Alors que la plupart des institutions bancaires historiques investissent encore massivement dans les combustibles fossiles, la jeune pousse dont le crédo est “changer de banque pour changer le monde” accélère pour sensibiliser Français et Européens à l’impact de leur argent.

Reprendre le contrôle sur les émissions liées à son argent

Créée en 2020, par Maud Caillaux, Andréa Ganovelli et Fabien Huet, Green-Got est une plateforme bancaire verte et éthique dont la mission est de permettre à chaque utilisateur de financer la transition écologique. Elle propose des comptes bancaires alternatifs, transparents et écologiques qui, à chaque paiement, contribuent gratuitement au financement de la dépollution plastique des océans, au reboisement ou au développement des énergies renouvelables.

"À chaque fois que quelqu’un paye avec une carte bancaire, le commerçant doit reverser une partie à la banque, c’est ce qu’on appelle les frais d’interchange. Pour les banques de détails traditionnelles, c’est une grosse source de revenus. Chez Green-Got, nous réorientons ces revenus vers des projets de transition", explique Maud Caillaux. La jeune pousse revendique déjà plus de 12.000 tonnes de CO2 stockées ou évitées et responsabilise ses utilisateurs en leur permettant de mesurer et de contrôler les émissions de CO2 liées à leurs activités bancaires.

Elle a atteint 13.000 utilisateurs payants dans les dix mois qui ont suivi son lancement. Un succès rapide après un lancement plus long : "Lancer Green-Got nous a pris 2 ans. Cela peut sembler beaucoup pour une startup, mais il y a d’importantes barrières à l’entrée pour créer un établissement bancaire, en termes de régulation et d’autorisations, mais aussi parce qu'il faut beaucoup d’argent pour créer un MVP, la carte doit être directement mondiale et utilisable partout, sinon cela ne fonctionne pas", confie Maud Caillaux.

Des ambitions européennes pour un impact démultiplié

Green-Got annonce aujourd’hui une levée de 5 millions d'euros, dont 3 millions d'euros auprès de Pale blue dot, un fonds de capital-risque spécialiste de la ClimateTech. "Au départ, nous ne voulions pas de fonds d’investissement, mais avec Pale blue dot, nos expériences et nos visions étaient alignées", commente Maud Caillaux. Le reste provient d’une campagne de crowdfunding. "Plus de 10.000 clients ont participé à la campagne de crowdfunding et l'objectif de 1,9 million d'euros a été atteint en moins de 80 minutes avec les 1.350 personnes les plus rapides. C’était très important pour nous d’associer notre communauté à cette campagne de financement, on construit Green-Got avec elle", partage Maud Caillaux.

Avec cette levée, Green-Got poursuit sa mission : activer le levier de la finance pour permettre la transition écologique. "La route est encore longue pour éduquer et éveiller les gens sur l’impact de leur argent. Mais aujourd’hui la demande est plus forte que l’offre, notre problématique est de réussir à accueillir tous ceux qui le souhaitent. Beaucoup ont déjà compris que changer son argent de banque était un levier énorme pour la transition, sans faire de réels efforts ni rogner sur son confort", commente Maud Caillaux.

Concrètement, la jeune pousse prévoit de développer son offre de produits d’épargne et d’investissement. Elle souhaite aussi passer les frontières de l’Hexagone et vise l’Europe en commençant par la Belgique. "Nous visons 66 millions de clients en France ! Mais cela ne suffira pas, nous devons être un acteur européen pour avoir le plus grand impact possible. Nous avons toutes les autorisations bancaires pour cela", partage Maud Caillaux.

Même en élargissant ses horizons, la jeune entrepreneuse a conscience que sa mission dépasse l’activité de sa startup. "Nous sommes très regardés par les banques traditionnelles. Nous avons déjà quelques relations avec des acteurs comme Crédit Mutuel Arkéa et la Banque Postale, qui sont engagés dans la transition, mais moins avec les autres acteurs historiques français. On met le coup de projecteur sur ce qui va mal, mais on veut rester dans le dialogue. L’important, c'est que les grands acteurs changent. On est idéalistes, mais réalistes, si Green-Got reste la seule banque verte dans 10 ans, ça ne suffira pas", conclut Maud Caillaux.