L’éclaircie du deuxième semestre 2024 n’aura été que de courte durée. C’est la tendance qui se dégage en ce début de deuxième semestre pour les acteurs du crowdfunding. Malgré avoir atteint puis dépassé la barre symbolique de 10 milliards d’euros collectés depuis 2015, le financement participatif déchante depuis plusieurs mois.

 

Le crowdfunding en baisse en 2024

Cette diminution s’explique notamment par la perte d’attrait pour le crowdfunding immobilier, qui a vu son volume chuter drastiquement pour atteindre un niveau historiquement bas de 294,3 millions en prêts rémunérés et 1,05 milliard en obligations. Une chute qui peut trouver sa source dans un contexte économique toujours plus morose et une situation politique de plus en plus instable depuis plusieurs années. “La guerre en Ukraine, la dissolution de l'Assemblée, l'instabilité fiscale et géopolitique mondiale expliquent ce contexte macroéconomique peu réjouissant”, commente Benjamin Wattinne, CEO et cofondateur de SoWefund.

Une baisse qui se répercute sur l'ensemble des secteurs du crowdfunding, à l’exception du financement en don. Ainsi, 160,000 projets ont pu être financés via donation, dont une large majorité d'initiatives culturelles et sociétales. En atteste la levée de “Décarbonons la France”, l’initiative du think tank The Shift Project, qui a levé plus de 4 millions d’euros sur la plateforme Ulule.

 

Un marché du crowdfunding en plein chamboulement 

“Le capital-risque, qui finançait autrefois la croissance à tout prix, a changé de paradigme : le retournement du marché a durci l’accès aux financements” , poursuit Benjamin Wattinne. Si bien que de plus en plus d’entreprises qui avaient eu recours au financement participatif pour se structurer doivent désormais trouver d’autres solutions pour se maintenir à flot. “On vient surtout financer des entreprises qui maîtrisent l'équilibre croissance-rentabilité.”

Le patron reprend : “Les investisseurs privilégient désormais des entreprises capables de conjuguer croissance maîtrisée et rentabilité.” Mais ce basculement de marché nuit également aux DNVB et autres marketplaces depuis plus d’un an maintenant. Un marché de plus en plus saturé, qui peine à se renouveler, si bien que les initiatives de financement trouvent de moins en moins grâce aux yeux des investisseurs.

 

A quoi s’attendre pour le crowdfunding dans la tech ? 

Si le financement participatif recule fortement sur les secteurs qui ont fait son succès, il permet l’apparition de nouveaux acteurs. Actuellement, ce sont les startups de l’IA et de la défense qui ont la cote sur le marché. Même son de cloche côté deeptechs, fintechs et agritechs qui ont le vent en poupe ces derniers mois, en témoigne le tour de table de Yacon.  L'entreprise qui développe des alternatives au sucre à faible glycémie, a réussi à lever près de 3 millions d’euros, dont 2 millions d’euros en financement participatif chez SoWefund. C’est à ce jour le plus gros ticket de ce premier semestre pour la plateforme d’investissement participatif créée en 2014. “Les conditions d’investissement se durcissent, et nous sommes plus attentifs dans nos prises de décision. Mais cette rigueur accrue pourrait aussi signaler un assainissement progressif du marché”

 

“Le volume de dossiers reste stable sur la plateforme, même si les montants collectés sont légèrement en retrait.” C’est pourquoi de plus en plus d’entreprises avec le statut JEI (Jeune Entreprise Innovante) ou JEIR (Jeune Entreprise Innovante de Rupture) sont plébiscitées par les fonds ainsi que par les particuliers cherchant à investir. La raison ? Ce sont des entreprises avec un fort taux de rendement potentiel du fait de leur jeune activité, mais elles constituent également une opportunité fiscale pour les investisseurs. L’investisseur bénéficie d’une diminution de son impôt sur le revenu équivalente à 30 à 50% de la somme investie, selon le statut de l’entreprise. Des entreprises qui pourraient donc constituer le cœur des investissements du deuxième semestre de cette année.