Dans la jungle des startups tech, une nouvelle espèce a émergé : les centaures. Ces créatures de la mythologie grecque, au corps de cheval et à la tête d’humain, représentent dans le jargon de l’écosystème tech, les startups dont l’ARR (revenus récurrents annuels) dépasse les 100 millions de dollars. Ont-ils vocation à remplacer les licornes, ces startups valorisées à plus d’un milliard de dollars ? C’est la question posée lors d’un panel organisé à l’occasion de l’édition 2023 du Web Summit, à Lisbonne, auquel participait notamment Maya Noël, la directrice de France Digitale.

Pour Drew Glover, general partner chez Fiat Ventures, un VC californien spécialisé dans les fintechs, la “course aux licornes” est terminée. Si la valorisation a longtemps été l’unité de mesure du succès d’une startup, aujourd’hui, c’est davantage la génération de revenus qui est appréciée. « L’écosystème revient aux fondamentaux et à une mentalité business plus traditionnelle. Les business modèles permettant d’atteindre la rentabilité sont à nouveau les plus plébiscités par les investisseurs », déclare-t-il. « Aujourd’hui la rentabilité règne en maitre-mot, pour autant, il ne faut pas oublier que construire une startup implique une prise de risque. L’enjeu est de trouver le juste équilibre, tout en prenant en compte le cycle économique », nuance toutefois Maya Noël, directrice de France Digitale.

Les centaures, une rare évolution des licornes

Pour autant, ce changement de paradigme ne signe pas la fin des licornes. « Si vous êtes un centaure, vous êtes déjà probablement une licorne », commente Drew Glover. « Les licornes et les centaures peuvent représenter la même entreprise à différents stades de sa vie. Le premier objectif est de devenir une licorne et de créer de la confiance autour de son business. Ensuite, il faut démontrer sa performance et devenir un centaure », partage Maya Noël. Pour autant, toutes les licornes n’auront pas la chance de devenir des centaures, loin de là. Les centaures restent une espèce bien plus rare que les licornes. Selon un rapport de Bessemer Venture Partners, établi en 2022, 520 licornes sont nées en 2021 contre 60 centaures.

Alors comment atteindre ce statut de centaure ? « La clé d’un business solide, c'est la diversification et la multiplication de ses sources de revenus. Je suis convaincu que le futur des fintechs c’est d’être intégrées dans tout ce que nous faisons au quotidien, de manière invisible pour le consommateur final », partage Drew Glover.

Quel avenir pour les centaures ? 

« Recevoir le titre de centaure n’est pas une fin en soi. Quand une startup atteint ce stade, elle peut encore faire face à de nombreuses difficultés : manque de capitaux, manque d’opportunités de sorties. Il y a encore tout un travail à faire pour amener ces centaures au stade d’après », souligne Maya Noël. 

Quel est donc l’avenir envisagé pour une startup qui a atteint le stade de centaure ? À la question, “les centaures ont-ils vocation à manger d’autres centaures”, les réponses des participants sont unanimes. Il ne s’agit pas d’un processus destructeur, mais au contraire d’un processus créateur. « Étant donné la situation économique, certaines startups devront être rachetées pour que leur activité survive. Mais je vois plutôt cela comme l’opportunité de créer de vrais champions internationaux », répond Maya Noël. « Les centaures vont fusionner avec d’autres centaures et créer des versions encore plus évoluées de startups. Mais les centaures pourront aussi fusionner avec des sociétés plus traditionnelles, des fintechs établies fusionnant avec des acteurs traditionnels de la finance pourront donner des choses vraiment intéressantes », conclut-elle.