" Il y a actuellement un gros rouleau compresseur qui déstabilise l’industrie agroalimentaire. A partir du 1er janvier 2024, tous les industriels auront l’obligation de mettre un label environnemental sur les produits finis. " Un contexte réglementaire qui a poussé Patrick Asdaghi et ses cofondateurs à créer Carbon Maps en décembre 2022.

La startup vient ainsi de mettre au point une plateforme permettant au secteur agroalimentaire de calculer son empreinte carbone en tenant compte de sa consommation d’eau, de la quantité de CO2 émise lors de la production, de l’impact sur la biodiversité, mais également du bien-être animal. " Il faut prendre en compte toute la chaîne alimentaire, de la production à la distribution, c’est ce qui est complexe ", souligne Patrick Asdaghi, le dirigeant.

Simuler des scénarios de changement

Au-delà de la mise en place de cet éco-score, les trois cofondateurs - ingénieurs de formation et spécialisés dans l’alimentaire, la data science et la supply chains - sentent un " momentum " de la part des consommateurs et des ONG. " Notre système alimentaire est l'un des principaux facteurs contribuant aux émissions de gaz à effet de serre, à la destruction de la biodiversité, à la déforestation et à la consommation d'eau dans le monde. Et la thématique écologique est devenue depuis cinq ans l’une des principales préoccupations des consommateurs ", poursuit le dirigeant.

Carbon Maps s’appuie sur les données des rapports du GIEC et sur les chiffres de l’Inrae pour établir des simulations d’impact sur toute la chaîne. Grâce à des modèles scientifiques, couplés à des algorithmes d’intelligence artificielle, l’outil peut ainsi évaluer l’empreinte des produits, ingrédients ou matières premières. L’idée est ensuite de simuler des scénarios de changement, de recettes ou d’étapes de fabrication. " A l’avenir, il y aura deux types de comptabilité. Toutes les entreprises seront dans l’obligation d’évaluer leur empreinte environnementale ", estime Patrick Asdaghi. Carbon Maps envisage donc de s’imposer sur le marché en faisant de sa plateforme " un outil référent. "

" Connaître le coût lié au changement d’une recette "

Pour ce faire, la société vient d’annoncer une levée de fonds de 4 millions d’euros en pre-seed auprès des fonds d’investissement Breega et Samaipata. Grâce à ce premier tour de table, l’objectif est de recruter des ingénieurs pour améliorer la plateforme. " Nous allons construire des simulateurs afin de permettre aux industriels de faire des trajectoires de progrès et de connaître le coût lié au changement d’une recette par exemple. Nous voulons ainsi créer la plateforme leader de la comptabilité environnementale ", indique le dirigeant.

D'ici fin 2024, Carbon Maps, qui compte aujourd’hui 7 salariés, envisage de recruter 20 personnes. Et ambitionne d’aller rapidement à l’international. " Nous allons très vite attaquer l’Europe. Nous pourrons facilement dupliquer nos modélisations françaises dans d’autres pays et ainsi scaler notre outil. "