Né en 2015 de la collaboration de trois anciens de Polytechnique, les frères Olivier et Pierre Le Blainvaux et Yves Matton, Technofounders vise a créer le chaînon parfois manquant entre la recherche et l’entrepreneuriat. Le studio a déjà créé une quinzaine de startups deeptech actives et cible les secteurs stratégiques suivants : la santé, l’agriculture, la chimie des matériaux, le spatial, la sécurité, l’IA et les semi-conducteurs.

Maddyness a rencontré Olivier Le Blainvaux, l’un des quatre associés de Technofounders. « Nous avons été l’un des premiers startups studios deeptech en France », introduit-il.

Identifier des technologies de rupture

Pour identifier les technologies de rupture, Technofounders travaille avec les principaux instituts de recherche tels que l’INRAE ou le CNRS et des SATT, Sociétés d’Accélération du Transfert Technologique. Les SATT sont des filiales créées par un ou plusieurs universités et organismes de recherche, qui assurent le relais entre les laboratoires de recherche et les entreprises et financent les phases de maturation des projets et de preuve de concept. « Ce sont les meilleurs moyens d’identifier les technologies. Parfois, des chercheurs nous contactent aussi de manière proactive », commente Olivier Le Blainvaux.

Chaque année, le studio étudie environ 500 technologies et finit par créer entre deux et quatre startups. Quand une technologie est repérée, il conduit une phase d’analyse qui lui permet de voir s’il peut construire un plan crédible, si le marché est suffisamment conséquent, etc.. « Dans la grande majorité des cas, nous n’allons pas jusqu’à la création de la startup. Parfois, la tech ou le marché ne sont pas suffisamment matures, ou alors le chemin entre la tech et un premier produit est trop long ou trop risqué », partage Olivier Le Blainvaux.

Valoriser les technologies en créant des sociétés 

Technofounders identifie donc des technologies de rupture dans les laboratoires de recherche en France dans l’objectif de les valoriser sous forme de création d’entreprises. « Cela fonctionne quand l’équipe a une belle innovation, mais qu’elle veut se concentrer sur la recherche et n’a pas l’ambition de devenir chef d’entreprise », commente Olivier Le Blainvaux. 

Dans ce cas de figure, elles se tournent alors vers des entrepreneurs ou des startups studios, et Olivier Le Blainvaux vante logiquement les mérites de ces derniers. De nombreuses étapes se répètent dans la création d’une société deeptech : les phases de prototypage, de développement industriels de passage à l’échelle, etc. « Ce sont des phases où l’on peut commettre de grosses erreurs. Notre courbe d’expérience nous permet d’en commettre beaucoup moins qu’un entrepreneur isolé », avance-t-il.

Technofounders met à disposition des startups du studio des équipes qui gèrent tous les aspects administratifs, financiers, juridiques, la communication et le marketing« Cela permet de les décharger. Ce sont des sujets où les fondateurs ont peu d’impact, mais qui peuvent leur prendre beaucoup de temps inutilement », explique Olivier Le Blainvaux.

Au bout de quelques années, quand le projet est dérisqué, Technofounders fait monter à bord une équipe dirigeante. « Attendre nous permet de recruter la bonne équipe dirigeante, car quand elle arrive, nous avons déjà réalisé plusieurs pivots », indique Olivier Le Blainvaux. À ce moment-là, les startups sortent physiquement et opérationnellement du studio.

Aujourd’hui, trois startups sont physiquement dans le studio. L’une des premières crée a été Cerbair, spécialisée dans la lutte anti-drone. Plus récemment, le studio a créé UV Boosting pour traiter les vignes et autres plantes contre les maladies fongiques. Actuellement, il crée une société qui propose des compléments alimentaires pour traiter le pré-diabète. Technofounders ambitionne de continuer à appliquer sa méthode de manière encore plus massive. « Nous visons de sortir quatre startups dans les douze prochains mois, et d’augmenter progressivement ce rythme jusqu’à atteindre une dizaine de startups par an », confie Olivier Le Blainvaux.

Des entrepreneurs investisseurs

Le capital est réparti différemment en fonction des projets, mais Technofounders tient tout de même à certains principes. « La table de capitalisation doit être attractive pour l’équipe dirigeante et correspondre aux standards des investisseurs », souligne Olivier Le Blainvaux. Souvent les instituts de recherche prennent des parts au capital. « Au fur et à mesure, nous finançons la société en allant lever des fonds et nous gardons nos parts de fondateurs », ajoute Olivier Le Blainvaux. Pour cela, Technofounders a structuré un véhicule d’investissement, et comme un fonds, lève des capitaux auprès de Limited Partners.

« Nous sommes plus des entrepreneurs que des investisseurs. Au début, nous sommes les CEO, mais une fois que l’équipe opérationnelle est à bord et autonome, c’est elle qui porte la vision et nous jouons davantage un rôle d’investisseurs », conclut Olivier Le Blainvaux.