10 juin 2025
10 juin 2025
Temps de lecture : 8 minutes
8 min

Expo universelle d’Osaka : que penser de cette édition résolument tournée vers la tech ?

DEPUIS OSAKA – 50 ans plus tard, Osaka accueille une nouvelle Exposition universelle. Ouverte depuis le 13 avril, elle fait la part belle aux nouvelles technologies, comme l'IA et la Smart City. De passage au Japon, Maddyness a pu la visiter.
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De l’intelligence artificielle à une île artificielle, il n’y a qu’un pas que les organisateurs de l’Exposition universelle ont bien volontiers franchi à Osaka. En effet, l’édition 2025 de l’événement planétaire se déroule sur l’île artificielle de Yumeshima («l’île du rêve» en japonais) depuis le 13 avril dernier. Trois ans après Dubaï, cette dernière met largement l’accent sur les nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle, au travers de la thématique de «la société du futur». Forcément intrigué par cette approche, Maddyness s’est donc envolé pour le Japon dans la foulée du Computex de Taïwan.

Ce qui frappe d’entrée de jeu, c’est cet immense anneau en bois qui encercle les pavillons de l’Expo universelle. Avec 2 kilomètres de circonférence et 20 mètres de hauteur, il s’agit tout simplement de la plus grande structure architecturale en bois du monde selon le Guinness des records ! On a pu la parcourir à pied et elle permet de prendre conscience de l’immensité du lieu où quelque 160 pays présentent leurs spécificités (culture, art, mode, gastronomie…) aux visiteurs majoritairement japonais. Ce foisonnement des différentes cultures du monde entier permet de donner vie à une mini-ville aux allures de réplique minimaliste de la planète.

IA, Smart City et santé de demain

Aller à l’Expo universelle d’Osaka, c’est voir une chanteuse indonésienne faire danser un Japonais bardé de caméras, découvrir un groupe de rock espagnol complètement déjanté, sentir les odeurs envoutantes du Cambodge ou encore découvrir les ambitions de la Malaisie pour concevoir des villes futuristes et connectées, la fameuse «Smart City», à commencer par la capitale Kuala Lumpur. Et justement, ce souhait de mettre en avant la ville de demain reposant sur d’innombrables technologies, dont évidemment l’intelligence artificielle pour automatiser pléthore de dispositifs publics, mais aussi le développement durable, la santé connectée ou encore les nouvelles formes de mobilité, on le retrouve sur de nombreux pavillons.

Dans ce cadre, la Belgique a par exemple opté pour une approche très immersive afin de mettre en lumière sa «Health and Biotech Valley». Avec une colonne d’eau spectaculaire pour accueillir les visiteurs puis une succession de salles avec des vidéos défendant l’expertise belge qui permet de «sauver des vies», nos voisins du Plat Pays ont sorti le grand jeu pour se montrer sour leur meilleur jour au Japon. Forte affluence également pour des pavillons comme celui du Qatar ou des Émirats arabes unis, les pays du Golfe ne manquant pas une opportunité de faire grandir leur «soft power». Ces derniers se montrent particulièrement actifs sur la scène internationale, notamment en matière d’intelligence artificielle où Abu Dhabi a d’ailleurs signé un contrat XXL avec Paris en marge du Sommet pour l’Action sur l’IA.

Sur le pavillon de la Malaisie, une approche futuriste de la ville de Kuala Lumpur est présentée.

Un pavillon français qui en impose

Dans cette Expo universelle justement, qu’en est-il du pavillon français ? Ce dernier a attisé la curiosité des Japonais. De notre côté, nous avons attendu 45 minutes sous le soleil de plomb d’Osaka pour rentrer à l’intérieur du bâtiment enveloppé dans d’immenses drapés blancs. Et disons-le franchement, nous avons été impressionnés ! Là où la majorité des pays se sont contentés de mettre le paquet sur l’architecture de leur pavillon, la France a également pris soin de proposer une vraie expérience immersive aux visiteurs.

Plusieurs salles du pavillon tricolore mettent une vrai claque, à l’image de celle aux effets visuels psychédéliques pour mettre en lumière des joyeux du patrimoine français que sont le Mont Saint-Michel et Notre-Dame de Paris. Une gargouille de la cathédrale parisienne a d’ailleurs fait le voyage jusqu’au Japon, de même que des statues de Rodin. Le vin français n’a pas été oublié avec une immense grappe de raisins suspendue au-dessus d’un immense écran arrondi pour mettre en avant les moments de convivialité qui font la réputation de notre pays.

Une tapisserie d’Aubusson dans le style du studio d’animation Ghibli est également représentée, de même que le luxe à la française incarné par LVMH dans une immense salle lumineuse remplie de coffrets du groupe de Bernard Arnault, doublée d’une autre dans le noir complet avec une sphère constituées de malles LVMH. Une autre salle immense est remplie de pièces de mode de collection disposées sur de très grands murs blancs dans le style du musée Dior à Paris. Effet garanti.

