Educapital est un fonds européen pionnier dans les secteurs de l’EdTech et du Future of Work. Lancée en 2017 par Marie-Christine Levet et Litzie Maarek, la société annonce aujourd’hui 200 millions sous gestion et a investi dans une trentaine de sociétés, du post-amorçage jusqu’à la série B.

L’éducation, un secteur qui a tardé à se digitaliser

Marie-Christine Levet est loin d'être une nouvelle figure de la tech. En 1997, elle lance Lycos en France et atteint les 20 millions de chiffre d'affaires. Puis, en 2007, après avoir repris et revendu Club Internet, elle rejoint Jaïna Capital, le fonds d'amorçage de Marc Simoncini. Durant cette première expérience en Venture Capital, elle investit dans une vingtaine de sociétés dont Devialet, OuiCar et La Ruche Qui Dit Oui.

Quelques années plus tard, investisseuse chevronnée et experte de la tech, elle prend conscience du retard de digitalisation du secteur de l’éducation : "En suivant les devoirs de mes enfants et en travaillant dans la tech, je faisais le grand écart. Je ne comprenais pas pourquoi on n'appliquait pas à l’éducation toute l’innovation que je voyais dans d’autres secteurs, pour préparer aux mieux nos enfants à la société de demain", raconte-t-elle. "Comme j’ai toujours aimé être au début des révolutions, je me suis associée avec Litzie Maarek pour prendre ce sujet de front", poursuit-elle.

Les deux associées lèvent rapidement un premier fonds de 47 millions, déployé à travers une vingtaine de participations. Marie-Christine et son équipe se concentrent sur les sociétés les plus innovantes dans le secteur de l’éducation, de la petite enfance jusqu’à la formation professionnelle. "On s’occupe du capital humain sur toutes les périodes de vie d’un individu", explicite-t-elle.

Tout s’accélère pour Educapital

L’année dernière, Educapital a annoncé le premier closing de son second fonds à 100 millions. Un deuxième closing vient d’être annoncé le 12 avril à près de 150 millions, faisant d’Educapital le plus large fonds européen dédié aux secteurs de l’EdTech et du Future of Work. Ce second fonds vise 25 sociétés et a déjà réalisé une dizaine d’investissements, dont les français Chance, Mentorshow et Merci App.

"Avec la pandémie, tout s’est accéléré. Les confinements ont servi de catalyseurs et on a gagné 5 à 10 ans sur l’adoption de nouveaux usages dans l’éducation et le monde du travail", commente Marie-Christine Levet. "Le premier fonds incluait des sociétés HRTech mais avec le second fonds, nous intégrons une vraie composante Future of Work en plus de l’EdTech. Le marché du travail a été bouleversé avec le travail hybride et les salariés ont changé leur rapport à l’entreprise. Elle a donc besoin de nouveaux outils pour recruter, engager et former ses collaborateurs, qui doivent d’ailleurs se former tout au long de leur vie. L’ère du diplôme à vie est révolue", poursuit-elle.

Aujourd’hui, le fonds regarde de près les sujets de l’immersive learning et du peer to peer learning. La plateforme d’apprentissage collaboratif 360Learning, est encore à ce jour leur plus importante ligne d’investissement. Marie-Christine Levet voit aussi l’arrivée d’agents conversationnels utilisant l'intelligence artificielle, tels que chat GPT 4 comme une révolution pour son secteur. "C’est presque aussi important que l’avènement du moteur de recherche ! Cela ouvre la voie à plein de nouvelles innovations, notamment sur la personnalisation des contenus ou des cours", déclare-t-elle.

L’impact au cœur de la thèse

Le fonds cherche les futurs champions européens, voire internationaux, de leur segment. Il investit à 50 % en France et 50 % Europe, du post-amorçage à la série B avec des tickets entre 2 et 6 millions d’euros pouvant aller jusqu’à 10. "Il y a de vrais pôles d’excellence sur l’éducation en Allemagne, en Angleterre et dans les pays nordiques", précise Marie-Christine Levet.

Le fonds est Article 9, le niveau le plus élevé de SFDR, la réglementation européenne pour l’impact. Pour allier faits et gestes, 50 % du carried interest, c'est-à-dire la commission des équipes liée à la performance des investissements, est basée sur des indicateurs d’impact.

"Nous créons un business plan impact avec les entrepreneurs établi sur 3 critères : le Reach, l’inclusion et le learning outcome. L’idée est de fournir une éducation de qualité et la plus efficace possible au plus grand nombre, incluant les populations défavorisées", explique Marie-Christine Levet. "Si les objectifs ne sont pas atteints, la somme sera reversée à une fondation. Mais j'ai confiance, car performance financière et impact social vont de pair dans notre domaine", conclut-elle.