« Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction » écrivait Antoine de Saint-Exupéry. C’est particulièrement vrai pour bon nombre de couples qui se lancent dans l’entrepreneuriat. « Il faut imaginer deux personnes sur un projet de vie professionnel commun qu'ils adorent, disponibles à 100 %, qui se comprennent, se font confiance et peuvent échanger tout le temps. C’est vraiment confortable lorsque tu lances un projet et cela permet également d'accélérer son lancement et de le stabiliser assez rapidement » témoigne Sabrina Ananna, CEO et cofondatrice de aKagreen.
L’entreprise qui végétalise les espaces de travail et de vie a en effet été créée avec son compagnon, James Cheng Tan. « aKagreen fait partie intégrante de notre famille, c’est un peu notre 2e bébé : notre fils vient de fêter ses dix ans et l’entreprise ses neuf ans » considère Sabrina Ananna. Pour autant, entreprendre en couple n’est pas forcément évident pour tout le monde et nécessite de clarifier certains aspects pour réussir à conjuguer bonheur professionnel et conjugal.
Définir la structure juridique et les territoires de chacun
Sur la structure juridique de l’entreprise notamment. Sylvain Weber, CEO et cofondateur de Fastory qui propose des expériences de jeux pour des fanzones digitales, avec sa partenaire Jacinthe Busson ont ainsi opté pour une SARL qui a ensuite évolué vers une SA, sur le conseil de leur avocat avec « une répartition des parts fixée à 51-49 peut être un moyen de rassurer les investisseurs concernant la gouvernance de l'entreprise en cas de litige » comme il l’explique.
Il apparaît ensuite fondamental de bien définir les territoires de chacun, car si bien souvent les couples entrepreneurs présentent des affinités et une complémentarité dans leur parcours, « il est nécessaire aussi de bien comprendre quelles sont les opportunités et les limites de chaque personnalité et de chaque expertise » conseille Sylvain Weber. Ce qu'ont d'ailleurs fait Candice François et Florian Loeser, cofondateurs de Igonogo. « Si au début la répartition des rôles était plutôt intuitive, il a fallu faire des choix quand la société a grandi et nous avons décidé où chacun était meilleur pour optimiser la réussite de l’entreprise » raconte-elle.
Savoir dissocier vie privée et vie professionnelle
Autre sujet sensible : la frontière entre vie personnelle et vie professionnelle. Selon Florian Loeser, « une seule règle fixée : pas d’affection au travail, en revanche le pro déborde parfois sur le perso et c’est compliqué de se mettre des barrières ». Cloisonner c’est qu’on essayé de faire les cofondateurs d’aKagreen comme éviter d’évoquer le travail à partir du dîner, mais « ce n’est pas toujours respecté parce qu'il y a parfois des sujets qui débordent ». Sylvain Weber et Jacinthe Busson utilisent Slack « pour noter les sujets et pouvoir s'en reparler le lendemain dans le cadre d'un moment dédié au travail ».
Reste le regard des autres, collaborateurs, partenaires ou encore investisseurs. « Si au début nous avons plutôt vu ça comme un signal de danger, ça a été très vite accepté, car ça montre notre détermination à tout donner pour arriver à nos fins » souligne Candice François. « C’est de toute façon une clarification nécessaire avec tous ceux qui travaillent avec vous professionnellement » ajoute Sabrina Ananna, qui préfère néanmoins ne pas en faire un argument de storytelling ni un sujet en soi. De son côté, Sylvain Weber rappelle aussi que « ça peut montrer un autre visage de l'entrepreneuriat, un peu plus humain ».