12 % des startups françaises, jeunes entreprises innovantes à vocation de créer des productions industrielles, participent de la réindustrialisation des territoires souhaité par l’Etat depuis la crise sanitaire. « Même si on ne lève pas autant de capitaux que les environnements chinois ou américains qui subventionnent massivement leur industrie, financièrement, on est dans le bon timing ! », sourit Sébastien Faivre, PDG d’H2SYS. Pour développer son usine à l’horizon 2025 dans le territoire de Belfort, la jeune pousse, qui conçoit et fabrique des systèmes de pile à combustible et des groupes électrogènes à hydrogène, profite d’autres atouts : un écosystème dynamique pour son secteur et un bassin d’emploi marqué par l’industrie.

Pour passer d’un atelier qui produit 150 machines par an grâce à trois lignes de production à une usine capable d’en fabriquer annuellement entre 800 et 1 000, la startup mise sur la qualité des équipes. « On ne passe pas de startup le vendredi soir à PMI le lundi matin. Ce changement implique d’avoir des effectifs qui ont déjà travaillé en industrie, qui ont cette culture, le savoir-faire des processus et des structures nécessaires. »

Le point de vue de l’investisseur

Les investisseurs identifient eux aussi le rôle majeur des talents pour basculer d’un état à l’autre. « Il faut se concentrer sur ceux qui ont l’expérience car gérer une ligne de production est un métier différent avec d’autres typologies de postes et de process », insiste Guilhem de Vregille, Partner chez XAnge, qui constate un retour en force de l’industrie dans l’univers des startups. « On voit un nouveau profil d’entrepreneurs avec des projets plus ambitieux et plus verticalisé. »

L’expert met l’accent sur l’enjeu à la fois financier et d’attractivité pour la startup de savoir au plus tôt s’entourer. « Dès le début, c’est dans l’ADN des startups d’avoir une vision de l’industrie. Il s’agit d’un passage challengeant financièrement au moment de la mise en place de la première ligne industrielle. Avant, l’entreprise peut faire un peu de chiffre d’affaires sans disposer pour autant de l’attractivité commerciale suffisante pour lever mais elle a pourtant besoin de financements. » S’il faut un certain niveau d’explosivité pour convaincre les VC d’investir, la phase d’industrialisation bénéficie souvent de soutiens financiers publics provenant des régions, de l’Etat ou de l’Europe.

De l’importance d’anticiper

Si tous s’accordent à dire que la clé du succès réside dans le choix des équipes, Jean-Sébastien Moulet, cofondateur de Wormsensing encourage à l’anticipation. La startup, qui désigne, fabrique et commercialise des capteurs de vibration, a inauguré sa première ligne de production en janvier à Grenoble. « On a travaillé sur le process industriel dès le début en identifiant toutes les briques nécessaires au process de production. On a réfléchi à la façon de fabriquer simplement et efficacement, au moins cher, en consommant moins d’énergie. »

En investissant deux millions d’euros pour s’équiper des machines nécessaires, la jeune pousse passe d’une production de quelques centaines de capteurs à deux millions d’unité par an. « Nous allons devoir passer un gap pour une autre phase d’industrialisation afin de fournir plus de volume avec un nouveau marché qui se profile. »