C’est une étape décisive franchie par Swile. En 2024, la société montpelliéraine, connue pour dépoussiérer le marché des titres-restaurants depuis 2018, a en effet atteint la rentabilité sur l’ensemble de l’année. Le résultat net de l’entreprise tricolore est ressorti avec 2 millions d’euros de bénéfices, qui tranche avec les 64 millions de pertes un an plus tôt. En 2024, l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) a bondi de 257 %, à 36 millions d’euros. Quant au chiffre d’affaires, il a progressé de 25 %, à 204 millions d’euros.
Ces résultats font le bonheur de Loïc Soubeyrand, qui ne boude pas son plaisir auprès de Maddyness. «Nous avons réussi à prouver la rentabilité de notre modèle, le tout en continuant à générer de la croissance. Cela ouvre de belles perspectives de croissance à venir», se réjouit-il. «Le point de départ, c’est un deal fantastique lorsque nous avons racheté Bimpli et que le groupe BPCE est entré à notre capital. On a su faire jouer des synergies, avec notre ADN technologique et notre modèle opérationnel pur», ajoute l’entrepreneur.
En effet, Swile a mis la main en 2022 sur Bimpli, filiale du groupe BPCE spécialisée dans les avantages à destination des salariés (titres-restaurants, titres-cadeaux, services CSE…). Dans le même temps, le groupe bancaire a pris une participation à hauteur de 22 % au sein du capital de la société française. «L’intégration de Bimpli n’est pas encore totalement finie, mais on sait désormais servir des comptes de toutes les tailles. Nous avons réussi à convaincre le ministère de l’Économie et des Finances, SNCF ou encore Carrefour. Le rachat de Bimpli a été l’occasion d’amorcer notre mutation : de startup à leader technologique qui pèse vraiment», estime Loïc Soubeyrand.
Plus de 2 000 clients pour Swile Travel
Dans ce contexte, le dirigeant se montre ambitieux pour l’avenir, alors que son entreprise, portée par sa vitalité en France au Brésil, revendique 85 000 entreprises clientes (Airbnb, Spotify, Red Bull, TikTok, PSG, Le Monde…) qui lui permettent de toucher 5,5 millions d’utilisateurs. La société mise notamment sur la montée en puissance de Swile Travel, son offre dédiée aux voyages d’affaires et à la gestion des notes de frais, pour diversifier son activité et doper son chiffre d’affaires. A ce jour, Swile assure que cette verticale a d’ores et déjà séduit plus de 2 000 clients.
«2025 est la véritable année de lancement. Notre objectif est de réaliser 100 millions d’euros de volume d’affaires gérés dès la première année de lancement. Cela nous placerait dans le Top 10 des acteurs positionnés sur les voyages d’affaires en France. Mais nous commencerons à être contents à partir du milliard d’euros géré», sourit Loïc Soubeyrand. Avant d’ajouter : «Nous avons beaucoup d’ambitions avec ce nouveau produit. Cela portera notre croissance à moyen et long terme en France et au Brésil. Entre un quart et un tiers du chiffre d’affaires devrait être fait sur cette business unit. Quand ce sera le cas, nous pourrons dire que nous avons bien diversifié notre activité.»
Lancement sur de nouveaux marchés en Europe et en Amérique du Sud
En attendant, Swile espère engranger un Ebitda supérieur à 50 millions d’euros en 2025. Néanmoins, la licorne pourrait-elle être tentée de lever à nouveau des fonds pour passer la vitesse supérieure ? Ce n’est pas forcément une priorité pour Loïc Soubeyrand, dans la mesure où son entreprise est désormais rentable. «On ne dépend plus d’investisseurs pour soutenir notre croissance organique, c’est une grande victoire pour toute l’équipe. Et pour un entrepreneur, c’est un sacré accomplissement», souligne-t-il.
Néanmoins, le dirigeant ne ferme pas complètement la porte à une nouvelle opération alors que Swile n’a plus levé de fonds depuis son tour de table de 200 millions de dollars mené par SoftBank en octobre 2021. «Pour accélérer encore plus, on n’exclut de faire quelques acquisitions pour s’étendre géographiquement. Et auquel cas, on s’appuiera sur des partenaires financiers», confie-t-il. Performante en France et au Brésil, ses deux pays phares où elle veut «doubler sa taille business dans les cinq prochaines années», la société prévoit de s’étendre davantage en Europe et en Amérique du Sud au cours des trois prochaines années. «La French Tech est en train de transformer l’essai et on espère être l’un des acteurs qui représentent cela», conclut Loïc Soubeyrand.