Fondée en 2020, Okomera, biotech française spécialisée dans la lutte contre le cancer, annonce une levée de fonds en seed de 10,2 millions d’euros. Menée par Résonance (un fonds early stage d’Otium Capital), avec Polytechnique Ventures, Berkeley Skydeck Fund et des business angels historiques (dont Jacques Lewiner), l’opération doit lui permettre « d’améliorer sa technologie pour passer en phase industrielle la construction de sa machine », explique le CEO Sidarth Radjou. Un préalable pour devenir le standard de la médecine fonctionnelle de précision, en installant son dispositif dans les centres de cancérologie du monde entier.

Concrètement, Okomera, cofondé par Raphaël Tomasi (CTO) et le Professeur Charles Baroud, puis rejoint par Sandra Jernström (CSO) et Sidarth Radjou (CEO), a inventé un dispositif médical pour tester l’effet d’un panel de thérapies (chimiothérapies, thérapies cellulaires, thérapies combinées) sur les cellules issues d’une biopsie tumorale. Pour y parvenir, elle crée des répliques miniatures de chaque tumeur sur une puce microfluidique. Sa machine, qui embarque de l’intelligence artificielle, est ensuite en capacité d’analyser la réponse des tumoroïdes aux différentes options thérapeutiques. « L’IA analyse les données que nous générons. Elle calcule des scores d’efficacité et suggère des combinaisons de thérapies », appuie Sidarth Radjou. Avec deux ambitions : développer de nouveaux médicaments contre le cancer et identifier les traitements adaptés à chaque tumeur.

Une levée, trois objectifs pour Okomera

Cette levée sera décisive pour dépasser le stade de proof of concept et passer à la phase d’industrialisation de son dispositif de production de tumoroïdes et de test de traitements contre le cancer. « Cette technologie de rupture, fruit de sept années de R&D, repose aujourd’hui sur 4 brevets internationaux », affirme le CEO. Elle intéresse ainsi les services d’oncologie tout comme l’industrie pharmaceutique pour la mise au point de nouveaux traitements contre le cancer.

La jeune pousse, qui emploie pour l’heure une vingtaine de scientifiques internationaux, des ingénieurs spécialisés en microfluidiques aux biologistes en passant par des spécialistes de l’IA, a déjà noué des partenariats emblématiques. Elle travaille notamment avec Gustave-Roussy, le premier centre de lutte contre le cancer en Europe, l’institut de Cambridge du Cancer Research UK ou des big pharma. C’est justement pour intensifier ses relations avec les grands laboratoires pharmaceutiques qu’Okomera s’installe à San Francisco avec trois personnes. Une place américaine « où il est plus facile de contractualiser avec l’industrie pharmaceutique », estime Sidarth Radjou. Manière aussi de générer des premiers revenus tout en poursuivant le déploiement de sa technologie via une R&D qu’il souhaite “garder en France”.

La levée permettra en outre de commencer une validation précoce de la pertinence médicale de la solution avec « des centres cliniques de renom en Europe et aux États-Unis ».

On connaît le long chemin des biotech avant la mise sur le marché de leurs produits. Dans le cas de ce dispositif médical de diagnostic in vitro, Sidarth Radjou vise 2028-2029. Ce, au terme de deux phases d’essais cliniques qu’il envisage de financer à la faveur d’une nouvelle levée de fonds en 2025. Pour in fine, améliorer la prise en charge des patients atteints d’un cancer.