L’ambition est claire : devenir un géant européen de la recharge électrique ultra-rapide et concurrencer Tesla sur ce segment. La scaleup Electra, qui conçoit et développe des stations de recharges pour véhicules électriques annonce un financement en dette de 433 millions d’euros pour continuer son implantation en Europe. Sur le montant total de ce prêt, 283 millions d’euros ont été contractés sous la forme de crédits fermes auxquels s’ajoute une ligne optionnelle de 150 millions d’euros. “Cette opération confirme la solidité de notre modèle et notre capacité à exécuter rapidement et efficacement. Nous avons levé un montant supérieur à nos attentes initiales, ce qui nous permet de financer le déploiement de notre plan à horizon 2030”, souligne Elise Erbs, CIO d’Electra.
Ces prêts ont été réalisés auprès de grands acteurs financiers européens, tels que Société Générale, ING ou Bpifrance. Avec cette nouvelle annonce, la startup tricolore, fondée par Julien Belliato et Aurélien de Meaux, vient de dépasser la barre du milliard d'euros financé. Depuis sa création en 2021, Electra a levé 600 millions d’euros en fonds propres, dont plus de 300 millions d'euros l'année dernière, et contracté pour 130 millions d’euros d’emprunts. Elle réalise aujourd’hui 70 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Se consolider en Europe
“Ce financement constitue une étape clé et permet à Electra de continuer à étendre rapidement son réseau en Europe, à consolider le marché et, en définitive, à accélérer l’adoption de la mobilité électrique à l’échelle du continent”, précise Aurélien de Meaux, le CEO et cofondateur d’Electra. Pour grandir, Electra doit massivement investir dans ses infrastructures. Une station lui coûte environ 500 000 euros. Avec ces 433 millions d’euros, elle va pouvoir en installer 800 nouvelles dans les 9 pays européens sur lesquels elle opère. Electra en compte aujourd’hui plus de 500 et vise les 2200 d’ici 2030. Ces installations devraient intervenir dans des milieux urbains ainsi que le long des grands axes routiers du continent.
De plus, la startup mise sur ces nouveaux investissements pour améliorer son application et permettre à ses utilisateurs de contrôler tous les aspects de leurs recharges depuis leur téléphone. En développant des planificateurs d’itinéraires — censés indiquer les bornes de recharge à proximité — ou un service client disponible à tout moment et en tout lieu, la startup veut lever les dernières réticences des consommateurs à l’égard des véhicules électriques.
Enfin, avec cette nouvelle enveloppe, l’entreprise souhaite développer l'efficacité de ses stations et points de charge. Ainsi, chaque site devrait devenir un hub nouvelle génération, permettant l’optimisation de la gestion du réseau électrique en le raccordant principalement à des panneaux solaires et en stockant l’énergie récoltée grâce à des batteries. Des innovations qui devraient permettre une utilisation plus optimale de l’énergie récoltée, même lorsque le nombre d’utilisateurs augmentera..
Un environnement politique et économique instable
A première vue, la startup évolue dans un contexte politique et économique plutôt favorable. L’interdiction des voitures thermiques neuves dans l’Union Européenne en 2035 doit permettre à la startup et au marché de l’électrique d'accélérer. D'autant plus que les ventes de voitures électriques en Europe se portent plutôt bien depuis ces dernières années. Au mois d’avril, le nombre d’immatriculations de véhicules électriques a bondi de 26% en Europe par rapport au mois précédent.
Mais ce constat en apparence encourageant doit être nuancé. En effet, la commission européenne a commencé à assouplir sa position sur la fin du thermique. Elle a ainsi accepté de se remettre autour de la table avec les constructeurs automobiles européens cette année, au lieu de l’année prochaine comme initialement prévu, pour rediscuter de cette interdiction. De plus, les constructeurs et lobbys automobiles européens mettent de plus en plus la pression pour remettre en cause cette règle. BMW, Mercedes ou l'équipementier français OPmobility (ex-Plastic Omnium) ont par exemple demandé ces derniers jours une remise à plat de l'objectif zéro émission 2035 de l’Union Européenne. Enfin, l’élection de Donald Trump aux États-Unis en novembre dernier, ouvertement “climato-sceptique” accentue encore plus cette fragilité du marché électrique. Toutefois, et malgré ce contexte incertain, Electra se veut résiliente. La startup prévoit d'atteindre la rentabilité d'ici 18 mois.