Biarritz a le vent en poupe dans la tech du sud-ouest. A tel point qu’une houle cyclonique, très spectaculaire et surtout rare pour la saison, a fait irruption a sur la Côte basque en début de semaine. Sans doute un effet Shaka Biarritz ?

L’événement, connu au départ sous l’appellation «NFT Biarritz» (alors en concurrence directe avec Surfin’ Bitcoin), est revenu cette année pour une quatrième édition du 25 au 27 août, avec un accent prononcé pour l’intelligence artificielle sans renoncer pour autant à son ADN initial centré sur les cryptomonnaies. Derrière ce projet, on retrouve Franck et Damien Dupont, un duo survitaminé qui ne manque pas d’idées pour proposer un format «chill» afin de contrer la déprime de la rentrée.

D’ailleurs, l’événement démarre lui-même en douceur le lundi avec une cérémonie d’ouverture atypique où l’on peut voir un concours improvisé de pompes, une reprise de la chanson «Aux Champs-Élysées» de Mike Brant, rebaptisée pour l’occasion «Bienvenue au Shaka», une IA prendre temporairement le contrôle de l’événement, ou encore une bataille de prompts pour créer une œuvre mettant en avant un Napoléon heureux ou même un ornithorynque plongé dans la vie humaine du XXe siècle. Et bien sûr, une bonne soirée a lancé les hostilités, qui se sont poursuivies assez tard pour certains oiseaux de nuit !

«Parler à une IA, est-ce tromper ?»

Le deuxième jour constitue le cœur du Shaka avec des talks, des workshops et des keynotes pour sensibiliser aux enjeux de l’IA, de la cybersécurité et des cryptomonnaies. Le tout dans le cadre lumineux du Connecteur, «mini-Station F» biarrot initié par le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne. Si l’ambiance était décontractée, comme en témoignait la tenue des participants (chemises hawaïennes, polos et t-shirts avaient remplacé le costume et autres tenues conventionnelles professionnelles, le ton de la plupart des sessions proposées se voulait volontairement provocateur. Voyez plutôt : «Les prochains infleunceurs seront des IA» ; «Un agent IA va remplacer tes salariés ?»…

Mention spéciale pour le talk «Tu tomberas amoureux d’une IA» ! L’intitulé avait tout du casse-gueule idéal, mais la conversation entre Nicolas Guyon, dont vous pouvez retrouver le podcast «Comptoir IA» sur Maddyness, Julie Vanderchmitt, consultante qui a œuvré pour Paris 2024, et Alexandre Stopnicki, sorte de professeur Tournesol déjanté expert de l’IA, s’est avérée passionnante à l’arrivée. Avec de vrais points clés soulevés, comme la possibilité que les enfants découvrent bientôt l’amour par le prisme de l’IA (plutôt flippant), ou une interrogation qui n’est plus aussi anecdotique : «Parler à une IA, est-ce tromper ?»

La scène principale transformée en studio podcast tout au long de la journée

Plutôt que de proposer un format classique de tables rondes, Shaka a misé cette année sur un format original de type podcast baptisé «Shaka Live». Ainsi, la scène principale (Auditorium) faisait office de studio durant toute la journée, où les podcasts s’enchaînaient toute la journée devant le public. Un pari osé mais plutôt convaincant. Car même si la salle était souvent clairsemée, les participants du Shaka se déplaçant au gré des sessions qui les intéressaient, les intervenants étaient plongés dans leur bulle de podcast live.

Ce format a notamment bien fonctionné pour la session «Success Story : Investir Like A Boss» avec Hervé Bloch, fondateur des BigBoss, et Francis Lelong, co-fondateur de Sarenza et d’Alegria.group. Et pour cause, les deux entrepreneurs ont joué le jeu en partageant des anecdotes drôles et pertinentes sur leur parcours. Petit bémol, le format podcast isole un peu les invités du public. Mais Hadrien Peyron, alias Marty (couteau-suisse déjanté de l’équipe Shaka qui sait aussi bien jouer de la guitare que faire des claquettes en baskets), a tout de même décidé de casser les codes en interagissant avec l’audience.

Merci Paulo ira au CES de Las Vegas

La journée s’est achevée avec le concours de startups du Shaka mettant aux prises quatre entrepreneurs. Format court : 1 minute 30 de pitch, puis 1 minute pour chaque question du jury (Francis Lelong, Hervé Bloch, Sylvain Théveniaud, Neela Tibayrenc…). Avant de se jeter à l’eau, les entrepreneurs ont pu se préparer au travers de 5h30 de coaching pour travailler leur discours et améliorer leur posture.

A l’arrivée, c’est Nicolas Ziegler, co-fondateur de Merci Paulo, jeune pousse spécialisée dans la pièce détachée de voiture, qui l’a emporté. Il décroche ainsi un ticket pour aller pitcher au CES de Las Vegas en janvier prochain. «C’est une belle reconnaissance pour nous et nous avons hâte de rejoindre la délégation française à Las Vegas ! C’est l’occasion pour nous de pouvoir grandir vite et loin», se réjouit l’entrepreneur originaire de Mulhouse. Un entrepreneur en herbe, Matthieu Lumet, a également été récompensé avec le prix du jury pour son projet original GreenBuddy, visant à échanger avec les plantes.

Biarritz est aussi une fête

Après ce temps fort, qui avait démarré par une session de running ou du yoga pour certains, c’est sur une note festive que s’est conclue la journée, d’abord avec un lâcher de ballons de plage sur les participants du Shaka au Connecteur, puis des soirées sponsorisées par des acteurs des cryptomonnaies comme Crypto.com et Solana. Rooftop sur la plage pour certains, pool party dans une villa prestigieuse pour d’autres… et virée dans le centre de Biarritz tard dans la nuit pour les plus téméraires ! Quoi de plus logique dans une région habituée aux ferias et aux peñas ?

Ce Shaka 2025 s’est achevé le mercredi avec une journée sportive. Yoga, marche rapide, padel et surf étaient au programme ! L’occasion de s’oxygéner l’esprit et de se dépasser avant de retourner pour de bon au bureau. Et après une dernière soirée à Biarritz, les participants se sont quittés en se disant «A l’année prochaine !».

«On est loin du côté aseptisé des événements parisiens»

Ce cocktail tech, sport et soirées donne à certains l’envie de comparer le Shaka au South by Southwest (SXSW), événement annuel qui mêle business et culture à Austin (Texas de l’autre côté de l’Atlantique. «Ça me fait penser à SXSW, on est loin du côté aseptisé des événements parisiens», confirme Albin Serviant, entrepreneur dans les médias (I/O Media) et ambassadeur de la French Touch. Habitué aux événements de la tech à Paris et en Ile-de-France, le député Paul Midy avoue ne pas avoir trop hésité pour prendre part au Shaka : «Tech, Surf, Biarritz ? Je viens !»

Après cette 4e édition qui a rassemblé 2 000 participants, Shaka reviendra l’an prochain pour un nouvel opus. L’occasion de confirmer sa montée en puissance et de continuer à faire souffler un vent de SXSW sur la Côte basque ? On observa cela avec attention !