Plus de 8 Français sur 10 craignent de manquer d’argent à la retraite selon l’institut Ipsos pour le cercle des épargnants, en 2022 : " Les Français n’ont plus confiance en leur système de retraite ", confirme Julien Jacquemin, à la tête de l’assurtech Gedeon. Mis en place dans le cadre de la loi Pacte de 2019, le plan d’épargne retraite obligatoire (PERo) a pourtant pour mission d’améliorer la retraite des salariés en leur proposant un dispositif d’épargne avantageux, notamment grâce à un cadre fiscal spécifique. Le PERo est ainsi alimenté par les versements obligatoires de l’employeur, éventuellement par ceux du salarié et de l’épargne salariale ou d’autres abondements de l’entreprise.
" Un manque de clarté et de simplicité "
" N’importe quelle société peut mettre en place ce dispositif. Pourtant, il n’est présent que dans 10 % des entreprises françaises ", précise Julien Jacquemin. Et dans les 18.000 sociétés y ayant souscrit, seuls 27 % des salariés concernés systématisent les versements volontaires. En cause : " un manque de clarté et de simplicité des dispositifs existants ", estime la startup Gedeon. C’est dans ce contexte que l’assurtech a déployé une offre innovante. Créée en 2022, elle propose une solution digitale permettant aux DRH de valoriser le dispositif et aux salariés de reprendre la main sur leur retraite. " L’idée est de permettre aux entreprises de gagner du temps et de travailler leur marque employeur ", souligne Julien Jacquemin.
Pour le salarié, l’outil permet de simuler sa rente de sortie ou son taux de remplacement, d’agréger sa retraite publique, ses différents plans d’épargne retraite souscrits tout au long de sa carrière mais aussi de connaître le nombre de trimestres à valider et ceux qui le sont déjà. " La compréhension du PERo peut être complexe, l’idée est de l’expliquer de manière didactique ", précise le dirigeant.
La solution, tout juste lancée sur le marché, a été adoptée par une ETI et compte déjà 450 bénéficiaires. Pour accélérer sa commercialisation, les cofondateurs, Julien Jacquemin et Jean-Baptiste Chalnot - qui disposent, respectivement, de 20 et 10 ans d’expérience dans la retraite, la tech et l’actuariat - viennent de lever 2 millions d’euros. Un tour de table réalisé auprès de business angels tels que Guillaume de Monplanet, ancien CEO d’Adidas Europe ou encore le collectif d’investisseurs “Farmers” qui réunit des entrepreneurs et des C Level d’entreprises technologiques (Qonto, OVHcloud, Libeo …).
Les ETI en ligne de mire
" Notre objectif est de cibler les entreprises de taille intermédiaire. Elles sont assez souvent équipées d’un PERo mais ne le mettent pas à jour. Et leur nombre de salariés fait que l’on peut adresser directement un grand nombre de bénéficiaires ", souligne Julien Jacquemin, qui précise que ces entreprises ont parfois également des difficultés de recrutement. " Elles n’ont pas la taille des grands groupes ni leur notoriété et pas la flexibilité des petits. Elles cherchent donc à travailler leur marque employeur pour attirer des talents. ". Grâce à cette levée de fonds, Gedeon veut également continuer à développer son outil et agréger de nouveaux produits connexes, comme les autres plans d’épargne retraite existants.
La société souhaite se concentrer sur le marché français pour déployer son offre. " On y recense près de 6 milliards d’euros de cotisations annuelles, nous avons largement de quoi nous épanouir, estime le dirigeant. Même si nous prenons 1 % de parts de marché, nous serons satisfaits. ".