Alors que le Sommet pour l’action sur l’IA approche à grands pas, XXII se met en ordre de bataille pour être l’un des fleurons européens de la vision par ordinateur. Dans ce sens, la société, capable d’analyser en temps réel les flux vidéo des caméras dans divers environnements (rue, restaurants, entrepôts…), a pu compter sur le soutien financer de deux nouveaux partenaires stratégiques au cours de ces derniers mois.
Ainsi, l’entreprise, fondée en 2015 par William Eldin et Damien Mulhem, a vu l’armateur CMA CGM entrer à son capital en novembre 2024, avant d’annoncer en ce début d’année 2025 l’arrivée de Sopra Steria. Le montant de l’investissement est confidentiel, mais il s’agit d’un accord se chiffrant « à plusieurs millions d’euros », selon une source proche du dossier. Cette opération, réalisée via le bras financier Sopra Steria Ventures, vise notamment à permettre au groupe spécialisé dans le conseil dans la transformation numérique des entreprises à se doter d’un nouvel outil d’acquisition de données visuelles pour enrichir ses jumeaux numériques.
« Marquer le début d’une nouvelle ère »
« En investissant dans XXII, nous affirmons notre ambition de structurer un marché en pleine transformation : celui de la combinaison de l’intelligence artificielle et de la vision par ordinateur. Cette prise de participation illustre notre volonté de marquer le début d’une nouvelle ère où la vision par ordinateur s’impose comme un levier clé pour répondre aux défis des entreprises et du secteur public », estime Socheat Chhay, directeur général de Sopra Steria Ventures.
Pour William Eldin, cofondateur et CEO de XXII, l’apport de CMA CGM et de Sopra Steria est forcément une bonne nouvelle pour faire passer la vitesse supérieure à son entreprise. « CMA CGM est un gros client, on déploie notre technologie à un haut niveau avec eux. C’est une preuve d’amour et un coup de boost pour s’intégrer plus vite dans leur infrastructure et ainsi déployer nos algorithmes. Avec Sopra Steria, c’est la même stratégie mais d’une autre manière. Nous sommes une brique technologique, mais il manque le liant avec nos clients. Nous avions donc décidé de travailler avec des cabinets de conseil comme Capgemini et Sopra Steria. Et Sopra Steria a décidé d’aller encore plus loin avec nous », se réjouit-il. Pour rappel, XXII se positionne sur trois verticales : gouvernements, transport et logistique, et retail. Parmi ses clients, la société compte notamment le ministère de l’Intérieur, Carrefour, Decathlon, Burger King ou encore la SNCF.
Une série B en 2025 avec « les plus grands noms de l’IA » ?
L’arrivée de CMA CGM et Sopra Steria au capital de XXII intervient un peu moins de deux ans après un tour de table de 22 millions d’euros en mars 2023. A cette occasion, la société avait notamment reçu le soutien du groupe SNCF via le fonds 574 Invest. « Cette levée de fonds était destinée à trois choses. Il y avait l’objectif d’aboutir à un produit qui sait reconnaître le monde comme un humain sur le plan visuel. Depuis décembre, c’est chose faite. Il y avait ensuite le cap des 5 millions de revenus annuels récurrents (ARR) à dépasser. C’est fait aussi. Et il restait enfin l’objectif de se déployer à l’international avec des bureaux à l’étranger. Cela va se faire cette année avec l’ouverture d’un bureau aux États-Unis et un autre au Moyen-Orient », indique William Eldin. Pour mieux piloter les projets à l’international de XXII, l’entrepreneur va d’ailleurs lui-même s’installer à Boston dans les prochains mois.
Forcément très attentif aux mutations permanentes de l’IA générative depuis l’hystérie collective déclenchée par l’arrivée de ChatGPT il y a deux ans, le dirigeant pense déjà aux prochaines étapes de développement de son entreprise qui s’appuie sur les modèles d’IA de Google, OpenAI et Mistral AI pour améliorer sa technologie. Il vise ainsi les 10 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année. « C’est 10 millions ou on meurt », lance-t-il avec le sourire. Et il pense également à la série B que la société espère boucler en milieu d’année. « Je discute avec les plus grands noms de l’IA », se contente de glisser l’entrepreneur.
Ce dernier a de la suite dans les idées et nourrit de fortes ambitions pour l’avenir. « On veut devenir l’OS de la vision. Je veux apprendre aux machines à reconnaître le monde tel qu’on le reconnaît », lance-t-il. Le dirigeant n’exclut pas ainsi de plancher sur son propre modèle de langage de vision (VLM) à moyen terme avec son équipe de 60 collaborateurs.