Elle avait débarqué dans le French Tech 120 en 2022, avec une réputation pour le moins sulfureuse. La plateforme lyonnaise MYM, spécialisée dans la diffusion de contenu via abonnement, qui héberge une majorité de contenus érotique annonce un partenariat avec une autre startup française, Finovox, spécialisée dans la fraude documentaire. L’objectif étant de renforcer la fiabilité de ses contrôles d’identité afin d'encadrer davantage l’accès à ces plateformes.

Les utilisateurs sont déjà tenus de justifier leur majorité avant d’accéder à la plateforme en fournissant une pièce d’identité en plus d’un selfie. Désormais ces données seront analysées par Finovox grâce à une technologie basée sur l’IA et sur le processus KYC : une technologie censée repérer des incohérences indétectables, à l'œil nu, et permettant un blocage d’accès immédiat à tout usurpateur. 

 

Un partenariat noué dans une période stratégique 

“Nous sommes très attachés à la protection des mineurs”, commente Gaspard Hafner, un des fondateurs de MYM. “Ce partenariat avec Finovox nous permet de la garantir de manière concrète et fiable, grâce à une technologie française performante et parfaitement adaptée à nos besoins. Nous sommes fiers de nous doter d’une solution qui va au-delà de la simple vérification de l’âge.” Si la promesse de cette plateforme était initialement de pouvoir suivre des contenus exclusifs créés par des personnalités tels que des influenceurs ou des sportifs, elle a peu à peu évolué. C’est durant la période du Covid que la société créée par Pierre Garonnaire et Gaspard Hafner a pris une tournure de diffuseur de contenus pour adultes.

Un nouveau partenariat annoncé dans un moment stratégique alors que de nombreux scandales ont frappé les plateformes de diffusions de contenus pornographiques, dont MYM. L’Arcom, ainsi que le gouvernement, mènent actuellement une campagne de protection des mineurs face à la diffusion massive de contenus pornographiques, accessibles en ligne, sans vérification intensive. Le Conseil d’État a d’ailleurs ratifié, en juillet dernier, la validité de la proposition de loi du 30 juillet 2020. 

 

MYM mise sur la conformité face à la concurrence

Cette législation, renforcée en 2024, impose aux sites pornographiques de vérifier l’âge de leurs visiteurs pour empêcher l’accès des mineurs, sous peine de sanctions ou de blocage par le gendarme de l’audiovisuel. Une décision que la ministre de l’Intelligence Artificielle et du Numérique, Clara Chappaz n’avait pas manqué de saluer sur Linkedin, en rappelant que près de deux millions de mineurs consultent chaque mois des sites pornographiques en France.

Pour l’heure, MYM déclare que ce partenariat constitue un “avantage majeur” sur ses concurrents puisqu’il lui permet de poursuivre son activité là où d’autres plateformes ont suspendu la leur face aux exigences françaises. Néanmoins, si ces dispositions devraient permettre d’écarter les utilisateurs mineurs, on peut se demander si cette nouvelle technologie s'étendra ensuite aux créateurs ou créatrices de contenus mineur·e·s et diffusant leurs contenus. Un sujet sur lequel la plateforme lyonnaise est régulièrement mise en cause.