Pour fêter ses 15 ans d’existence, WiSeed voit les choses en grand. Avec l’appui de RealT, spécialiste de la tokenisation immobilière, et Twenty First Capital, gestionnaire d’actifs immobiliers, l’entreprise toulousaine, connue pour sa plateforme de crowdfunding, veut élargir l’accès à l’investissement immobilier en misant sur la blockchain. Les trois entités, réunies au sein d’un consortium, ne cachent pas leur ambition : devenir le leader du secteur de la tokenisation immobilière en Europe.
En s’engageant dans cette voie, la société française veut fractionner les actifs immobiliers pour rendre l’investissement dans le secteur plus accessible alors que le ticket d’entrée habituel est très élevé. Avec l’approche du consortium, il sera possible de posséder une ou plusieurs parties d’un actif immobilier sous la forme de tokens, avec un ticket d’entrée de quelques dizaines d’euros. «Un investisseur pourra ainsi diversifier son portefeuille d'actifs, en achetant une fraction d’un loft à Chicago, une part de résidence de vacances au Panama, et bientôt, un bout de Paris ou de Saint-Tropez, tout cela depuis son smartphone», résume Jean-Marc Jacobson, co-fondateur de RealT, l’entreprise à la manœuvre pour procéder à cette «tokenisation» des actifs immobiliers.
Un marché de plus de 1 000 milliards de dollars en 2024
En se positionnant sur ce segment d’activité, WiSeed veut se tailler une belle part du gâteau sur un marché estimé à près de 300 milliards de dollars à l’heure actuelle et qui devrait franchir la barre des 1 000 milliards de dollars de revenus en 2024, avant de se rapprocher des 4 000 milliards de dollars à l’horizon 2029. «Nous sommes convaincus que le futur de la gestion d’actifs passera par la tokenisation des actifs, du fait de ses possibilités en matière de fractionnement, de liquidité et de la désintermédiation. Les avantages de la tokenisation sont encore plus évidents pour les actifs illiquides tel que l’immobilier», explique Stanislas Bernard, fondateur de Twenty First Capital.
Cependant, «tokeniser» des actifs immobiliers n’est pas une mince affaire et peut vite tourner au casse-tête d’un point de vue réglementaire. Comme il s’agit d’une nouvelle voie dans l’immobilier, l’Autorité des marchés financiers (AMF) se montre en effet particulièrement vigilante face à de telles initiatives. «En Europe, le régulateur avance beaucoup plus vite qu’aux États-Unis. Il propose beaucoup plus de solutions. Aux États-Unis, il est plutôt dans l’optique de faire le ménage», relève Jean-Marc Jacobson, dont son entreprise, RealT, a dû changer son modèle pour s’adapter à la réglementation française.
Un levier «pour être en première ligne de la troisième révolution de l’investissement digital»
De son côté, WiSeed, qui détient déjà le statut de Prestataire de services d’investissements (PSI), a entamé les démarches pour devenir Prestataire de services de financement participatif (PSFP) et adhérer au Régime pilote pour les infrastructures de marché (DLT). Ce dernier donnera ainsi à la société toulousaine la possibilité d’expérimenter un marché secondaire et la blockchain, et donc de tokenizer les actifs réels. Le tout sous la houlette du régulateur évidemment. «En fusionnant nos savoir-faire historiques avec les codes de la finance décentralisée, nous disposons de suffisamment d’atouts pour être en première ligne de la troisième révolution de l’investissement digital», assure Mathilde Iclanzan, directrice générale de WiSeed.
La société tricolore, qui a permis de collecter 450 millions d’euros depuis sa création pour financer un millier de projets (754 projets immobiliers et 246 startups), estime ainsi qu’elle est en bonne position, avec RealT et Twenty First Capital, pour donner naissance à «l’un des plus puissants moteurs économiques de notre histoire». Pour y parvenir, les trois acteurs n’écartent pas d’intégrer d’autres groupes au sein de leur consortium.