Cyrille de Lasteyrie n’est pas motivé par l’argent. Sa monnaie, c’est le kif. L’homme a ainsi multiplié les expériences pour le bonheur de les vivre. C’est de cette manière qu’en 2007, il s’est retrouvé bras droit de Loïc Le Meur pour lancer Seesmic depuis la Silicon Valley. Une expérience qui a marqué son parcours.

Tout a commencé en 2005 alors qu’il travaillait encore dans l’agence de conseil en communication qu’il avait cofondée. On lui conseille alors de créer un blog. Il lance « 20/20 peut mieux faire », un média qui lui donnera son pseudonyme de “Vinvin”. Le blog est remarqué et Cyrille de Lasteyrie se retrouve sur un plateau télé aux côtés de Loïc Le Meur.

De blogueur à entrepreneur

« On s’est tout de suite bien entendu et quand il est parti créer Seesmic aux États-Unis, je l’ai suivi avec femme et enfants. » Si la startup de partage de messages vidéo en asynchrone a connu une fin brutale, l’entrepreneur ne regrette absolument rien de cette expérience qui a lui fourni une collection de moments mémorables. « La meilleure journée de ma vie professionnelle, je l’ai vécu chez Seesmic quand j’ai pu passer une journée chez John Cleese, Le Monty Python qui m’a donné envie de déconner dans la vie quand j’avais treize ans. »

L’aventure Seesmic lui a apporté une leçon qu’il continue encore aujourd’hui de mettre en pratique. Si de nombreuses startups se félicitent d’avoir un focus produit, Cyrille de Lasteyrie rappelle l’importance de ne pas oublier le client. « On parlait à Robert Scoble et à Mike Harrington (deux blogueurs très influents aux États-Unis, ndlr), on parlait aux chefs d’entreprises, à la sphère tech et business… sans se rendre compte que nos utilisateurs étaient principalement des femmes au foyer, des chômeurs et des sourds. »

En effet, l’équipe découvre sur le tard l’importance des personnes malentendantes parmi leurs utilisateurs. En effet, il était possible d’utiliser le service pour se parler de manière asynchrone en utilisant la langue des signes à une époque où il n’existait pas de service équivalent. « Je pense que l’on s’est trompé de cible. On aurait même pu créer une nouvelle boîte spécifiquement pour les sourds tant le produit répondait à un vrai besoin. Cette expérience m’a vraiment donné une obsession du client. Et puis il aurait fallu recruter un DG américain. On était deux Français qui débarquaient aux États-Unis et ce n’était pas le meilleur calcul. »

L’expérience reste donc gravée dans la mémoire de Cyrille de Lasteyrie qui a vécu son petit rêve américain… Il partagé le même immeuble que Zynga (créateurs de jeux vidéos mobiles) : « Ils ont commencé à douze. Deux mois plus tard, ils étaient soixante. Six mois après, ils étaient deux cents. Il y avait une énergie ! »

Quand il rentre en France après la fermeture de Seesmic, l’entrepreneur va continuer sa trajectoire pendant encore une année dans l’écosystème startup en tant que CEO de la startup Hellotipi. « Il faut quand même coller au plus près de ce que tu sais faire le mieux… et moi c’était le contenu. »

De blogueur à blagueur

Une nouvelle phase de la vie de Cyrille de Lasteyrie commence avec la création de Story Circus, une société de production audiovisuelle qui a produit des séries à succès comme Data Gueule, le Grand Webze ou encore le Vinvinteur, une émission diffusée chaque dimanche à 20 heures sur France 5.

« C’est probablement l’expérience où je me suis le plus éclaté. On écrivait le lundi, on tournait le mardi, on montait le mercredi, jeudi, vendredi et on le donnait à la chaîne le samedi pour une diffusion le dimanche. On a eu ce rythme-là pendant un an avec une belle équipe, des beaux budgets et une paix royale : ils n’ont rien censuré en un an. »

Pour son kif suivant, il va réussir à convaincre Michèle Laroque de mettre en scène son one-man-show. « J’avais ce rêve de théâtre, c’était génial. Et j’y retourne à partir du 30 mai à la Compagnie du Café-Théâtre de Nantes avec un spectacle qui s’appelle "Ça dégage!", avec en baseline ‘le duo qui rigole dans un monde qui part en couille’. »

Il lui reste donc deux kifs pour finaliser sa liste : publier un roman et écrire pour le cinéma. Pour le premier, il commence à chercher une maison d’édition pour le livre qu’il vient d’écrire. Pour le deuxième, il se laisse jusqu’à 2027 pour réaliser ce rêve. « J’ai toujours mené une vie qui n’était pas très rectiligne, je vais là où je sens que c’est sympa et intéressant. Mais le fil rouge est assez limpide, c’est la création d’histoire. J’ai un talent pour dénouer les problèmes en racontant des histoires. »