En 2020, le groupe d’audit et de conseil BM&A lançait sur le marché la plateforme Geo, pour digitaliser et automatiser les contrôles comptables. " Nous sommes partis de plusieurs constats, explique Erwan Lirin, le président du groupe. D’abord, avec l’avènement du télétravail, les entreprises doivent impérativement accélérer la digitalisation de leurs finances. Ensuite, les tensions sur le marché du recrutement rendent difficile l’accès à certains talents, le secteur connaît quasiment le plein emploi. Les entreprises doivent donc automatiser au maximum les tâches ayant le moins de valeur ajoutée. " A ce contexte, s’ajoute une réglementation. La loi Sapin 2 impose en effet aux ETI et aux grands groupes de se doter de dispositifs de contrôles comptables, notamment pour lutter contre la fraude, améliorer la performance des organisations ou détecter les situations à risque.

Convaincre 200 clients en trois ans

Depuis sa mise sur le marché en 2020, Geo a ainsi convaincu 25 grands comptes. Des clients tels que Edenred, Aéroport de Paris, Saint-Gobain ou encore Eramet. Et d’ici trois ans, la solution ambitionne de convaincre 200 entreprises clientes. Pour ce faire, le groupe BM&A vient de créer une filiale appelée SixthFin, qui portera le développement de la solution logiciel Geo, dont le nom devient geoficiency. " SixthFin est un éditeur de logiciel, qui va pouvoir nous permettre de faire des investissements conséquents dans l’outil et de développer d’autres solutions ", précise Erwan Lirin. La plateforme a d’ailleurs été complètement refondue. " Nous avons repensé totalement la technologie ", précise le dirigeant. Car le produit présentait certaines limites. Notamment dans sa capacité à analyser un grand nombre de données. " Aujourd’hui, nous sommes capables d’intégrer plus d’un milliard d’écritures comptables pour un seul client et nous pouvons même aller plus loin ", assure Jean-Marc Allouet, à l’initiative du projet Geo, qui dirige la filiale SixthFin. Dans le même temps, cette refonte a permis de diviser le temps de traitement des données par 16.

Viser l’international à horizon 6 – 9 mois

Pour accompagner le développement de son outil, la société annonce, en parallèle, un nouvel investissement de trois millions d’euros. " Un tiers de cette enveloppe sera consacrée à la R&D, pour continuer à innover  ", précise le dirigeant de SixthFin. Le reste des fonds sera investi dans les secteurs marketing et commercial. L’entreprise compte aujourd’hui 15 salariés et devrait doubler ses effectifs dans l’année. " Nous voulons déployer le produit en France mais nous regardons également l’international. A horizon 6, 9 mois, nous aimerions le proposer à d’autres pays ", poursuit Jean-Marc Allouet.

Pour ce faire, SixthFin envisage de s’appuyer sur des partenaires. Des cabinets d’audit et de conseil, pouvant être amenés à préconiser ce type d’outils mais également des éditeurs de logiciels, qui développent des solutions complémentaires. " Nous analysons l’Europe dans un premier temps mais nous regardons également le marché américain afin de savoir si le produit y serait pertinent. Nous sommes pour le moment en phase exploratoire ", indique Erwan Lirin. Grâce à ses clients, souvent présents à l’international, la société a déjà utilisé son outil dans une cinquantaine de pays. Les enjeux de mise en conformité, de digitalisation et d’industrialisation des dispositifs de contrôle concernent en effet la majeure partie des secteurs, sans limite géographique.