Bref, c’est un bon condensé du savoir-faire français (culture, art, mode, vin…) qui est offert aux visiteurs. La réponse à la promesse du thème du pavillon français, «l’hymne à l’amour», est parfaitement tenue. Fin mai, le million de visiteurs a été dépassé pour ce bout de France à Osaka, soit une moyenne de 25 000 entrées quotidiennes.

Le pavillon français a déjà attiré plus d'un million de visiteurs.

La démesure américaine et la résilience de l’Ukraine

En tout cas, le pavillon tricolore, de même que d’autres comme la Belgique ou la Croatie, n’ont pas hésité à utiliser des éléments immersifs, à base de mappings, de jeux de lumières, de couleurs et de sons, ainsi que d’autres éléments psychédéliques, à mi-chemin entre TeamLab Borderless à Tokyo et l’Atelier des Lumières à Paris. Une ode à la technologie pour se projeter vers l’avenir, faire rêver et faire la démonstration de sa puissance. Dans ce cadre, l’imposant pavillon américain, conçu sur le thème «America the Beautiful», était doté d’une apparence extérieure qui respirait le «Make America Great Again» de Donald Trump avec ses deux bâtiments triangulaires surplombés d’un cube réfléchissant et ses deux écrans vidéo projetant un immense drapeau américain et des vidéos mettant en avant les villes américaines. Si nous n’avons pas pu visiter ce pavillon, faute de temps, ceux qui ont eu la chance de le découvrir ont pu s’immerger dans le savoir-faire américain en matière d’innovation, notamment dans l’IA et l’espace avec une simulation de lancements de fusée s’enflammant au-dessus des visiteurs.

Dans une approche plus modeste, l’Ukraine, qui lutte encore aujourd’hui face à la Russie, a eu à cœur de défendre ses valeurs avec un slogan aussi simple qu’efficace «Not for sale» (pas à vendre). Le stand ukrainien a l’apparence d’un supermarché, avec des objets à scanner dans un magasin où rien n’est à vendre, si ce n’est la soif de liberté. En effet, chaque objet représente une valeur du peuple ukrainien (la liberté d’expression, la création, le droit aux soins…) qui est menacée par la guerre actuelle déclenchée par Vladimir Poutine. Une guerre où l’usage des technologies, notamment avec les drones, est en première ligne sur le front.

Le stand de l'Ukraine pour défendre les valeurs menacées par la guerre avec la Russie.

Tampons, lasers et drones

Si l’ambiance est bon enfant dans les allées de cette Expo universelle, on pourra cependant regretter les très longues files d’attente pour accéder à certains pavillons, comme celui des États-Unis ou de l’Italie. Il faut donc s’armer de patience ou se rendre dans les bâtiments qui accueillent plusieurs pays pour pleinement profiter de l’expérience. L’occasion de s’adonner au passe-temps favori des Japonais dans ce type d’événement : collectionner les tampons à l’effigie des pays dans un «passeport» ou un simple carnet. Il faut dire que les tampons Eki font partie de la tradition japonaise.

Présents dans de nombreuses gares japonaises, certains temples et la plupart des attractions touristiques, ils constituent une manière originale et gratuite de documenter ses aventures à travers l’archipel nippon. Ces tampons avaient d’ailleurs connu un véritablement engouement dans les années 1970 à l’occasion de l’Expo universelle d’Osaka. Il n’est donc pas étonnant de les retrouver dans le même événement cinq décennies plus tard.

En fin de journée, lorsque la nuit tombe, l’atmosphère change dans l’anneau de l’Expo universelle avec une tonalité davantage festive. Le clou du spectacle : un show son et lumière avec des murs d’eau et des lasers sur le bassin accueillant une immense arche. De quoi en mettre plein la vue aux visiteurs, avant que les drones ne s’envolent dans le ciel d’Osaka pour donner vie à des tableaux poétiques et terminer sur un message d’unité : «One world, one planet» (un monde, une planète).

Globalement, cette Expo universelle vaut le détour. Le fait de pouvoir «voyager» entre plusieurs continents en quelques pas est une expérience agréable, mais il faudrait au moins une dizaine de jours pour avoir le temps de tout faire.

La journée se termine avec un show son et lumière sur l'eau.

28 millions de visiteurs attendus

S’étalant sur six mois, l’événement fermera ses portes le 13 octobre prochain. Les organisateurs espèrent attirer 28 millions de visiteurs, qui auront la possibilité de croiser «Myaku-Myaku», la mascotte de l'Expo 2025. Il s’agit d’une intrigante créature souriante bleue et rouge ornée de cinq yeux globuleux, avec une queue arrondie portant un sixième œil. Pas la plus grande réussite de l’événement à nos yeux, mais les Japonais semblent l’apprécier.

L’occasion de rappeler que nous n’avons pas tous les mêmes goûts et couleurs, mais que cela n’empêche pas de se respecter et de vivre en harmonie sur cette planète. C’est ainsi un message d’unité, qui fait cruellement défaut dans le monde actuel, qui est envoyé depuis Osaka.

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L'Exposition universelle d'Osaka se déroule sur l’île artificielle de Yumeshima. Crédit : Maxence Fabrion/Maddyness.