Eric Marcellin Dibon, le dirigeant de Microoled fait le constat suivant : " Aujourd’hui, la réalité augmentée n’en est qu’à ses débuts mais tous les nouveaux programmes dans la Défense utilisent cette technologie. On anticipe une grosse croissance. "

D’autant que les annonces récentes au sujet de nouveaux casques grand public qui devraient être disponibles en 2024, dopent le marché global de la réalité augmentée, toutes applications confondues, y compris dans les domaines de l’industrie ou de la sécurité. Et s’il est possible d’utiliser un smartphone ou une tablette comme porte d’entrée vers cette technologie, les lunettes seront à terme incontournables.

Un marché de 4 milliards de dollars en 2027

C’est dans ce domaine que s’est spécialisée la startup Microoled depuis 2007. La société met au point des micro-écrans, telles des loupes, dotées de grandes performances d’affichage, pour des viseurs d’appareils photos ou des microscopes et conçoit des lunettes connectées. " Au départ, nous travaillons principalement pour le marché des viseurs, pour des applications professionnelles dans la sécurité ou les caméras thermiques ", détaille Eric Marcellin Dibon. Ce marché des micro-écrans à destination des applications de réalité augmentée est estimé à 4 milliards de dollars à l’horizon 2027, selon un rapport KBV Research, publié en février 2022, ce qui correspondrait à un quadruplement depuis 2020. Pour le segment spécifique des " smart glasses " pour la réalité augmentée, les estimations s’établissent aux alentours de 15 millions d’unités écoulées pour l’année 2027.

Alors pour se renforcer sur le marché de la nanotechnologie et s’imposer dans la réalité augmentée, Microoled vient de réaliser une nouvelle levée de fonds de 21 millions d’euros menée par Jolt Capital, accompagné par Bpifrance via le Fonds Innovation Défense, et avec la participation des investisseurs historiques Cipio Partners et Ventech. " Il s’agit là de notre plus grosse levée de fonds. Toutes opérations confondues ces dernières années, nous avions levé environ 20 millions d’euros", souligne le dirigeant.

Construire son propre outil industriel

Grâce à ce tour de table, la société veut d’abord augmenter ses capacités de production. " Aujourd’hui, nos locaux sont dans un pôle de compétitivité à Grenoble. Nous voulons construire notre propre outil industriel et tripler nos capacités ", indique Eric Marcellin Dibon. Dans le même temps, Microoled souhaite développer de nouvelles briques technologiques, qui seront " la clé pour la réalité augmentée. "

" Il existe deux freins majeurs pour le développement de cette technologie. D’abord les cas d’usage. Il existe certaines applications dans le sport mais on ne sait pas encore ce qu’on fera de la réalité augmentée demain ", précise le dirigeant. Autre frein : l’efficacité énergétique. L’enjeu est de réaliser des micro-écrans, très lumineux, capables d’entrer en concurrence avec la vision naturelle. Mais ils doivent aussi être très légers, car le nez ne supporte pas de lunettes de plus de 40 grammes, et surtout consommer le moins d’énergie possible.

La société, qui réalise 97 % de son chiffre d’affaires à l’export souhaite également continuer à se développer sur d’autres segments de marché, se renforcer dans la sécurité et les contrats B2B et poursuivre son développement à l’international. Microoled emploie aujourd’hui 100 salariés et prévoit d’étoffer ses équipes, notamment commerciales.