Ce lundi 20 janvier, Donald Trump retourne officiellement à la Maison-Blanche. Quatre ans après avoir quitté la résidence présidentielle des États-Unis, le sulfureux milliardaire repart pour un mandat de quatre ans à la tête de son pays. Réputé pour ses méthodes brutales et atypiques, il suscite de nombreuses inquiétudes à l’étranger. A l’heure où il s’apprête à succéder à Joe Biden, il est donc temps de s’interroger sur son impact pour les entrepreneurs français installés outre-Atlantique ou qui rêvent de conquérir le marché américain.

Autant sur de nombreux sujets sociétaux, comme le droit à l’avortement, le retour de Donald Trump fait craindre des mesures risquant de fracturer encore un peu plus la société américaine, autant le nouveau président américain suscite davantage de sympathie dans les cercles économiques, dans la mesure où il est très pro-business. Durant la campagne électorale, les têtes d’affiche de la tech, surtout Elon Musk (Tesla, SpaceX, X…) qui l’a beaucoup soutenu, mais aussi Mark Zuckerberg (Meta) et Jeff Bezos (Amazon), ont adopté une posture plutôt favorable à l’égard de Donald Trump.

« Cash is king ! »

La situation est ainsi très différente par rapport à sa première arrivée au pouvoir en 2017, où la défiance vis-à-vis de sa personne était très grande. A l’exception de Peter Thiel (PayPal, Palantir…), rares étaient les figures de la tech à soutenir le président républicain. Mais depuis, les choses ont bien changé… Dans ce contexte, les entrepreneurs tricolores installés aux États-Unis abordent le second mandat de Donald Trump sans inquiétudes particulières. « Donald Trump, pendant son premier mandat, a maintenu l’économie et la finance. Je ne crois pas qu’il y ait de grandes angoisses », avait ainsi confié Frédéric Raillard, fondateur de Fred&Farid, auprès de Maddyness, en marge de l’élection présidentielle américaine en novembre dernier.

Et pour cause, avec Donald Trump, « Cash in king » ! Avec lui, tous les moyens sont bons pour faire du business et il n’est donc pas question d’entraver l’économie, et donc l’entrepreneuriat, durant son mandat. Le milliardaire est même partisan d’une dérégulation à grande échelle pour laisser toute la latitude aux entreprises sur le sol américain d’innover et de vendre leurs services. « Dès le premier jour, je signerai un décret ordonnant à chaque agence fédérale de supprimer chaque réglementation pénible qui tire vers le haut le coût des produits », avait ainsi promis le nouveau président américain durant la campagne électorale. De quoi ravir Wall Street et les patrons des BigTech.

Une météo au beau fixe pour l’IA et la crypto

Dans ce cadre, les entrepreneurs français basés aux États-Unis vont pouvoir exprimer pleinement leur créativité, loin des régulations européennes (RGPD, DSA, DMA, AI Act…) qui étouffent parfois la capacité d’innovation des pépites du Vieux Continent. Ce n’est pas un hasard si San Francisco est l’épicentre mondial de l’intelligence artificielle avec des entreprises comme OpenAI, la licorne à l’origine de ChatGPT.

Autre secteur qui flambe depuis la victoire de Donald Trump face à Kamala Harris en novembre dernier : les cryptomonnaies. Initialement opposé à celles-ci, Donald Trump est finalement devenu l’un de ses plus fervents partisans. Résultat, le bitcoin ne cesse d’atteindre des sommets et dépasse même la barre des 100 000 dollars en ce jour d’investiture au Capitole de Washington. Cerise sur le gâteau, le président élu a lancé ce week-end une cryptomonnaie à son effigie. Cela ne manque pas de soulever des inquiétudes autour de potentielles violations légales et éthiques mais Donald Trump n’en a que faire. En attendant, pour les entrepreneurs évoluant dans la crypto-sphère, l’avenir s’annonce radieux durant ce second mandat du sulfureux homme d’affaires.

Visas et droits de douane à surveiller

Si Donald Trump est pro-business et se montre désormais très complice avec les dirigeants de la sphère technologique, comme en témoigne sa « bromance » avec Elon Musk qui devrait diriger une commission pour éliminer la bureaucratie américaine, il existe cependant quelques nuages un peu plus sombres. Ce n’est un secret pour personne, le dirigeant républicain veut davantage contrôler les frontières américaines. Évidemment, c’est surtout le Mexique qui est dans le viseur de Donald Trump, mais l’obtention de visas pourrait s’avérer un peu plus compliquée.

Rien de catastrophique dans l’immédiat, sauf peut-être pour la Chine qui a vu certains de ses ressortissants se faire refuser un visa pour participer au dernier CES de Las Vegas, mais l’évolution de la situation sera à surveiller. A l’heure actuelle, le visa E, indispensable pour les entrepreneurs qui désirent s’installer aux États-Unis, a vu sa durée étendue à quatre ans par les autorités américaines il y a un an. Quant à la fameuse carte verte, elle risque d’être plus compliquée à décrocher.

Enfin, et c’est peut-être la mesure la plus contraignante, Donald Trump ne cache pas son souhait de taxer de manière inédite les importations. Ainsi, le relèvement des droits de douane devrait être brutal et débouche sur un surcoût de 640 milliards de dollars pour l’économie américaine.

Les principales victimes seront le Mexique et le Canada qui devraient voir leurs droits de douane s’envoler de 25 %, et surtout la Chine, à hauteur de 60 % ! Quant à l’Union européenne, elle devrait subir un sort relativement similaire au Canada, avec un préjudice estimé à 100 milliards de dollars par BCG, avec des taxes de 20 % sur ses importations. Pour les Frenchies souhaitant exporter leurs produits aux États-Unis, c’est un paramètre qu’il faudra prendre en compte.

Dans l’ensemble, la situation est donc loin d’être alarmante pour les entrepreneurs français installés outre-Atlantique qui peuvent même tirer profit des faveurs pro-business de Donald Trump. Mais ce dernier étant un personnage très imprévisible, il faudra tout de même rester vigilant dans un contexte économique et géopolitique particulièrement instable à l’échelle mondiale.