Il était une fois deux bordelais trentenaires, Akim Baka et Florian Blanc, amis de longue date, ayant fréquenté deux écoles de commerce distinctes, Kedge à Marseille et l’Essec à Paris, qui décident d’entreprendre ensemble : " Nous étions tous les deux des citoyens éco-conscients des enjeux de société sans pour autant être militants ", raconte Akim Baka. " On voyait que des objets avec une valeur d’usage finissaient aux encombrants ou à la déchetterie. ". Tous deux fans de produits de seconde vie, un mode de consommation ancré dans leurs habitudes, les deux hommes veulent se mettre au service du bon sens sans se montrer culpabilisant, pour que le français lambda passe à l’action sans le ressentir.

" Les gens essaient d’abord de vendre les objets inutilisés mais finalement, le taux de succès est faible sur les plateformes, 60 à 80 % des annonces ne trouvent jamais preneur. ". Le cofondateur rappelle également que certains n’aiment pas se lancer dans un processus de vente, mal à l’aise avec le concept de négociation ou avec le fait de recevoir des inconnus à domicile pour tester un bien. " La dernière option consiste à donner l’objet à un proche plutôt que de le jeter. Cet usage est ancré dans nos habitudes mais il n’est ni garanti ni digitalisé. ".

Le don a la cote

Geev s’appuie sur la logique des market places pour mettre en relation des objets voués à la poubelle et une communauté locale de particuliers, futurs propriétaires prêts à lui donner une nouvelle vie. " Contrairement à une application de vente, sur Geev, il y a plus de demandes que d’offres. Il est inutile de faire la promotion de l’objet, il n’est pas en concurrence. ". Depuis 2017, la startup a réussi plusieurs levées de fonds en réunissant 3,5 millions d’euros auprès de fonds comme Daphni, Omnes et BNP Paribas Développement.

Depuis sa création, 20 millions de dons d’objets et de produits alimentaires ont été réalisés par plus de 4,3 millions d’utilisateurs, toujours au plus près de chez eux. Avec en moyenne un don effectué toutes les 3 secondes pour arriver à près de 8 millions de dons par an, ce sont entre 75 et 80 % des objets déposés qui trouvent ainsi un nouveau propriétaire, la tendance étant plus forte à Paris.

S’ouvrir à d’autres publics

Une quinzaine de salariés entoure aujourd’hui Akim Baka et Florian Blanc chez Geev. La jeune pousse continue de grandir et d’élargir son champ d’action. " Nous travaillons aussi avec la distribution, consciente des enjeux de la seconde vie en lui proposant deux services. Le premier consiste à intégrer Geev à leur parcours client en encourageant ce dernier à donner un ancien appareil qu’il change. ". Conforama a notamment mis en place cette solution. Geev développe par ailleurs un service destiné aux invendus, retours clients ou biens abimés. " Ces stocks dormants ont un coût et ne peuvent pas être détruits. Nous réfléchissons à les intégrer aussi à un prix très discountés comme cela se fait pour l’antigaspi alimentaire. ".

Devant les volumes véhiculés par les professionnels, Geev espère réduire encore le gaspillage et les empreintes carbones. Sur l’application, un récent outil estime déjà pour chaque bien, équivalence à l’appui, la production de carbone évitée en privilégiant la seconde main à un produit neuf.