Les États-Unis dominent la fintech mondiale, mais des acteurs français et européens parviennent tout de même à se distinguer. C’est ce qui ressort du premier indice Fintech 40 dévoilé par l’Observatoire de la Fintech, en partenariat avec la plateforme de trading Toro. Cette étude vise à mettre en lumière les réussites mondiales en matière d’innovation dans les services financiers.
Si cette première édition du Fintech 40 accorde une importance à la valorisation des entreprises identifiées, il ne s’agit pas du seul critère. En effet, l’Observatoire de la Fintech et eToro ont pris en compte la trajectoire financière (parcours boursier, progression du chiffre d’affaires, évolution de l’Ebitda…) pour affiner cet indice. « Nous avons essayé d’être le plus représentatif possible. Ce n’est pas juste un classement des plus grosses valorisations dans le monde. Sinon, il y aurait 38 entreprises américaines sur 40. Nous avons donc cherché à élargir le spectre, notamment sur le plan géographique. Malheureusement, il n’y a pas encore de fintech cotée en Afrique, mais il y a pas mal d’entreprises européennes et quelques acteurs en Asie et en Océanie », observe Mikaël Ptachek, président de l’Observatoire de la Fintech.
Quel est le profil « type » d’une fintech de cet indice ?
De manière globale, les 40 entreprises du Fintech 40 totalisent 165 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 833 milliards de dollars de capitalisation sur les marchés boursiers. Elles ont bouclé l’année 2024 avec un Ebitda cumulé de 42 milliards de dollars, en hausse de 30 % par rapport à 2023. Malgré les vents contraires de l’économie mondiale, aggravés par une situation géopolitique globale assez instable, la performance de l’indice Fintech 40 a progressé de 14 %.
Le profil «type» de la fintech qui ressort de l’étude est une entreprise qui réalise en moyenne un chiffre d’affaires de 4 milliards de dollars, avec un Ebitda de 1 milliard. Elle compte 8 000 employés en moyenne et elle est valorisée autour de 21 milliards de dollars. Et la fintech «type» se positionne sur le segment du paiement, avec 11 fintechs sur 40 qui proposent des solutions de paiement innovantes. Le secteur du paiement est plébiscité devant les domaines des services aux acteurs financiers, des cryptomonnaies, des néobanques, de l’investissement, du financement et de l’assurtech.
« Ce sont les États-Unis et le reste du monde »
A l’issue de son travail d’analyse avec eToro, la vigie de l’écosystème fintech en France a ainsi mis en avant 24 acteurs basés en Amérique du Nord, 9 en Europe et 5 en Asie, tandis que l’Océanie et l’Amérique du Sud doivent se contenter d’un représentant chacun. Sans surprise, les États-Unis écrasent la concurrence avec des fintechs comme Coinbase, PayPal, Robinhood ou encore Block (ex-Square). « Ce sont les États-Unis et le reste du monde », résume Antoine Fraysse-Soulier, responsable en France de l’analyse des marchés chez eToro. « On verra s’il y aura une revanche des fintechs européennes cette année », ajoute-t-il.
En attendant d’assister à un éventuel réveil européen, le Vieux Continent tente de faire de la résistance, notamment avec trois acteurs retenus en France, deux au Royaume-Uni et deux également aux Pays-Bas. « En Europe, Adyen est le seul acteur qui se démarque vraiment. La course de la fintech néerlandaise est assez importante. C’est la seule qui parvient à rivaliser sur le segment des paiements », analyse Antoine Fraysse-Soulier. Créée en 2006, l’entreprise néerlandaise, qui compte Uber, eBay et Spotify parmi ses clients, est entrée en Bourse à Euronext Amsterdam en 2018, a ainsi vu son chiffre d’affaires net annuel bondir de 19 % l’an passé, à 2,3 milliards de dollars, avec un volume total des paiements traités sur l'année qui a grimpé de 33 %, atteignant 1,42 trillion de dollars. Quant à l’Ebitda, il a augmenté de 31 %, à 1,4 milliard de dollars, dépassant les prévisions du marché.
Edenred, Worldline et Pluxee, le trio français
Si Adyen est largement devant en Europe, trois acteurs sortent du lot en France. Il s’agit d’Edenred (titres-restaurant, cartes-cadeaux, cartes virtuelles…), de Worldline (services de paiement) et Pluxee (solutions de bénéfices sociaux et d'engagement des employés). « Ce sont trois groupes qui représentent la fintech au sens international du terme. Ils proposent du paiement alternatif aux banques », précise Mikaël Ptachek. Si ces trois acteurs français figurent dans ce Fintech 40, l’année 2024 n’a pas été simple pour eux. « Cela n’a pas été une année idyllique en Bourse pour ces trois grands groupes français », reconnaît Antoine Fraysse-Soulier. Edenred, Worldline et Pluxee ont ainsi enregistré des baisses respectives de 41 %, 22 % et 37 % à Euronext. C’est surtout Worldline qui a souffert, avec de nombreux défis financiers et des changements significatifs dans sa gouvernance qui ont impacté ses performances financières.
A l’échelle mondiale, c’est sans surprise les États-Unis qui mènent la danse sur les marchés boursiers. Le Nasdaq compte ainsi 14 entreprises cotées au sein de l’indice Fintech 40 et le New York Stock Exchange en héberge 12, soit 26 entreprises sur 40 cotées sur les places boursières américaines. Quant à Euronext Paris, elle en compte 3, tout comme Euronext Amsterdam, qui est portée par Adyen. Le groupe néerlandais a bouclé l’année 2024 avec une valorisation de 45,5 milliards de dollars.
L’heure du rebond en 2025 pour les IPO ?
Après un record d’IPO en 2021 (12 opérations), le nombre de cotations s’est effondré avec seulement trois entrées en Bourse en trois ans, mais une dynamique devrait à nouveau s’enclencher en 2025, avec au moins cinq opérations d’envergure prévues, notamment dans les néobanques et l’investissement.
Parmi les IPO les plus attendues, Klarna, le géant suédois du paiement fractionné, envisage une entrée en Bourse aux États-Unis, avec une valorisation estimée entre 15 et 20 milliards de dollars. La néobanque américaine Chime prépare également une opération d’envergure, visant une valorisation d’environ 25 milliards de dollars. En Europe, Revolut pourrait aussi franchir le pas, avec une cotation potentielle aux États-Unis ou en Grande Bretagne. « Il va y avoir une arrivée massive de fintechs sur les marchés boursiers », se réjouit Mikaël Ptachek. Rendez-vous donc dans un an pour faire le bilan de cette année qui s’annonce intense à Euronext et Wall Street !