Si le rôle du CFO a longtemps été cantonné à la gestion budgétaire, au contrôle et au reporting, à la prédiction des cashs flows, il est aujourd’hui en pleine transformation. L’intelligence artificielle bouscule tous les métiers et toutes les fonctions. Et le CFO et la finance n'échappent évidemment pas à cette révolution. Les cas d’usage se multiplient dans les entreprises : automatisation des reportings, analyse de données, simulation de scénarios, analyse prédictive, détection des fraudes. Alors, à quoi ressemblera le nouveau visage du CFO à l’ère de l’IA? Quel sera son rôle dans 5 ou 10 ans ? Et surtout, comment s’y préparer concrètement ?
Toutes ces questions ont fait l’objet d’une table ronde, le mardi 1er juillet, organisée par Maddyness et la scale-up américaine Navan, spécialiste des dépenses et notes de frais liées aux voyages professionnels avec plusieurs milliers de clients dans le monde. Elle réunissait Edouard Beaucourt, directeur Europe de Pigment, Zahir Abdelouhab, senior vice-president Europe de Navan et Éric Olombel, CFO Flowdesk, startup française de la cryptomonnaie. Ils ont pu confronter leur vision devant des dizaines de CFO et directeurs financiers présents dans la salle de conférence de l’hôtel Canopy, à Paris, dans le 16ème arrondissement.
Gagner du temps grâce à l’IA
« Il faut d’abord s’accorder sur ce que recouvre les termes d’intelligence artificielle. Les entreprises utilisent depuis très longtemps de l’intelligence artificielle, via notamment du machine learning. Ce qui change vraiment pour elles, c’est l’émergence de ChatGPT et de l’IA générative », a précisé d’emblée Edouard Beaucourt.
Les trois intervenants ont partagé aussi une conviction : l’IA ne remplacera pas le CFO. Celui-ci conservera sa place centrale dans l’entreprise. L’IA va uniquement améliorer et stimuler son rôle. « Nous nous éloignons du temps où le CFO passait son temps dans le grand livre de compte. Il vit désormais moins dans le passé que dans le futur et il devient un véritable business partner », note Zahir Abdelouhab.
L’IA permet au CFO de gagner du temps sur ses tâches répétitives, par exemple sur l’étude et le traitement de ses factures. Ce temps gagné lui permet de développer des compétences plus stratégiques comme déployer une meilleure compréhension du business, prendre des décisions plus efficaces ou réussir à allouer des budgets de manière totalement dynamique et en temps réel. Elle lui permet de se fabriquer des avantages compétitifs, par rapport à une personne qui ne l'utiliserait pas.
Navan affirme également avoir une longueur d’avance en matière d’IA, déclarant : « Nous sommes l’une des premières entreprises du secteur du voyage au monde à avoir intégré l’IA dans notre application », affirme Zahir Abdelouhab
Des freins à lever
Malgré les bienfaits qu’apporte l’IA au CFO, les trois experts ont reconnu que cette technologie comportait aussi des risques. « Le CFO ne doit jamais perdre la main au profit de l’IA. Il doit garder son esprit critique et ne pas prendre pour argent comptant ce que lui affirme l’IA. Il doit rester vigilant face aux hallucinations », alerte Eric Olombel.
Cette technologie doit aussi être comprise par tous les collaborateurs de l’entreprise et de l’équipe finance. « C’est un véritable processus de conduite du changement qu’il faut réussir à mener en interne », ont convenu les trois intervenants. D’où la nécessaire formation des salariés aux outils afin de les embarquer et les impliquer au mieux.
Au terme de cet échange de 45 minutes, de nombreuses questions de la salle ont été prises. Il a notamment été fait référence à l’importance de protéger ses données dans un environnement dit “souverain”. Le CFO est décidément au cœur des enjeux géopolitiques actuels !