9 milliards d’euros, c’est le poids du marché de la seconde main selon l’institut d’études Xerfi. Un chiffre qui devrait d’ailleurs continuer à croître de 15 à 20 % par an, jusqu’en 2030. " Nous sommes sur un marché en hyper croissance ", confirme Julien Bruitte, cofondateur de la société Origami, qui a mis au point un logiciel en marque blanche, destiné aux entreprises, pour qu’elles puissent lancer leur plateforme d’économie circulaire. Sauf que de nombreux freins restent à lever dans ce domaine. " Les enseignes ont souvent peur de cannibaliser leur offre en proposant de la seconde main. Elles se disent que les consommateurs vont acheter de l’occasion plutôt que du neuf. Mais on voit que Vinted a pris des parts de marché colossales. La tendance est déjà là. Les marques ont donc tout intérêt à se positionner sur ce marché ", souligne le cofondateur.

Collecter de la data et générer du trafic

D’autant qu’avoir une plateforme de seconde main leur permet de récupérer de la data et donc de mieux connaître leurs clients. Mais également de générer du trafic en magasin, en proposant aux revendeurs des bons d’achat valables sur des produits neufs par exemple. La société travaille aujourd’hui pour 25 clients. Une distributeur de deux roues, notamment, pour qui elle a créé une marketplace de vélos d’occasion entre particuliers et qui capte des commissions sur les transactions. Mais aussi une plateforme de revente d’accessoires d’équitation.

Pour se renforcer sur ce marché en plein essor, Origami vient de réaliser sa première levée de fonds. " Jusque là, nous étions totalement indépendants. Mais après sept ans d’existence, nous avons voulu nous entourer d’investisseurs reconnus sur ce marché ", précise Julien Bruitte, qui a créé sa société aux côtés d’Alexandre Duquenoy et de Vincent Pichon. La startup a ainsi réuni 2,3 millions d’euros auprès de 40 investisseurs. Parmi eux, le fonds The Moon Venture, la BPI, le CIC mais également des entrepreneurs de renoms tels que Éric Lamort de Gail, ancien directeur marketing de Colgate Palmolive ou Dior Decupper, ancienne dirigeante de la Seita.

Doubler ses effectifs

Grâce à ces fonds, Origami souhaite d’abord doubler ses effectifs en passant de 19 à 40 salariés courant 2023. La société se concentre aujourd’hui sur le marché français même si son logiciel est de nature international et peut s’exporter facilement. " Nous avons déjà un pied en Espagne ou en Allemagne, nous accompagnons nos clients à l’export mais nous allons plutôt à l’international par opportunité pour le moment. "

Dans le même temps, la startup souhaite améliorer son outil en intégrant la gestion des retours et des invendus notamment. " Avec la loi Agec, les marques ont l’interdiction de détruire leur stock, nous voulons donc leur permettre de déstocker grâce à leur plateforme de seconde main ", souligne le co-fondateur. Pour Origami, l’enjeu est également d’intégrer la certification des produits afin de lutter contre la contrefaçon. " L’authenticité est l’un des principaux freins de la seconde main ", assure Julien Bruitte. Grâce à ces différents leviers, la société, qui a enregistré une croissance de 70 % par an depuis ses débuts, table sur une augmentation de chiffre d’affaires de 200 % en 2023.