A Davos en Suisse, les grands de ce monde dissertent cette semaine sur la thématique “Reconstruire la confiance”. La confiance et la sécurité de nos documents d’identité officiels, comme en matière fiduciaire, est justement l'une des conditions sine qua non de la bonne marche des dispositifs déployés par les Etats. C’est en réponse à ces besoins qu’est né à Lille, en 2010, Crime Science Technology.

A la tête de cette PME, Cosimo Prete. Cet ancien de la police scientifique, expert en matière de fraude documentaire, a quitté une voie toute tracée au sein de l’institution policière pour se consacrer au développement de nouvelles technologies. En 15 ans, il compte plusieurs technologies de rupture brevetée dans 30 pays, bien souvent développées par des majors ou les Etats eux-mêmes. 

“Meilleur passeport 2023” au monde

Ses premiers travaux portent sur la révélation des empreintes digitales pour l'identification des criminels. Puis il s’oriente vers un process infalsifiable pour la sécurisation des documents d’identité.

Baptisée O.V.M (Optical Variable Material), “à la frontière entre la chimie et l’optique, notre dernière technologie combine plusieurs éléments de sécurité aux propriétés visuelles disruptives. Elle se présente sous forme de matière première polycarbonate ou d’encres sécurisées qui sont optiquement variables”, détaille, depuis Davos, Cosimo Prete qui vante le “premier plastique au monde sécurisé”. En 2018, l’innovation tape dans l'œil de l’imprimerie nationale allemande, réputée pour être l’une des plus exigeantes au monde. Suivent de nombreux contrats : en Turquie, au Mexique ou encore dernièrement en Australie, pays qui a choisi d’embarquer le savoir-faire de CST dans sa nouvelle génération de passeport, élu “meilleur passeport 2023”.

Opération séduction française et levée de fonds

Mais comme souvent, nul n’est prophète en son pays. Crime Science Technology réalise 95% de son chiffre d’affaires à l’export, avec parmi ses clients, des institutions de renom, telles que le FBI ou Scotland Yard.

“Malgré des approches, nous ne travaillons pas avec l’administration française”, regrette le fondateur qui ne perd pas espoir suite à ses échanges directs avec le président de la République lors de ce déplacement à Davos. 

Convaincu de son approche révolutionnaire, le quadra qui dispose, en plus de ses bureaux lillois, d’une unité de production dans les Yvelines, trace sa route. S’il préfère tenir secret son chiffre d’affaires, Cosimo Prete est aujourd’hui fort de 16 salariés, dont beaucoup issus de la prestigieuse université Paris-Saclay. Un effectif qu’il envisage de doubler fin 2024.

Le premier semestre sera aussi marqué par le closing d’une “levée de fonds importante” confiée à Rothschild. Jusqu’à présent soutenu par Bpifrance, ainsi que par les fonds régionaux des Hauts-de-France, Finovam, FIRA et Nord France Amorçage, il pense désormais “ouvrir le capital aux fonds de l’Etat français”. Façon “de rendre au pays ce qu’il m’a offert”, estime Cosimo Prete, “enfant d’immigrés italiens qui ont tout donné pour offrir des études à leur fils”. 

Cette nouvelle étape lui permettra surtout de poursuivre son accélération à l’international, d’étendre ses capacités de production - au terme d’un investissement de plusieurs millions d’euros - et de livrer des banques centrales, son prochain défi étant la sécurisation des billets de banques. Et peut-être enfin séduire les décideurs français, quand bien même il moissonne les récompenses dans le pays : label BPI France Excellence, lauréat French Tech Scale Up Excellence, championne de l’innovation de la Team France Export (Business France), prix de l’entreprise internationale de la French Tech, grand Prix du Jury CCI International. Il ne lui manque plus qu’un contrat de confiance avec la France.