le pouls de cette frange de l’économie, Bpifrance Lab les a interrogées, obtenant 4.590 réponses pour dresser sa 76ème enquête de conjoncture auprès de ce public : " Il ressort une courbe proche de 2012 – 2013, des années avec une croissance plate, atone mais légèrement positive en termes de croissance ", introduit Philippe Mutricy, Directeur des Etudes de Bpifrance qui insiste : " il ne faut pas y voir une prévision du PIB mais un indicateur de lecture d’une situation des TPE et PME. ". L’étude passe au crible des points stratégiques pour les acteurs économiques.

L’emploi, malgré une activité en ralentissement à la fin de l’année 2022, résiste dans un contexte de recrutement complexe, et devrait se maintenir en 2023. Craignant de ne pas réussir à trouver leurs effectifs au moment de la reprise ou répercutant les postes qu’elles n’ont pu pourvoir en 2022, les entreprises, malgré les incertitudes auxquelles elles font face, poursuivent dans cette démarche. 42 % prévoient par ailleurs d’augmenter les salaires de leurs collaborateurs en 2023 tandis que 72 % des dirigeants de TPE-PME l’ont déjà fait en 2022, parfois de plus de 5 %.

L’enchainement des crises

La tendance à la hausse des difficultés d’approvisionnement qui ont marqué 2022 semble amorcer une baisse, même si 60 % des entreprises se confrontent encore à cette problématique. Cette légère inflexion coïncide avec un prix des matières premières qui reflue, à l’exception de l’énergie, et un coût des transports qui diminue lui aussi. Mais les entreprises doivent désormais intégrer une crise énergétique. " 55 % des dirigeants interrogés ont souligné un impact de ce coût mais seuls 5 % disent avoir basculé sur un territoire négatif ", précise Sabrina El Kasmi, responsable du pôle Conjoncture-Macroéconomie Bpifrance.

L’inquiétude demeure pour 18 % des TPE PME de tout ordre et pour 35 % des entreprises du secteur industriel tandis que les autres sont protégées par un tarif réglementé ou ne sont pas concernées par un renouvellement de leur contrat à l’horizon 2023. " Cette vulnérabilité, la volatilité des prix de l’énergie et la poursuite des problèmes d’approvisionnement vont s’inscrire dans une tendance inflationniste pour 2023 ", résume Baptiste Thornary Chef économiste Bpifrance.

Augmentation des prix et baisse des montants d’investissement

72 % des TPE PME annoncent avoir déjà augmenté leur prix en 2022 et 55 % prévoient de le faire en 2023. Parmi elles, 24 % envisagent de le faire plus qu’en 2022. En parallèle, la courbe de l’activité a fléchi au cours de l’année écoulée, retrouvant là aussi des niveaux équivalents à 2012 et 2013. " La croissance devrait être modérée en 2023 ", conclut Baptiste Thorany sur le sujet. Pour autant, cette tendance au fléchissement s’accompagne de projets d’investissements maintenus puisque 51 % des entreprises prévoient d’en faire en 2023. Les montants anticipés devraient toutefois être moins élevés que par le passé. " On peut supposer que la hausse des taux d’intérêt, l’inflation, les coûts de l’énergie, le ralentissement de l’activité et des trésoreries en baisse amènent les chefs d’entreprise à diminuer les enveloppes ", détaille Philippe Mutricy.

Par souhait ou par nécessité, les TPE PME devraient donc s’engager dans deux voies d’investissement en particulier : la transition écologique et la diversification de leurs marchés. Les experts de Bpifrance ne perçoivent cependant pas de crise de confiance des acteurs économiques bien que 24 % des dirigeants anticipent une baisse de la rentabilité de leur entreprise. " 2023 sera une année cruciale pour la défense des marges. " .