Le marché de la joaillerie est l’un des derniers bastions du luxe à résister à la vague de démocratisation du vintage et de la seconde main. Alors que la mode, l’horlogerie ou même l’automobile ont vu l’émergence de plateformes digitales et de communautés dédiées, la joaillerie reste, encore aujourd’hui, un secteur opaque, intimidant et difficile d’accès pour le grand public. C’est ce constat qui a poussé Charlotte Rey et Anne Borde, les deux fondatrices de Castafiore, à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale en 2022.

Charlotte Rey, ancienne directrice de la Haute-Joaillerie chez Cartier pour l’Europe et le Moyen-Orient, a eu le déclic en travaillant sur la division Cartier Tradition, dédiée à la vente de pièces vintage réservées à une clientèle ultra-privilégiée. « J’ai toujours beaucoup aimé le vintage, la seconde main. Et en effet, je me suis dit que la joaillerie était un des derniers segments à n’être pas encore démocratisé sur toute la partie vintage et seconde main. C’était encore un milieu très fermé, pas du tout ouvert au grand public. Mon idée était vraiment de démocratiser son accès », explique-t-elle.

Anne Borde, quant à elle, apporte 25 ans d’expérience dans les ventes aux enchères à Paris, auprès de commissaires-priseurs et d’experts. Elle a inventorié et expertisé des milliers de bijoux, organisé des ventes et accompagné des particuliers dans la gestion de leur patrimoine. « Le métier était jusqu’à présent très peu digitalisé, le milieu souvent réservé aux professionnels. Par ailleurs, lorsqu’on va chez Drouot, ça manque un peu de marketing, d’humanité, d’accompagnement. Les particuliers n’avaient pas beaucoup d’alternatives pour vendre leurs bijoux de famille », confie-t-elle. Leur rencontre, nourrie par une amitié de plus de vingt ans, a donné naissance à Castafiore en 2022, avec la volonté de créer une alternative bienveillante et accessible aux maisons de vente traditionnelles.

Le nom Castafiore, inspiré du personnage de Tintin, incarne cette envie de liberté et de décomplexion autour du bijou : « On aimait l’idée de cette femme qui portait des bijoux de façon tout à fait assumée, décomplexée. Le bijou, c’est un vrai accessoire de mode et les bijoux sont tellement beaux qu’on aimait cette idée de l’accumulation, de ce côté décomplexé ».

Castafiore, le Selency du bijou 

Castafiore peut aujourd’hui se targuer d’être l’une des premières plateformes digitales dédiées à la joaillerie vintage et de seconde main, avec pour ambition de rendre ce marché accessible, transparent et rassurant, tant pour les vendeurs que pour les acheteurs. 

“La plateforme propose plus de 10 000 bijoux, provenant à 85 % de professionnels (antiquaires, comptoirs d’or, boutiques spécialisées) et à 15 % de particuliers. Chaque pièce est expertisée et authentifiée, qu’elle provienne d’une grande maison signée ou d’un atelier indépendant”, explique Charlotte Rey.

Par ailleurs, contrairement aux maisons de vente traditionnelles, où l’expérience client est souvent impersonnelle, Castafiore a  - dès le début -  tenu à mettre l’accent sur la pédagogie et la proximité. La plateforme propose ainsi des contenus didactiques sur Instagram pour éduquer sa communauté et accompagner les particuliers dans la découverte de la valeur de leurs bijoux.

Le public cible de Castafiore est triple : d’un côté, les particuliers qui souhaitent vendre ou acheter des bijoux de famille, souvent intimidés par le marché traditionnel ; de l’autre, les amateurs de joaillerie vintage, en quête de pièces rares et de bonnes affaires. La clientèle est répartie à 50 % entre la France et l’international, avec une forte présence américaine et européenne, et un début de développement en Asie.

Le business model de Castafiore est basé sur la commission : 15 à 20 % sur les ventes issues de professionnels, 35 % sur celles issues de particuliers. « Les bijoux seconde main, comme on les appelle, c’est des bijoux qui sont encore en vente dans les grandes maisons, et ceux-là ont une décote entre 20 et 50 % en général. Si le bijou est un iconique de la maison, la décote sera plutôt de  20%», précise Charlotte Rey. Le panier moyen s’élève à 2 500 euros, et la plateforme vend plus d’une centaine de pièces par mois.

Enfin, Castafiore ne se limite pas au digital : la startup dispose d’un showroom à Paris et d’un corner aux Galeries Lafayette, dans l’espace HOJO Vintage, aux côtés de Rolex Preowned et Kronos 360. Cette présence physique permet de rassurer les clients et de finaliser les expertises sur place.

Une campagne de financement sur Sowefund

Castafiore s’impose comme un acteur incontournable du secteur de la mode circulaire, affichant une croissance importante avec plus de 200 000 € de ventes mensuelles et un rythme de progression deux fois plus élevé qu’en 2024. Son modèle unique, sans stock et reposant exclusivement sur la consignation de pièces, séduit une clientèle internationale qui représente déjà 35 % des transactions. La startup s’appuie sur une communauté engagée de plus de 30 000 membres et attire plus de 5 000 visiteurs quotidiens sur son site, tout en affichant un taux de réachat impressionnant de 20 %.

Dès sa création, Castafiore a su attirer l’attention des investisseurs, convaincus par l’expertise de ses fondatrices et la pertinence de leur projet. La startup a réalisé une première levée de fonds de 1 millions d’euros fin 2022, après avoir débuté avec ses fonds propres. Depuis, la startup a généré plus de 4 millions de chiffre d’affaires. 

La nouvelle campagne de financement, lancée en partenariat avec Sowefund, vise désormais à accélérer le développement de la plateforme, à renforcer sa présence à l’international et à investir dans le marketing digital, notamment aux États-Unis pour un lancement prévu début 2026. « Cette campagne avec Sowefund s’appuie en effet sur une levée un petit peu plus globale de 1,7 millions », indique Charlotte Rey.

Cette stratégie comprend un recrutement de profils seniors pour accompagner la croissance et  l’amélioration de l’interface vendeur et du site internet.

Les fonds levés seront également consacrés à l’amélioration de l’expérience utilisateur, afin de rendre la plateforme encore plus intuitive et sécurisée, et à l’éducation client, avec la production de contenus didactiques sur les réseaux sociaux.

Enfin, Castafiore ambitionne de devenir la référence européenne de la joaillerie vintage et de seconde main, en capitalisant sur la notoriété du savoir-faire français et en s’appuyant sur une communauté grandissante d’amateurs et de collectionneurs. La startup compte aujourd’hui parmi ses investisseurs historiques Stanislas de Quercize, ancien CEO Van Cleef & Arpels et Cartier, Chantal  Baudron des groupements de business angels et Inovexus, qui accompagnent son développement à chaque étape.

Vous souhaitez, vous aussi prendre part à la démocratisation du bijou vintage, investissez par ici.