Positionner la France comme leader mondial dans l’utilisation de l’intelligence artificielle appliquée à la pathologie numérique, telle est l’ambition d’Owkin et de ses partenaires. Cette biotech spécialisée dans l’IA appliquée à la recherche s’est rapprochée de l’institut Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe du Centre Léon Bérard, de la fédération nationale des centres de luttes contre le cancer, Unicancer, de la société française d’imagerie numérique Tribun Health et de la société tricolore de diagnostic pathologique, Cypath. L’idée : créer un consortium français, nommé PortrAIt, pour travailler sur la médecine de précision basée sur l’IA : " L’objectif, d’ici 5 ans, est de déployer 15 nouveaux outils pour améliorer la prise en charge des patients et de leurs cancers ", souligne Meriem Sefta, la responsable en chef du diagnostic chez Owkin.

Doté d’une enveloppe de 33 millions d’euros, financé notamment par Bpifrance, PortrAIt a l’ambition de faire travailler les équipes de recherche des hôpitaux et les laboratoires de pathologie de toute la France, avec les leaders technologiques, pour développer ces outils d’IA en pathologie numérique.

" Il fallait passer à l’échelle "

Le projet, né il y a quatre ans, a été initié à l’occasion d’un data challenge. " Nous avions commencé à travailler avec l’institut Gustave Roussy sur la pathologie numérique pour le cancer du sein, indique la responsable du diagnostic chez Owkin. Il s’agissait d’un seul cas d’usage mais rapidement nous nous sommes rendus compte que la technologie était intéressante pour d’autres cas et qu’il fallait passer à l’échelle. ". Car l’IA permet de " mieux stratifier le risque que les modèles standards ", d’analyser des cancers rares et de prédire la survie du patient.

Les 15 outils que souhaite déployer le consortium sont de trois types distincts. " La première catégorie concerne des outils de support pour les pathologistes. Ils facilitent la lecture des images et permettent d’automatiser un certain nombre de tâches et donc de gagner du temps ", souligne Meriem Sefta. Ceci, dans un contexte de surcharge des services de pathologie.

Faire des diagnostics plus pointus

Dans un second temps, le consortium souhaite identifier certains biomarqueurs afin d’orienter directement les patients vers les bons tests. " Nous analysons des morceaux de tissu sur des lames de verre, l’information contenue dans ces images est très riche mais sous exploitée. Grâce à l’IA, nous pouvons faire des diagnostics plus pointus qui permettent de “préorienter” les tests et de faire gagner un temps précieux aux patients comme aux professionnels ", décrit la responsable des diagnostics d’Owkin. Quant à la troisième catégorie d’outils, elle vise à prédire le risque de rechute, afin d’orienter les patients vers un meilleur traitement.

" L’objectif est désormais de déployer rapidement ces outils ", souligne Meriem Sefta. Car la concurrence internationale est rude. " La France a une place à prendre dans cette nouvelle filière industrielle, elle est bien positionnée, les entreprises ont développé une forte expertise. Mais il s’agit d’un marché émergent. Il est donc important de se positionner rapidement. ".