Pour les opérateurs de satellites, la partie se joue évidemment au-dessus de nos têtes, mais pas seulement. En effet, pour exploiter leurs engins qui se baladent en orbite basse, ils ont besoin de stations au sol pour collecter les données émises par les satellites. Pour leur permettre d’accéder plus facilement à un réseau d’antennes au sol, la startup Skynopy a vu le jour il y a 18 mois.
Aujourd’hui, la société annonce un tour de table de 15 millions d’euros auprès d’Alven, d’Expansion, d’Omnes et du Cnes à travers le programme SpaceFounders. Heartcore, investisseur historique de Skynopy, a également participé à l’opération. Celle-ci intervient un an après une première levée de fonds de 3,1 millions d’euros.
Les stations au sol, «nouveau goulot d’étranglement» du spatial
Fondée par Antonin Hirsch et Pierre Bertrand, tous deux passés par les rangs de la société Loft Orbital, la jeune pousse française s’est lancée en octobre 2023 avec la promesse de devenir le «Airbnb de l’espace» pour rendre la connectivité des satellites aussi simple que celle de la téléphonie mobile. Pour cela, Skynopy a bâti un modèle consistant louer les antennes à leurs propriétaires quand elles ne sont pas utilisées pour créer un réseau de stations au sol, afin de collecter les données des satellites.
Aux yeux de Pierre Bertrand, co-fondateur et CEO de cet acteur tricolore du New Space, ces antennes au sol sont le dernier étape de la fusée à optimiser dans le spatial. «Dans le secteur, il y a trois piliers : les lanceurs, les satellites et les statuons au sol. Des acteurs comme SpaceX ont permis d’adresser les deux premières problématiques. Désormais, le nouveau goulot d’étranglement se situe au niveau des stations au sol. Trouver des antennes au sol pour télécharger les données peut coûter jusqu’à 40 % d’une mission avec un satellite», explique le dirigeant. Avant d’ajouter : «Les propriétaires d’antennes paraboliques ne les utilisent souvent que 40 à 60 % du temps. Donc l’enjeu est de faire rencontrer l’offre et la demande.»
En 18 mois, Skynopy, qui a notamment réalisé des tests avec Airbus, a ainsi développé un réseau de 18 stations au sol à travers le monde. La société implante non seulement ses propres antennes, mais elle intègre aussi des stations au sol tierces au travers de partenariats avec des acteurs comme AWS ou Kinéis. «En moins de deux ans, on a réussi à créer un réseau que nos concurrents ont mis 10 ans à bâtir», se réjouit Pierre Bertrand. «Quand on a commencé, je n’aurais pas pensé qu’on en serait là», ajoute le patron de l’entreprise.
Une levée bouclée en un mois
Pour amplifier sa bonne dynamique, Skynopy va donc pouvoir s’appuyer sur sa nouvelle levée de fonds de 15 millions d’euros. La société indique que l’opération a été bouclée en seulement un mois avec une enveloppe sursouscrite à l’arrivée. «C’est une course et si on n’accélère pas, nous allons rester à quai. Nous sommes sur une bonne trajectoire et nous ne sommes qu’au début d’une courbe d’inflexion», estime Pierre Bertrand.
Pas question donc de ralentir, et la société prévoit ainsi de capitaliser sur son nouveau tour de table pour étoffer ses équipes techniques et marketing, mais aussi pour accélérer la mise en œuvre de son projet «Akar», un réseau spatial unifié, haut débit et temps réel, prévu pour 2028. La startup, qui compte actuellement une quinzaine d’employés, indique également qu’un contrat avec un acteur clé du marché est en cours de finalisation et sera dévoilé dans les prochaines semaines. Skynopy espère disposer d’un réseau d’une centaine de stations au sol d’ici trois ou quatre ans.