Elaia va changer d’envergure. En effet, la société française de capital-risque, réputée notamment pour son expertise dans les levées d’amorçage dans la deeptech, va pouvoir s’appuyer sur Lazard pour s’aventurer dans le financement de pépites françaises et européennes en late-stage et equity-growth. La signature de l’accord entre Elaia et la banque d’affaires américaine vient concrétiser des négociations exclusives entamées à la fin de l’année 2023. Néanmoins, l’initiative reste soumise à l’approbation de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Cette alliance implique la création d’une nouvelle société de gestion d’actifs, baptisée Lazard Elaia Capital. Celle-ci sera détenue à 75 % par Lazard et à 25 % par Elaia. Cette nouvelle structure sera basée à Paris et dirigée par Xavier Lazarus, l’actuel patron d’Elaia. Pour autant, ce dernier conservera ses fonctions actuelles au sein du fonds d’investissement tricolore. «Il n’y a aucun retrait dans mes activités d’Elaia. Je risque juste de travailler à plus de 100 %, mais c’était déjà un peu le cas», confirme-t-il avec le sourire auprès de Maddyness. Au sein de Lazard Elaia Capital, Xavier Lazarus sera appuyé par une équipe en cours de recrutement.

Le partenariat noué entre Elaia et Lazard va permettre aux deux acteurs de s’aventurer sur de nouveaux terrains de jeu. «Lazard est un champion de l’asset management qui avait une volonté de se développer sur des actifs non-cotés à l’international. En Europe, il s’est intéressé au growth, où il y avait des positions à prendre. Mais Lazard a dressé un constat : il n’était pas armé en interne pour adresser la question, ce qui a donc engendré la recherche d’un éventuel partenaire pour y parvenir», explique Xavier Lazarus. Avant d’ajouter : «Il y a eu des discussions depuis près d’un an et nous sommes arrivés à la conclusion que ça valait le coup d’aller plus loin.»

«Il y a une vision très long terme avec Lazard»

L’objectif est non seulement d’aller plus avec la société de gestion d’actifs nouvellement créée, qui doit permettre de dégainer un premier véhicule d’investissement d’ici 2025 pour miser sur une quinzaine de startups avec des tickets compris entre 20 et 30 millions d’euros, mais pas seulement. Et pour cause, Lazard a décidé de monter au capital d’Elaia avec une participation minoritaire au sein du fonds français. Il ne s’agit que d’un début puisque l’accord prévoit la possibilité pour Lazard de prendre complètement le contrôle d’Elaia. Un scénario qui ne devrait pas se concrétiser à court terme cependant.

Aux yeux de Xavier Lazarus, cette alliance avec Lazard est nécessaire pour être en phase avec le nouveau paradigme qui se dessine actuellement dans l’écosystème tech. «Beaucoup de sociétés de gestion n’ont pas adressé la problématique de leur succession. Or aujourd’hui, les besoins tech sont tels que l’on doit créer de grands leaders de l’investissement, capables de faire des chèques de plusieurs dizaines de millions à chaque opération. Et il semble plus que difficile de faire cela seul. Il y a une vision très long terme avec Lazard. C’est l’occasion de créer la première grande entité positionnée aussi bien sur le coté que le non-coté sur la place parisienne», estime le Managing Partner d’Elaia.

«Ce n’est pas une grande révolution, mais une évolution normale»

Avec cette approche, le dirigeant adresse l’une des problématiques phares de la chaîne de financement, alors que l’Europe, désormais très bien armée sur le segment early-stage, peine à offrir des moyens financiers suffisants pour mener des tours de table late-stage et post-IPO. D’où l’intérêt de la création d’une nouvelle structure comme Lazard Elaia Capital. «C’est une plateforme pour couvrir un maximum de stades d’investissement. On se dote de capacités pour aller plus loin et plus vite dans un monde en évolution constante», se réjouit Xavier Lazarus.

Si ce rapprochement avec Lazard va permettre à Elaia de décupler sa force de frappe en Europe, l’investisseur estime que cela s’inscrit dans la continuité de ce qui a été fait par son fonds dans le passé. «Par exemple, nous avons gagné beaucoup d’argent avec des sociétés comme Criteo, en late-stage et en valeur absolue. Nous aurions pu sortir en série D, mais nous ne l’avons pas fait. Nous avons donc déjà montré à nos investisseurs que l’on dominait la compréhension de ces sociétés. Ce n’est pas radicalement nouveau. Pour moi, ce n’est pas une grande révolution. C’est une évolution normale», assure Xavier Lazarus. Une évolution qui doit permettre à Elaia de devenir à terme le bras armé de Lazard dans le private equity sur le Vieux Continent.