Forcément, quand on s’attaque à des mastodontes que sont Bitcoin et Ethereum sur le marché de la blockchain, cela crée quelques remous. Tous les acteurs qui ont participé au lancement de Tezos en 2018, puis à son développement, peuvent en témoigner. C’est le cas notamment de Nomadic Labs, l’un des principaux centres de recherche et développement qui contribuent au développement de l’écosystème autour de cette blockchain open source.

Il faut dire que l’approche de cette blockchain détonnait dans le secteur lorsqu’elle a vu le jour il y a cinq ans. "En 2018, c’était très académique. Il y avait beaucoup de professeurs et de scientifiques qui réfléchissaient aux grandes notions et à des structures extrêmement complexes. Tezos est un bijou technique", estime Oana Ladret Piciorius, présidente de Nomadic Labs, société qui compte 70 collaborateurs, dont 50 au pôle R&D. Mais le postulat de départ de Tezos, qui reposait notamment sur le Proof of Stake (preuve d’enjeu), était loin de faire l’unanimité dans l’écosystème blockchain. "Nous étions perçus comme une blockchain arrogante et très suffisante, avec beaucoup d’entre-soi. Aux yeux de certains, nous étions des snobs. C’était un peu dur", se souvient Hadrien Zerah, Head of Business Development de Nomadic Labs. "Il fallait casser cette perception. Ce qui manquait, c’était une proximité avec les utilisateurs. Nous avons réussi à modifier cela et nous sommes très appréciés désormais. On prend soin de l’écosystème", ajoute-t-il.

"Tezos a été conçu avec l’ambition d’être encore là dans 100 ans"

Après avoir prouvé son utilité et éduqué les acteurs susceptibles d’utiliser Tezos (cabinets de comptabilité, d'avocats, de consulting...), Nomadic Labs veut désormais élargir son rayonnement européen, après avoir éprouvé son modèle en France et au Benelux. "Il y a un coup à jouer en Europe, c’est à notre portée", assure Hadrien Zerah, qui voit dans la stabilité juridique européenne, notamment avec la loi Pacte en France puis le règlement MiCA dans l'UE, une aubaine pour monter en puissance. "On peut ouvrir des petites filiales pilotées par Nomadic Labs en Espagne, en Italie et en Allemagne pour améliorer notre couverture européenne. C’est ce qui pourrait aider Tezos à aller encore un peu plus loin. Nous espérons trouver les bons profils pour lancer l’ouverture de ces entités début 2024", ajoute-t-il.

L’opportunité est d’autant plus belle à saisir que le potentiel de la blockchain est immense. "Sur la blockchain, nous en sommes vraiment au tout début. Il y a beaucoup de choses qui vont se déployer dans les années à venir. Nous sommes en train d’observer un marché qui se crée, avec un potentiel économique assez extraordinaire. Malgré le bear market qui frappe le marché crypto, les gens continuent d’explorer et de tenter des choses. Il y a une résilience du marché, une curiosité qui persiste et une envie d’innover qui est toujours là. Nous préparons l’avenir, peut-être même le prochain boom économique", veut croire Oana Ladret Piciorius. "Tezos a été conçu avec l’ambition d’être encore là dans 100 ans", ajoute-t-elle.

Dans ce contexte, Hadrien Zerah estime que Tezos a une belle carte à jouer. "Il faut être patient, nous avons la meilleure technologie blockchain au monde. Ce qui manque aujourd’hui, c’est du business development. Dans le Web3, c’est assez frappant de voir qu’il y a peu de projets qui savent faire du business development, à l’exception peut-être de Polygone. Il y a une carence d’expertise à ce niveau. Mais il n’y a pas besoin d’avoir d’une armée, il faut juste trouver les bonnes personnes, les former, et bien les responsabiliser. Il y a un potentiel qui est très fort", explique le Head of Business Development de Nomadic Labs. Dans ce cadre, les cinq prochaines années s’annoncent décisives pour Tezos. Et quand viendra l’année 2028, il sera temps de faire un bilan de la première décennie d’existence de cette blockchain évolutive et ambitieuse.