Alors que nous venons de remettre à Mme Marina Ferrari, secrétaire d’État chargée du Numérique auprès de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, notre second Rapport sur le financement de l’écosystème French Tech et le renforcement de l’attractivité de la France, le Comité French Tech Finance Partners tenait à saluer l’engagement continu du Gouvernement en faveur des entreprises de croissance et d’innovation.

Une accélération notable de l’écosystème French Tech

En dix ans, l’écosystème French Tech s’est en effet hissé à la première place en matière de levées de fonds dans les pays de l’UE, devançant l’Allemagne. Aujourd’hui, ce sont plus de 3 Français sur 5 qui font appel chaque jour aux services des startups de la French Tech et 1,1 million d’emplois ont été créés par les 13.000 startups françaises.

Une progression majeure qui résulte d’une dynamique publique forte confortée par une mobilisation d’ampleur de la part des acteurs de l’investissement privés français. Nous disposons aujourd’hui d’un écosystème French Tech structuré, plus mature, solidement ancré dans les secteurs de croissance et animé d’un esprit d’innovation.

Des défis majeurs à venir

L’attractivité de la France n’a ainsi jamais été aussi forte. Mais cette satisfaction ne peut être que de courte durée tant les défis sont majeurs et appellent à une accélération pour donner à la France une place de choix dans la course à l’innovation mondiale.

Cette accélération est d’autant plus critique, qu’elle fait face à une crise de liquidité réelle et à une exigence de compétitivité à l’échelle internationale.

Comment dès lors poursuivre la dynamique de consolidation de l’écosystème tech français, et lui donner les moyens d’accéder au leadership mondial ?

C’est tout le sens du collectif French Tech Finance Partners : unir les forces, les expériences, et les visions pour trouver de nouvelles voies.

Après un premier rapport, publié en avril 2023 avec 42 recommandations mises en œuvre par le gouvernement, parmi lesquelles le lancement de la Capitale French Tech de l'année, le fait de mobiliser davantage les investisseurs institutionnels sur tous les segments de la tech à travers le renouvellement de l’initiative Tibi, l’introduction d’une part minimum de capital-investissement dans les grilles de gestion des trois profils de risque avec des horizons à 5, 10 et 15 ans pour les PER ou encore l’⁠évolution des critères Next 40 et FT120, ce deuxième rapport se concentre sur 3 priorités stratégiques.

La première : le maintien du financement.

Dans un contexte de contraction des levées de fonds des startups et acteurs de l’investissement, nous devons être encore plus tactiques et cibler notre action. Nous soulignons ainsi l’importance d’un soutien sélectif et encore davantage renforcé aux startups ayant un fort intérêt stratégique (DeepTech, GreenTech, Santé…) et un modèle d’affaires soutenable.

En parallèle, plusieurs mesures permettraient de soulager immédiatement la trésorerie de startups en tension. Le paiement immédiat par l’Etat de nombre d’aides telles que les crédits d’impôts recherche, innovation, TVA déjà attribués par la puissance publique, donnerait plus d’air aux entreprises ainsi que des moyens supplémentaires pour innover. Ces paiements éviteraient certaines pressions sur les entreprises et leur permettraient de meilleures conditions de levées de fonds. Enfin, plus d’accompagnement dans les démarches de procédures collectives pour les startups en difficultés, assuré par des référents dédiés aux startups, soulagerait les dirigeants encore peu familiers avec ce type de procédures. De manière plus offensive, la consolidation de startups européennes doit être aussi plus considérée, par les entrepreneurs et leurs actionnaires.

La deuxième priorité concerne plus spécifiquement la bonne appréhension par tous les acteurs du cycle d’investissement de toutes les options de sorties disponibles pour assurer son propre renouveau.

En gagnant en maturité, La French Tech a favorisé l’émergence de startups « late stage » qui souffrent encore d’un sous-financement alors même qu’elles disposent d’un potentiel de leadership mondial. Il faut donc leur donner plus que jamais les moyens de poursuivre leur développement pour atteindre la taille critique et révéler leur pleine valorisation. Cela passe notamment par une meilleure transition de l’écosystème « Venture » à celui de Private Equity, les fonds « Growth » constituant un pivot clé. La création d’un forum d’échange entre les écosystèmes est un des leviers pour fluidifier le cycle d’investissement. L’autre volet consiste à porter à la connaissance de tous les acteurs l’ensemble des voies de sortie possibles et à agir de concert pour renforcer leurs conditions de succès en France et en Europe : Build-up entre pairs, rachats par les ETI, offres de fonds secondaires ou encore introductions en bourse, de façon à dégager les rendements qui les encourageront à réallouer de nouveaux capitaux. C’est en effet grâce à des sorties réussies que la dynamique d’investissement s’intensifiera et que l’attractivité de la place de Paris se renforcera. Nous sommes déterminés à contribuer au continuum de financement permettant d’assurer la croissance et le développement des entreprises de la French Tech sur le sol européen.

Enfin, l’investissement ne peut se concevoir sans prise en compte des enjeux environnementaux et sociétaux. Ces derniers constituent des opportunités de transformation et de création de valeur durable. C’est pourquoi, nous appelons à une valorisation systématique de ces critères dans l’écosystème Tech. Le contexte réglementaire européen avec la mise en application de la directive CSRD depuis le 1er janvier nous y encourage fortement et demain, nous y obligera.

Aussi, agissons dès maintenant, pour inciter les startups à évaluer l’impact environnemental de leurs activités, promouvoir la diversité et l'inclusion au sein de la tech, et améliorer les pratiques de gouvernance. Agissons en commençant par la création un socle minimum de critères ESG, applicables indépendamment du niveau de maturité des startups, et rendons-les visibles en en faisant un axe de communication à part entière, tant au niveau des startups que des financeurs. Là encore agissons vite, mais aussi de façon souple, en rassemblant notamment les initiatives de la Mission French Tech, et en unifiant le reporting exigé par l’ensemble des acteurs du financement afin d’éviter que la multiplicité des reportings devienne une charge lourde pour nos startups.

Fortement impliqués dans le développement de la French Tech, nous sommes également confiants dans son potentiel de développement. Le niveau d’engagement des acteurs privés et publics nous y incite et renforce notre motivation. Nous plaçons ainsi beaucoup d’espoir dans notre prochaine rencontre prévue à l’été prochain. L’innovation n’attend pas, nous serons au rendez-vous.

Tribune collective du Comité French Tech Finance Partners piloté par Réza Malekzadeh : Alice Albizzati, Delphine D'Amarzit, Jérome Berger, Claire Calmejane, Claire Chabrier, Philippe Collombel, Philippe Englebert, Paul-François Fournier, Benoist Grossmann, Xavier Lazarus, Marc Menase, Maya Noël, Lauriane Requena, Pierre-Emmanuel Struyven, Rafaèle Tordjman, Roxanne Varza