Alors que les investissements dans les startups françaises ont connu un fort ralentissement entre 2022 et 2023, avec une baisse de 43 %, un secteur tire son épingle du jeu en France : les transports. Le montant des levées de fonds a augmenté de 12 % entre 2022 et 2023, pour atteindre un record de 1,9 milliard d’euros. Un dynamisme constaté tant sur l'early que le late stage.

Ces résultats sont issus de l’Observatoire des startups françaises de la mobilité, publié aujourd’hui par le Moove Lab, fondé par Mobilians et Via ID, et Roland Berger. Il met en avant les tendances d’innovation dans le secteur en s’appuyant sur les levées de fonds réalisées par les startups de l'écosystème depuis 2014. Deux volets sont analysés : celui des transports au sens large du terme, à savoir toutes les solutions pour la circulation des personnes et des marchandises, sur terre, mer ou dans les airs ; et celui de la mobilité quotidienne des personnes et des services de l’automobile, qui correspond aux métiers accompagnées par Mobilians et le Moove Lab.

Les startups françaises répondent aux enjeux du transport 

Premier enseignement : les levées de fonds réalisées par des startups actives dans  l'électrification des transports représentent 73 % des montants levés en 2023, contre seulement 13 % en 2019. « Nous pouvons constater que les startups françaises répondent aux enjeux clés de décarbonation du secteur, mais il faut vraiment poursuivre la dynamique aux niveaux réglementaire et financier » précise Clément Guillemot, Directeur des programmes startup et de l’écosystème de Via ID.

L’autre point de vigilance concerne les investissements en growth stage, entre 15 et 40 millions d’euros, avec une légère baisse entre 2022 et 2023, car « si nous ne sommes pas capables de faire passer des startups à l’échelle, nous ne pourrons pas créer les champions de demain » souligne-t-il. Le early stage, des levées de fonds inférieures à 15 millions d’euros, a en effet, lui, connu une croissance de 33 % entre 2022 et 2023, quand le late stage, avec des sommes supérieures à 40 millions d’euros, a été marqué par une année record de six levées de fonds pour un montant de 1,3 milliards d’euros.

La France, deuxième écosystème d'innovation dans les transports en Europe

Autant de signaux positifs qui positionnent aujourd’hui la France comme le deuxième écosystème d'innovation dans les transports en Europe, après le Royaume-Uni. Les deux pays, ainsi que la Norvège, sont les seuls à avoir constaté une hausse des levées de fonds dans ce secteur, qui ont été en moyenne en recul de 24 % en 2023 dans le reste du vieux continent. Selon Clément Guillemot, « la France bénéficie de la qualité de son système entrepreneurial, soutenu par l’État, les collectivités, les entreprises, les écoles, bref un tissu qui favorise l’innovation ».

Deux régions sortent clairement du lot dans l’écosystème des startups des transports : l’Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes qui monopolisent 87 % des montants levés, 85 % depuis dix ans. Mais Clément Guillemot se réjouit du fait que « les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Hauts-de-France ont levé chacune plus de 100 millions d’euros au cours des dix dernières années et témoignent des écosystèmes dynamiques en région ».

Le périmètre de la mobilité et des services de l'automobile

Sur le périmètre des startups de la mobilité et des services de l'automobile en France, les levées de fonds ont atteint près de 750 millions d’euros en 2023. « La baisse des montants levés entre 2022 et 2023 est un résultat en trompe-l’oeil, dû à un effet de seuil sur le segment du late stage sur la période d'analyse. Par ailleurs  l’early stage a augmenté de quasiment 50 % et le growth stage de 22 %, un segment de financement qui a fortement marqué le pas dans le reste de l’écosystème startups » analyse Clément Guillemot.

Il est à noter aussi une hausse de 1.600 % depuis 2021 des levées de fonds au niveau du commerce automobile et de la distribution d'énergie, tirées par l'activité d'infrastructure de recharge. Les segments de l’économie circulaire mais aussi du cycle et des micromobilités sont passés en quelques années d’un montant quasi négligeable à plus de 100 millions d’euros d’investissements en 2023, du fait des usages en fort développement.