Sur un marché de la tech où le débit du robinet à cash s’est fortement réduit depuis près de deux ans, les startups qui s’inscrivent dans le cadre de la transition écologique tirent leur épingle du jeu. Face à une prise de conscience générale de l’urgence climatique et des réglementations qui obligent les entreprises à revoir leur approche environnementale, le terrain est en effet propice à l’usage de solutions innovantes comme celle de Greenly.

Lancée en 2019 par Alexis Normand et Matthieu Vegreville, des anciens de Withings, et Arnaud Delubac, ex-responsable de la communication digitale au cabinet du Premier ministre, la société s’est attelée au départ à proposer une application mobile aux particuliers pour leur permettre de calculer leur empreinte carbone à partir de leurs relevés bancaires, avant de s’ouvrir aux PME en 2021 avec une levée de fonds de 2,5 millions d’euros qui a permis de déployer une plateforme logicielle dédiée.

«Bientôt, le suivi des émissions de CO2 deviendra pour les entreprises aussi commun que la gestion financière»

Après avoir bouclé un tour de table en série A de 21 millions d’euros en avril 2022, la startup annonce aujourd’hui une série B de 49 millions d’euros. A cette occasion, le fonds Fidelity International Strategic Ventures est entré à son capital, tout comme Benhamou Global Ventures, Move Capital, HP Enterprise et HSBC. En parallèle, les fonds XAnge et Energy Impact Partners ont décidé de remettre au pot. En marge de cette opération, Greenly précise également que Brian Halligan, co-fondateur et président de HubSpot, va mettre son expérience à profit pour soutenir le développement de la société.

Celle-ci, qui enregistre désormais plus de 10 millions de dollars de revenus annuels récurrents (ARR), entend s’appuyer sur ce nouveau financement pour poursuivre son développement à l’international et toucher une plus large typologie d’entreprises. «Bientôt, le suivi des émissions de CO2 deviendra pour les entreprises aussi commun que la gestion financière. Cette série B nous donne un élan considérable pour y parvenir plus rapidement. L’objectif de Greenly est d’aider les entreprises à s’adapter à cette nouvelle ère où la croissance durable est synonyme de valeur à long terme», explique Alexis Normand, co-fondateur et PDG de Greenly. La jeune pousse ambitionne de permettre la réduction de 1 milliard de tCO2e d'ici 2030.

Un contexte réglementaire favorable

Dans cette perspective, la société entend tirer profit d’un contexte réglementaire favorable, notamment avec la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) qui s’inscrit dans le cadre du Green Deal lancé en 2019 par la Commission européenne pour que l’UE atteigne la neutralité climatique d'ici 2050. Les choses bougent également de l’autre côté de l’Atlantique sous l’impulsion du régulateur américain des marchés financiers, la SEC, qui oblige désormais les sociétés cotées à Wall Street à communiquer des données sur leurs émissions de gaz à effet de serre.

«Bien entendu, il y a un contexte réglementaire qui va doper la demande dans les années à venir. Dans ce cadre, nous ne voulons pas construire une plateforme pour accompagner seulement 2 000 entreprises, mais 100 000. Cette année, on espère déjà en toucher 4 000 à 5 000», indique Alexis Normand. Avant d'ajouter : «On est sur un marché qui est encore en train d’être éduqué.» L’entrepreneur tricolore n’est pas le seul à vouloir surfer sur la vague favorable qui se profile à l’horizon. Ainsi, Sweep, un autre spécialiste de la comptabilité carbone fondé notamment par Rachel Delacour, a débarqué en 2020. Ce dernier a levé plus de 70 millions d’euros en avril 2022 et vient même de racheter Consequence, un concurrent britannique.