Jean-David Blanc est un profil atypique de l’entrepreneuriat français. Alors qu’il a grandi dans une famille de musiciens, il a préféré apprendre à programmer sur une calculatrice. Il a aussi passé de nombreuses heures dans une arrière-boutique à la découverte de l’un des premiers ordinateurs personnels. Jean-David Blanc aura ensuite le destin qu’on lui connaît : des premières activités sur Minitel, il va ensuite créer un numéro de téléphone pour connaître les horaires du cinéma, les prémices de l’empire Allociné qu’il revendra ensuite au groupe Canal+. Il va ensuite réitérer sa volonté d’impacter le secteur du divertissement en proposant une autre expérience de la télévision avec Molotov.

Lors de la rencontre de Jean-David Blanc avec une poignée de lecteurs de Maddyness, l’entrepreneur a partagé une anecdote fascinante, un moment de son histoire où l’on ne peut pas s’empêcher de se demander “et si ?”... Car ce moment aurait pu avoir de grandes répercussions sur le paysage du streaming aujourd’hui.

Créer Netflix avant l’heure ?

À cette époque, Allociné a déjà apporté son lot d'innovations dans le secteur du cinéma. Si ces éléments paraissent être une évidence aujourd’hui, Allociné apporte de 1993 à 1999 plusieurs améliorations notables dans l’expérience utilisateur : de ce numéro de téléphone qui permet de connaître les séances rapidement, au modèle économique qui préfigure ce que Google Adwords proposera vingt ans plus tard, à l’achat de billets à l’avance.

Allociné est aussi l’un des premiers sites web à proposer le visionnage de bandes-annonces sur internet. Auparavant, celles-ci étaient réservées aux salles obscures. Sur Allociné, elles ont d’abord la taille d’un timbre-poste, mais très vite les vidéos gagnent en qualité. C’est un succès phénoménal pour la plateforme qui voit son trafic exploser.

Jean-David Blanc a alors la vision d’un service qui permettrait de visionner des films directement en ligne, en utilisant la technologie du streaming. « On peut créer le premier vidéoclub virtuel », se met-il à rêver.

Il revend Allociné pour ce projet

Nous sommes en 1999, Netflix ne commencera son activité de streaming qu’en 2007. À cette même période, le groupe Canal+ propose de racheter Allociné pour se lancer dans le digital. Jean-David refuse : « Je leur ai dit que l’on était pas à vendre. On était l’une des premières startups en France et on faisait déjà des profits. »

Pourtant, pour la création de ce qu’il nommera Allociné Home Videos, il lui manque l’accès à un catalogue de films. Il pense aux droits détenus par Canal+ et décide de les rappeler. Il rencontre alors Pierre Lescure, président de Canal+, à qui il dévoile sa vision d’un vidéo club virtuel. « Il m’a dit qu’il ne comprenait rien à ce que je racontais, mais que cela avait l’air génial. J’ai donc accepté de fusionner avec Canal+ pour développer ce projet. »

Le projet, parfois nommé Allociné Home Vidéo, parfois Canal+ Digital, ne se fera finalement jamais. Pierre Lescure est remercié du groupe par son nouvel actionnaire Jean-Marie Messier et les priorités changent. « L’histoire de Netflix n’aurait pas été la même avec Allociné Home Videos, ça c’est sûr », confie Jean-David Blanc.

Vous pourrez retrouver Jean-David Blanc à la MaddyKeynote, le 28 mars au Palais Brogniart. Il abordera le thème de l’art et de la culture face à l’IA aux côtés de David Princay, président de Binance France, et Sarah Lelouch, fondatrice et CEO de LaDCF et techCannes. Découvrez le programme et prenez votre place.