« Il y a 50 millions de personnes qui vivent avec les séquelles d’un AVC et qui ne peuvent pas marcher correctement. Aujourd’hui, les seules solutions à leur disposition sont des cannes ou des déambulateurs et des orthèses qui viennent maintenir leurs jambes mais qui ne leur permettent pas de retrouver une bonne mobilité », explique Amaury Ciurana, cofondateur de la société Reev. Pour leur apporter plus de confort, cet ancien étudiant en école d’ingénieur s’est associé à Robin Temporelli afin de mettre au point une assistance robotisée. « Elle permet aux personnes souffrant de troubles de la marche de se sentir 30 % plus léger qu’avec une attelle ou une orthèse, pour se lever notamment », indique Amaury Ciurana.

Pour mettre au point leur solution, les deux entrepreneurs se sont inspirés du secteur automobile. « Notre technologie est une direction assistée miniature, adaptée au médical, qui permet de diriger le genou », illustre le cofondateur. Chaque assistance s’adapte à un patient spécifique en apprenant sa « signature de marche » et en la commandant à une intelligence artificielle, pour adopter une démarche sur-mesure.

Reev ciblera d’abord le marché américain

Toujours en phase de développement, la société, créée en 2021, vient de s’associer au leader européen de l’orthopédie, Thuasne, pour industrialiser son produit et commencer sa phase de test. Dans le même temps, Reev annonce sa première levée de fonds de 3 millions d’euros auprès de Polytechnique Ventures, IRDI Capital Investissement, Newfund et de business angels pour financer cette nouvelle étape.

Des fonds qui lui permettront également de lancer la commercialisation d’un second produit : un capteur permettant de réaliser des diagnostics de marche. « L’idée est de permettre à un éducateur de mieux suivre son patient pendant la rééducation et à terme, d’intégrer ce capteur à nos genouillères robotisées pour faire un produit sur-mesure pour chaque patient », souligne Amaury Ciurana. Cet outil est actuellement en test dans dix cliniques spécialisées en rééducation neurologique ou en appareillage médical.

Dans un premier temps, la société vise le marché américain et vient d’y créer une filiale avec deux salariés. « Les produits de ce type y sont remboursés et la réglementation est plus souple qu’en Europe », précise le dirigeant qui envisage, dans un second temps, de cibler la France et ses pays limitrophes.

1 personne sur 5 aura un AVC dans sa vie

A partir de la fin d’année, des tests seront effectués sur de premiers utilisateurs entre les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. L’industrialisation devrait, quant à elle, démarrer en 2024 pour une commercialisation en 2025, après avoir testé le produit dans un laboratoire du MIT.

La société, qui emploie 12 salariés, envisage dans le même temps de doubler ses effectifs et anticipe une forte croissance. « La population aux Etats-Unis et en Europe est vieillissante, avec des taux d’obésité de plus en plus importants », souligne le dirigeant. Selon la fondation pour la recherche sur les AVC, le nombre de nouveaux cas est de 150.000 par an. Ce qui représente un accident cardio-vasculaire toutes les 4 minutes. Et elle estime qu’une personne sur 5 aura un AVC dans sa vie.