Rencontre avec Marc Lolivier, délégué général de la Fevad et Marc Menasé, fondateur du fonds Founders Future et intervenant lors de l’événement.

Le secteur du e-commerce n’a rien à voir avec ce qu’il était à ses débuts. Après une première période dominée par quelques pure-players, puis l’arrivée des grandes enseignes dans une stratégie multicanal, avant l’ascension du mobile : le e-commerce reste encore et toujours sur une trajectoire ascendante.

" Cela s’est encore accéléré avec le COVID, explique à Maddyness Marc Lolivier, délégué général de la Fevad. On considère généralement que cette période a fait gagner quatre ans au secteur en termes d’investissement. Cela a davantage permis d’élargir l’offre. "

" On continue à avoir un marché mondial qui est en croissance, confirme Marc Menasé, fondateur de Founders Future.

On continue à avoir des pans entiers de l’industrie qui se digitalisent, le BtoB est en retard à plein d’égard et génère aussi de la croissance. On a surtout de nombreuses initiatives entrepreneuriales, notamment liées à de nouveaux usages du e-commerce avec des sujets autour de l’économie circulaire ou du CtoC. Je n’ai jamais été aussi positif sur cette industrie qu’aujourd’hui. "

Ce n’est donc pas un hasard si de nombreuses startups se sont emparées du secteur pour accompagner les multiples innovations qui y prennent place. Le e-commerce est d’ailleurs le secteur le plus représenté parmi les 27 licornes françaises (avec 8 gravitant autour de ce sujet : Back Market, Contentsquare, ManoMano, Exotec, Ankorstore, Mirakl, Veepee et Vestiaire Collective).

Le challenge Start Me Up

" L’innovation a toujours été un moteur de la croissance et du développement du e-commerce, d’après Marc Lolivier de la Fevad. L'une des raisons du succès du e-commerce, c'est la faculté à se réinventer, à s’adapter rapidement à des attentes qui évoluent très rapidement, et donc à les anticiper, voire même parfois à les provoquer ".

C’est pour cette raison que la Fevad (la Fédération du e-commerce et de la vente à distance) a décidé de donner une voix à l’innovation et à l’entrepreneuriat du secteur du e-commerce au travers d’un événement nommé Start Me Up. Les startups seraient ainsi une composante primordiale de cet écosystème.

" Les startups permettent d’avancer plus rapidement, explique-t-il encore. Elles permettent de tester certaines choses avec un coût moins important. Elles permettent effectivement aux entreprises d’avoir une R&D beaucoup plus agile, plus innovante, et d’avoir accès à une énergie qu’ils auraient parfois plus de mal à avoir en interne. "

Le challenge Start Me Up se donne donc pour mission d’identifier les innovations pour ensuite les diffuser à l’ensemble du secteur. En effet, si les grandes entreprises vont souvent avoir une direction de l’innovation et même des incubateurs internes, de nombreuses PME (et elles représentent 40% des adhérents de la FEVAD) n’ont pas toujours facilement accès à cette mine d’innovation apportée par les startups.

" Start Me Up s'adresse aussi aux entreprises qui savent que l'innovation et la collaboration avec les start-up est importante, mais qui ne savent pas comment s'y prendre, ni où trouver la bonne start-up. Start Me Up permet de bénéficier de conseils et de l'analyse d'experts en innovation appliquée au e-commerce. Il y a une dimension de partage pour les sites et les entrepreneurs dans ce challenge ", poursuit Marc Lolivier.

Marc Menasé considère la Fevad comme étant l’acteur le plus légitime à porter ce message : " La Fevad est très certainement l’association qui représente le mieux les e-commerçants en Europe. J’évolue dans ce milieu depuis longtemps et elle a toujours été un acteur prépondérant sur le devant de la scène : ils comprennent très bien les sujets du e-commerce et arrivent à les incarner pour les défendre. Ils savent aussi montrer le dynamisme de l’écosystème français. "

Identification des tendances du e-commerce

Sans le vouloir, le challenge Start Me Up est aussi devenu une sorte de carnet de tendances pour les acteurs du e-commerce. En effet, si ce ne sont que cinq startups qui viendront pitcher à la finale, les experts du cabinet KPMG ont analysé une cinquantaine de dossiers, permettant ainsi de voir émerger des nouveaux du secteur.

" La première tendance, c’est véritablement l’intelligence artificielle, décrypte Marc Lolivier pour la Fevad. On voit que les apports vont être considérables avec de nombreuses applications pratiques qui seront présentées lors de l’événement du 29 juin. La deuxième tendance, qui est plus une confirmation, c’est le sujet de la RSE qui gagne en puissance. La troisième c’est la conversion qui est un sujet accentué par les questions liées au pouvoir d'achat. "

Il n’y a d’ailleurs pas de doute pour Marc Ménasé, s’il devait lancer une nouvelle startup dans le domaine du e-commerce, ce serait pour tacler ce sujet de la transformation : " 95% des personnes qui arrivent sur un site e-commerce repartent sans acheter. Le taux de transformation reste toujours très bas. Je considère que cette question est vraiment le mal du e-commerce. Donc je m’attaquerais vraiment à la transformation, avec tout ce qui pourrait avoir un impact pour retenir le consommateur pour qu’il achète. "

De la même manière, Marc Lolivier ne va pas hésiter longtemps quand il est confronté à la même question : s’il devait lancer une startup, ce serait pour intégrer la dimension RSE : " Il y a une attente très forte de la part des consommateurs avec un impact important sur la satisfaction de l’expérience. J’irais donc créer une entreprise qui va faire progresser l’expérience sur cette dimension environnementale, sociale et sociétale. "

Le e-commerce ne semble donc pas avoir fini d’évoluer pour répondre aux grands enjeux de l’époque.