Cédric O continue de tisser sa toile dans l’intelligence artificielle (IA). Déjà co-fondateur non-exécutif et conseiller de la startup Mistral AI, fleuron français de l’IA générative, l’ex-secrétaire d’État au Numérique va désormais épauler Artefact. En effet, le cabinet de conseil spécialisé dans la data, le data marketing et l’IA annonce aujourd’hui la nomination de Cédric O en tant que membre indépendant de son conseil de surveillance. Dans ce cadre, il épaulera la société sur des enjeux liés à la formation, à la recherche et à l’accélération de l’adoption de l’IA en entreprise.

Avec Cédric O à son board, Artefact se dote ainsi d’un atout supplémentaire pour gagner en visibilité. C’est aussi un gage de crédibilité dans le secteur florissant de l’IA générative. «J’ai pris contact avec Cédric à sa sortie du gouvernement. Sous son mandat à Bercy, l’IA a explosé. Il était au cœur du réacteur. J’avais en tête de faire grandir le conseil de surveillance avec des personnes pouvant apporter un point de vue complémentaire par rapport au management et aux actionnaires. Avec l'accélération de ces derniers mois dans l’IA, nous avons estimé que c’était le bon moment pour que Cédric nous rejoigne. Après avoir passé le cap des 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, nous avions besoin d’une personnalité pour faire évoluer notre vision stratégique», explique Vincent Luciani, co-fondateur et CEO d’Artefact, à Maddyness.

Vincent Luciani : «Nous n’avons pas vraiment d’équivalent dans le monde»

Pour Cédric O, ce nouveau rôle, approuvé par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) qui avait bloqué l’an passé son arrivée au sein du conseil d’administration d’Atos, s’inscrit dans sa volonté de contribuer à l’accélération de l’adoption de l’IA dans les entreprises tricolores. «C’est très important pour moi de pousser pour que la France prenne le virage de l’IA. Que ce soient des grands groupes, des ETI ou des PME et des TPE, il faut ces entreprises réussissent à pivoter. Ce qui m’inquiète cependant, c’est de savoir si l'on va assez vite ?», s’interroge l’ex-secrétaire d’État, qui figure également au sein du comité d’experts sur l’IA lancé par Élisabeth Borne. Avant d’ajouter : «Il faut des technologies d’IA comme celles développées par Mistral AI, Dust ou encore Poolside. C’est génial, mais il faut les déployer désormais. Cela nécessite d’avoir un savoir-faire technique et une approche pour l’adapter aux grands groupes. Artefact possède ces qualités sur le plan technique et en matière de déploiement qui sont essentielles et assez rares.»

Aux yeux de Vincent Luciani, Artefact a en effet développé une approche qui tire son épingle du jeu, et pas seulement en France. «Nous passons beaucoup de temps à regarder ce que font d’autres entreprises dans le monde sur le sujet et il n’y en a pas tant que ça. Aux États-Unis par exemple, il y a des modèles qui sont soit axés sur l’IT, soit très tournés vers le conseil, mais les positions hybrides sont très rares», observe le patron du cabinet de conseil. «Il y a beaucoup d’éléments transverses à prendre en compte, comme l’adoption, la compréhension, la confiance et la maîtrise des modèles de données, autour de ces technologies. Par conséquent, nous n’avons pas vraiment d’équivalent dans le monde», ajoute-t-il.

Cédric O : «J’ai envie que la France gagne»

Cette approche a tapé dans l’œil de Cédric O, qui estime qu’il est crucial de se positionner sur l’ensemble des maillons de la chaîne en matière d’IA pour mettre de l’huile dans les rouages. «J’ai envie que la France gagne, que les entreprises ambitieuses gagnent. C’est bien d’avoir des modèles de langage dans l’IA, mais il faut que l’on reste compétitif dans plein de secteurs, comme l’aéronautique, le luxe et j’en passe. C’est un combat de tranchées», analyse le lieutenant de la première heure d’Emmanuel Macron.

La pensée de Cédric O est prolongée par Vincent Luciani, qui partage l’importance pour les entreprises de monter dès maintenant dans le train de l’IA générative, mais pas n’importe comment. «Sur le soutien aux entreprises françaises, il y deux sujets : un débat de souveraineté et un débat de compétitivité. Dans ce cadre, il est absolument clé d’avoir accès à la meilleure technologie partout dans le monde. C’est essentiel pour les grands groupes de trouver les meilleures solutions pour être compétitifs», assure-t-il.

Dans cette perspective, le CEO d’Artefact prône une approche hybride. «Ce qui se passe avec la logique open source est intéressant car il y a une vraie différence entre s’approprier l’IA et l’acheter à une puissance étrangère. Il faut essayer d’hybrider cette réflexion et développer la souveraineté sur ce sujet. Mais il ne faut pas tomber non plus dans l’isolationnisme, ni la naïveté», nuance Vincent Luciani. Un équilibre pas si simple à trouver alors que l’arrivée de ChatGPT a déclenché une euphorie sur le marché de l’IA qui n’est toujours pas retombée. Charge à Cédric O de distiller les bons conseils à Artefact et Mistral AI pour en faire des acteurs mondiaux de premier plan dans le développement et le déploiement de solutions IA au sein des entreprises.