Cela fait longtemps que nous essayons de renforcer la réponse immunitaire pour lutter contre le cancer. Il y a dix ans, la technologie des CAR-T est apparue. Elle permet de modifier génétiquement les globules blancs d’un patient pour les rendre plus forts face aux cellules cancéreuses », contextualise Renaud Vaillant, entrepreneur spécialisé dans l’ingénierie cellulaire, en particulier dans le domaine des immunothérapies. Sauf que cette technologie est très coûteuse, avec un budget d’environ 500.000 € par patient, et que la fabrication du traitement nécessite au moins six semaines en laboratoire.

Pour gagner du temps, éviter les échecs et diminuer les coûts, l’entrepreneur a mis au point une plateforme d’ingénierie cellulaire basée sur une nanoparticule permettant d’identifier les globules blancs et de les modifier génétiquement de manière instantanée. « Grâce à cette technologie, nous transformons la thérapie en un médicament et nous sommes capables de traiter un plus grand nombre de patients atteints de cancer du sang notamment », indique Renaud Vaillant, qui a créé la société Alaya.bio pour porter cette innovation.

Des brevets, des données, un laboratoire…

Pour accélérer, la startup née en 2022, avec le soutien d’un fonds d’investissement américain, vient de faire l’acquisition des actifs d’Ixaka France, une entreprise de biotechnologie positionnée sur le même marché. Une société qu’Alaya.bio connaissait déjà bien.

« Lorsque nous avons mis au point notre technologie, en 2017, nous l’avons vendue à Ixaka. Puis nous avons créé Alaya.bio pour développer une technologie un peu différente », raconte Renaud Vaillant. Finalement, Ixaka, par ailleurs engagé sur un autre essai clinique, a décidé de stopper ses activités juste avant l’été et a déposé le bilan en France. « Lorsque nous avons appris la nouvelle, nous nous sommes immédiatement positionnés pour racheter ses actifs », poursuit le dirigeant d’Alaya.bio.

Sur la partie technologique, la startup dispose de tous les brevets, des données précliniques et une licence exclusive sur l’utilisation de biopolymères spécifiques. « Nous avons également récupéré des locaux, des laboratoires aménagés, pour une fraction du prix. Au total, 3 millions d’euros ont été investis dans le matériel et un million dans le laboratoire », souligne Renaud Vaillant.

Une levée de fonds d’environ 10 millions d’euros en préparation

Grâce à ces actifs, Alaya.bio, qui était à un stade de maturité moins avancé, réalise un « bond en avant de plusieurs mois ». « Cela va nous permettre d’accélérer énormément notre programme, ça nous fait gagner un temps précieux. Avec Alaya, nous n’avions pas encore toutes les preuves du concept préclinique. Aujourd’hui, nous pouvons prouver l’efficacité des cellules CAR-T génétiquement modifiées », insiste le dirigeant.

Pour la startup, la prochaine étape est une levée de fonds d’environ 10 millions d’euros. L’objectif : développer la plateforme sur une cible un peu différente de celle développée jusqu’à présent et lancer les opérations cliniques d’ici deux ans au maximum.

Avec ces fonds, Alaya.bio envisage d’amener un premier produit en clinique pour montrer l’intérêt de sa plateforme et mettre en place des partenariats avec des sociétés pharmaceutiques pour utiliser sa solution pour d’autres pathologies. « À terme, nous souhaitons travailler sur d’autres cancers dits ”liquides”, ou “solides”, des maladies auto-immunes ou des maladies génétiques, pour qui nous n’avons pas, aujourd’hui, de solution car les coûts de développement sont prohibitifs. »