Mais comment opérer cette transition loin d’être simple ?

"Il y a une convergence entre l’essor du freelancing et la quête de sens. C’est pour cela que le mouvement 'freelance for good’ prend de l’ampleur", expliquait Coline Didier sur la scène du Web2day. Celle-ci a justement créé le collectif Social Declik, qui accompagne les solo-entrepreneurs qui décident de s’orienter vers des missions à impact positif.

Parmi les raisons qui poussent les salariés à se tourner vers le freelancing, la liberté de choisir les clients et les missions qui les intéressent figure en bonne place. "On passe énormément de temps au travail, c’est normal qu'on cherche à y mettre du sens", souligne-t-elle, tout en nuançant : cette liberté a des contreparties, telles que l’isolement, les incertitudes sur les missions et les revenus, la nécessité d’évangéliser les clients… et la difficulté à aligner “sens” et revenus.

Arriver à vivre du “freelancing for good”, c’est possible

Bref, le freelancing et à fortiori, le “freelancing for good” n’est pas pour tout le monde. Kanya Mao, une freelance membre de la communauté Social Declik, le confirme et reconnait avoir eu quelques déconvenues à ses débuts : "lorsque je me suis lancée en tant que freelance, j’ai retrouvé les mêmes problèmes que dans le salariat. Au début, on a tendance à répondre à toutes les demandes, et je me suis retrouvée à travailler avec des gens avec lesquels je n’étais pas alignée.". 
Pour autant, Coline Didier l’assure : "travailler 100 % de son temps dans l'ESS [Économie Sociale et Solidaire] en tant que freelance et arriver à en vivre, c'est tout à fait possible, même si ce n’est pas la voie la plus facile.". Avant d’en arriver là, elle conseille d’opérer par étapes : le plus simple est de transiter en douceur, en commençant par viser un mix entre clients classiques et clients “à impact”.

Audrey Ceyrat a suivi ce mouvement : ingénieure de formation, elle s’est tournée vers le freelancing après plusieurs années de salariat en startups. "J’ai fait ce choix pour retrouver un équilibre vie pro/vie perso, avoir la liberté de choisir mes clients et me rapprocher des thématiques qui me tenaient à coeur", explique-t-elle. Aujourd’hui, elle partage son temps entre une mission dans le monde associatif et l’accompagnement du département RSE d’une entreprise du secteur du bâtiment. Le tout, en se réservant du temps pour se former à de nouveaux sujets.

L’ESS a besoin des compétences des freelances

"Les structures de l’ESS ont besoin de compétences, en particulier en numérique, par exemple pour développer des outils, mieux communiquer, être plus efficaces dans leur gestion interne", souligne Coline Didier. Sur ces sujets, les freelances ont un avantage : "c’est un mode de collaboration flexible : en tant que freelance, vous pouvez adapter la prestation en fonction des besoins et des moyens du client. Vous pouvez travailler sur plusieurs missions en parallèle et ajuster vos prix.".

Et de citer un exemple : "Beaucoup d’associations viennent nous voir, parce qu’elles cherchent à recruter des responsables produit ou des développeurs, mais lorsqu’ils postent des annonces, ils n’ont que des juniors qui postulent. Finalement, ces associations préfèrent prendre des freelances experts à mi-temps plutôt qu’un junior en CDI.".

Savoir bien s’entourer

"Le bon point du freelancing, c’est qu’on est son propre patron : on peut choisir de se former, sélectionner ses clients, explorer de nouveaux secteurs. Mais de l’autre côté, l’inconvénient c’est aussi qu’on est son propre patron : personne n’est là pour vous tenir la main", souligne Audrey Ceyrat. Son conseil : "Il faut bien s’entourer !".

Mais le jeu en vaut la chandelle : "C’est hyper-épanouissant de ne plus être en dissonance cognitive. Au final, on sait que le projet sur lequel on travaille correspond à un but qui nous plait et qui est cohérent avec ce qu’on veut laisser derrière nous", souligne-t-elle.

Un constat partagé par Kanya Mao : "Que l’on soit freelance ou 'freelance for good', c'est de toute façon les montagnes russes, donc autant le faire for good !".